« Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés »  

un film documentaire de Rachid Oujdi (2014 / 52 minutes)

Ils s’appellent Abdallah, Ahmou, Mohamed, Ramdane, Salah, Sebti, Tahar. Ils sont venus d’Algérie entre 1951 et 1971, seuls, pour travailler en France, et prévoyaient, un jour, de repartir au pays. Les années se sont écoulées, ils sont maintenant retraités et ils sont toujours là. Pendant toutes ces décennies, ils ont vécu un pied ici, un pied là-bas. Ils ont eu une vie de-va-et-vient. Certains n’ont été que des « pères-mandats », d’autres regrettent de ne pas avoir vu grandir leurs enfants. Ces hommes n’ont pas fait de regroupement familial, pour différentes raisons, notamment parce qu’initialement, ils ne comptaient pas rester ici. Après toutes ces années passées en France, le retour fantasmé est devenu un « impossible rêve » pour deux raisons principales : l’une administrative quand ils perçoivent une maigre retraite, l’autre symbolique parce qu’ils ont vécu plus longtemps ici que là-bas. L’attachement au pays d’accueil est devenu plus fort que celui de la terre natale même si elle reste, parfois, idéalisée. Ils ont migré d’une rive à l’autre de la Méditerranée sans mesurer vraiment la rupture que cela allait provoquer. Pas complètement d’ici, plus vraiment de là-bas, après une vie professionnelle décousue, une vie familiale déchirée, ils viennent finir leurs vieux jours à Marseille, seuls. D’ici, le pays natal n’est pas loin, presque à l’horizon lointain. La nostalgie disparait peu à peu. Après l’exil et le déracinement, c’est la solitude qui berce les derniers jours de ces oubliés des 30 Glorieuses. Filmés avec douceur et tendresse, ces Chibanis sont à la fois lumineux et beaux, drôles et attachants.

Un film produit par Thierry Aflalou (Comic Strip Production)

Musiques : Mouss & Hakim « Origines Contrôlées »

http://oujdirachid.wix.com/chibanis