PROJECTION DU REPORTAGE

TOXIC SOMALIA: L’AUTRE PIRATERIE.

Connaissez-vous le Puntland ? C’est une région de l’ex Somalie à l’extrémité de la corne de l’Afrique, indépendante de fait après l’éclatement de l’État post-colonial somalien en 1991. Exclus du « concert des nations » les habitants du Puntland sont, au fil de leurs vicissitudes, rarement mentionnés dans les médias occidentaux… A tel point que, lorsque le tsunami de décembre 2004, ravagea les côtes de la région et déposa sur ses plages des centaines de fûts de déchets toxiques, ladite « communauté internationale » ignora complètement la détresse de la population côtière. Il a fallut l’apparition, l’année suivante, d’une piraterie locale très active, pour que la presse occidentale s’intéresse à cette terre.

Or ces nouveaux flibustiers sont, à l’origine, des pêcheurs spoliés de leur gagne-pain, car l’éclatement de l’État somalien a attiré d’autres prédateurs, autrement redoutables : flottes de pêche usant de méthodes industrielles illicites, mafias sous-traitant le «stockage» des déchets toxiques de l’Occident en les immergeant dans l’océan, dégazages, etc…

Ainsi ceux que l’Occident aime à qualifier de « pirates », justifiant par ce vocable l’envoi toujours plus massif de flottes de guerre dans cette région où transite 90% du commerce maritime mondial, sont considérés par la population locale comme des gardes-côtes. La mer est « vide », la population souffre de maladies « mystérieuses », de déformations congénitales, personne d’autre ne peut les défendre contre ceux qui pillent et empoisonnent leurs ressources.

Du 14 au 18 octobre, se déroulera au parlement de Bretagne, à Rennes, le procès en assises de trois somaliens capturés par l’armée française lors du raid lancé contre la prise d’otage du voilier le Tanit en 2009, ils sont poursuivis pour “détournement de navire, séquestration et détention arbitraire en bande organisée”. Rappelons que lors de cette opération l’armée française a tué deux somaliens ainsi que le skipper lorientais Florent Lemaçon. Chloé Lemaçon, a du bataillé longtemps pour que l’armée reconnaisse sa responsabilité dans la mort de son mari.

Aujourd’hui il est possible de déporter des somaliens à mille lieues de chez eux, de les faire croupir en geôle des années, avant de les traduire en justice. Par contre les procédures entamées à l’encontre des responsables du trafic illégal de déchets toxiques et radioactifs vers les côtes désolées du Tiers-monde ont toujours été interrompues malgré des dossiers à charge très bien fournis. Que ce soit ici ou là-bas qui sont véritablement les « pirates»?

 

AU PAPIER TIMBRE JEUDI 10 OCTOBRE A 20H30.

 

(bar librairie 39 rue d’Echange)