En 1955, d’imposantes grèves insurrectionnelles des ouvriers métallurgistes éclatent à Nantes et à Saint-Nazaire. Plus tard, le cinéaste Jacques Demy en fera le cadre tragique du film « Une chambre en ville ».

À l’époque, le philosophe critique Cornélius Castoriadis s’enthousiasmait en ces termes : « Il n’y a aucune forme d’organisation plus autonome que quinze mille ouvriers agissant unanimement dans la rue. (…) En été 1955, les ouvriers entrent à nouveau en lutte sponta­nément ; mais ils ne se limitent plus à cela. À Nantes, à Saint-­Nazaire, en d’autres localités encore, ils ne sont pas simplement en grève, ni même ne se contentent d’occuper les locaux. Ils passent à l’attaque, appuient leurs revendications par une pression physique extraordinaire, manifestent dans les rues, se battent contre les C.R.S. Ils ne laissent pas non plus la direction de la lutte aux bureaucrates syndicaux (…) Nantes a fourni l’exemple [de] formes d’orga­nisation qui s’avèrent déjà les seules efficaces, et qui s’avéreront de plus en plus les seules possibles. »

(Cornélius Castoriadis, Les ouvriers face à la bureaucratie, revue « Socialisme ou Barbarie » n°18, janvier-mars 1956).

Mais un ouvrier nantais devait être tué par les balles de la police : un jeune homme de 24 ans, Jean Rigollet, ouvrier maçon.

Sa mort a donc eu lieu il y a soixante ans jour pour jour, le 19 août 1955. Nous ne l’oublions pas.