Société du fichage, de la surveillance et dérives sécuritaires ?

Fichage généralisé…

Le gouvernement a décrété une autre version tout autant inacceptable
d’« EDVIGE » avec la mise en place de deux nouveaux fichiers dont un « des
personnes dont l’activité… indique qu’elles peuvent porter atteinte à la
sécurité publique ». On y trouve toujours les opinions philosophiques,
politiques ou religieuses et l’appartenance syndicale, l’origine «
géographique » et le fichage possible des enfants dès 13 ans.

Administrations, police, services sociaux, collectivités territoriales…
les fichiers se multiplient, les interconnexions aussi.

Plus d’un million de personnes sont désormais dans le fichier FNAEG des
ADN. Les prélèvements peuvent être opérés sur les condamnés ou les «
suspects » : faucheurs d’OGM, opposants aux carottages pour le projet
d’aéroport à Notre Dame des Landes, jeune qui tente de mettre le feu à une
poubelle, jeune mineur qui fait éclater quelques pétards sur le rebord
d’une fenêtre d’un collège… Celles et ceux qui refusent de se soumettre
au prélèvement risquent un an de prison et 15 000 € d’amende.

Surveillance généralisée…

Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a exprimé de nombreuses réserves
à propos du fichier « base-élèves ». Pour autant, les enseignants qui le
refusent continuent à être sanctionnés. Et les parents doivent déposer
plainte pour obtenir de ne pas être dépossédés de leur droit d’opposition
à l’immatriculation forcée de leur enfant.

Mécanique exponentielle des fichiers, à alimenter parce que « ça peut
toujours servir ». Et, ils veulent tripler le nombre de caméras de
vidéosurveillance, rebaptisée « vidéo-protection », y compris dans les
établissements scolaires. La vidéosurveillance est pourtant inefficace
puisqu’elle ne fait que déplacer le problème.

Dérives sécuritaires et politique de la peur…

Le côté immatériel des fichiers, la « confiance » dans la technologie, les
dogmes du « zéro défaut » et de la « tolérance zéro » contribuent à
l’acceptation du fichage.

Prenons garde à une instrumentalisation sécuritaire des progrès
technologiques, au traçage de nos puces électroniques, au stockage des
données biologiques…

Au fond, nous basculons du principe de la présomption d’innocence à la
logique du «tous suspects ».

Nous assistons en même temps à une atteinte insidieuse au droit de
manifester et à la liberté d’expression : arrestations après des
manifestations, répression de celles-ci et utilisation du flash-ball…

Ils veulent normaliser les comportements.
Au nom de la peur – peur des étrangers, des malades mentaux, des
pédophiles, des jeunes, des pauvres… – chacun d’entre nous est sommé de
contribuer à une société de la surveillance généralisée, du chacun pour
soi, du fichage et du soupçon, du tous contre tous.

Défendons nos libertés !

A la politique du tout répressif et de la délation, nous opposons la
prévention.

Nous refusons la gestion policière de l’ordre social comme l’explosion des
gardes à vue.

Nous refusons la conception d’une société où il n’y aurait plus de problèmes
collectifs mais seulement des personnes qui posent problèmes.

Nous y opposons une conception responsable, citoyenne et collective et la
satisfaction de l’exigence sociale.