EXTRÊME DROITE ET ANTIFASCISME AUJOURD’HUI

Présentation de la conférence

L’extrême droite française a connu ces derniers années des bouleversements qui ont changé sa physionomie. Dans le même temps, les représentations du mouvement nationaliste n’ont pas vraiment évolué dans l’opinion : or, pour la combattre efficacement, il est nécessaire de bien connaître l’extrême droite, à la fois dans son évolution des dernières décennies et dans son état actuel, afin d’adapter la riposte antifasciste à la réalité.
D’abord, avec l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence du Front national, non seulement la question de la succession de Jean-Marie Le Pen (source de bien des spéculations au début des années 2000) mais par conséquent celle de son avenir ont été réglées : le FN a repris un second souffle, et la fille Le Pen, en le banalisant dans le paysage politique français, semble réussir là où son père avait (volontairement ?) échoué. Cela a été rendu possible d’une part en lui offrant un visage plus conformiste, mais aussi en élargissant son champ d’intervention au-delà des question de sécurité et d’immigration. Cette évolution du FN a signé la mort de l’antifascisme républicain, qui avait tout misé sur la mise à l’écart du FN, ce qu’on a appelé sa “diabolisation”, et amène de nouvelles questions : comment s’opposer à un parti qui soulève de moins en moins d’indignation ? Comment s’opposer à un parti qui tend à délaisser la pratique militante pour ne plus exister que dans les urnes ou sur Internet ? Comment réagir face à l’offensive frontiste sur des terrains où on ne l’attend pas ?
Ensuite, l’extrême droite radicale s’est elle aussi renouvelée. Les Identitaires, depuis maintenant bientôt dix ans, ont développé de nouvelles pratiques, basées sur la communication et le brouillage des lignes politiques : abandon d’une partie du folklore nationaliste traditionnel, “coups” médiatiques (soupe au cochon, apéros saucisson), alliances inattendues (Riposte laïque)… L’émergence à l’extrême droite de personnalités médiatiques et issues de la gauche (ou présentées comme telles), comme Dieudonné ou Alain Soral, porteuses d’un discours confus où “l’antimondialisme” sert de cache-sexe à l’antisémitisme, apporte elle aussi son lot de questions pour les antifascistes, et impose de repenser la lutte contre l’extrême droite, qui ne peut plus se contenter d’agiter le spectre du fascisme et du nazisme, et oblige à prendre en compte une certaine “modernité” d’une partie de l’extrême droite actuelle.
Enfin, ces dernières années, les agressions perpétrées par de groupuscules nationalistes violents se sont multipliées. En dépit d’une absence de discours politique lisible, leur vitalité (au moins un groupe nouveau apparaît chaque année) et leur structuration autour d’une des figures du milieu nationaliste radical des années 1980, Serge “Batskin” Ayoub, doit non seulement nous inquiéter, mais aussi nous interroger : comment  expliquer le succès (relatif) de ce mouvement dans les petites villes et en milieu rural ? Comment organiser l’autodéfense antifasciste et rompre avec la logique de peur sur laquelle ces groupes prospèrent ?
À travers un diaporama qui, après un rapide balayage de l’histoire de l’extrême droite française depuis la création du Front national en 1972, présente en images l’état actuel de ses différentes tendances, nous vous invitons, en connaissance de cause, à débattre ensemble de la riposte antifasciste à mettre en place pour enrayer la progression d’un mouvement qui semble, malheureusement, avoir ces temps-ci le vent en poupe.