Atelier de désintoxication de la langue de bois – Animé par Anthony Pouliquen – Evénement facebook

Samedi 19 mars 2016 de 14h à 18h au 42 rue des hauts pavés 44000 NANTES ( Arrêt de Tram 3 « Poitou »)

Pour y participer, réserver en envoyant un mail à universitepopulairenantes@gmail.com

 

Aujourd’hui les plans de licenciement dans les entreprises sont devenus des plans de sauvegarde de l’emploi, votre banquier se présente comme votre partenaire, la capitalisme s’appelle développement et l’exploitation, gestion des ressources humaines… A l’Université Populaire de Nantes, on souhaite appeler un chat, un chat et combattre ainsi cette nouvelle tyrannie du langage. Se désintoxiquer de la langue de bois, ça vous dit ? 

Dès les années 60, un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions plus de mots pour le désigner négativement. Aujourd’hui le langage positif a envahi nos existences et les mots du pouvoir (politique, économique, médiatique…) nous empêchent de nous livrer à une analyse critique du capitalisme. Le projet, le partenariat, le lien social sont autant de mots qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme même quand nous pensons naïvement le combattre…

Comment dès lors résister ?

C’est à ce défi qu’a tenté de répondre la coopérative d’éducation populaire le Pavé qui, en 2006, lassée des euphémismes et des mensonges du pouvoir, a lancé l’animation d’ateliers de désintoxication de la langue de bois en rappelant que « l’éducation populaire, c’est aussi se réapproprier un langage critique et inventer des modes de résistance au langage positif ». Franck Lepage, l’un des animateurs de ces ateliers, est catégorique : « ces mots, il faut les combattre, parce qu’ils ne sont pas inoffensifs. Ils constituent même le nouveau visage du fascisme si on veut bien comprendre le fascisme comme l’élimination de la contradiction. Ils modifient profondément notre réalité et nous font penser différemment ».

Êtes- ­vous défavorisé­e­s ou exploité­e­s ?

Depuis les années 1970, notre langage évolue, toujours au profit du pouvoir en place qui mène un travail considérable sur les mots. Des mots disparaissent (vous remarquerez qu’on ne parle plus d’exploitation, d’aliénation, de domination…), d’autres apparaissent, « avant tout, précise Lepage, parce que le langage est un enjeu de lutte et de rapport de force entre classes dominantes et dominée. Avant, les pauvres, on les appelait les exploités. Aujourd’hui, ce sont des défavorisés. Si bien que votre perception n’est pas la même suivant qu’on utilise l’un ou l’autre terme. Pourquoi ? Dans un cas, vous pouvez penser la situation de la personne non pas comme un état, mais comme un processus qui s’appelle l’exploitation, avec nécessairement un exploiteur quelque part. Dans l’autre cas, le pauvre, c’est simplement quelqu’un qui n’a pas eu de bol, parce que le processus de « défavorisation », ça n’existe pas, et les « défavorisateurs » non plus. C’est ce qui fait toute la différence.»

Des exemples comme celui­là il en existe des centaines que nous proposons, au cours d’un atelier de désintoxication de la langue de bois, de démasquer pour mieux les combattre. « Pour lutter efficacement contre un ennemi, il faut d’abord le connaître, savoir d’où il vient et comment il se manifeste », rappelle Franck Lepage. Il s’agira tout d’abord de répertorier les classifications de la langue de bois. Ensuite par petits groupes et à partir de jeux d’écriture et de jeux de discours, chacun pourra vérifier sa compétence à manier la langue de bois, l’enrichir jusqu’à l’ivresse mais aussi la débusquer des médias et la repousser des institutions. Le tout avec humour car à l’Université populaire nantaise, la rigolade est un acte de résistance…