CQFD est en kiosque cherchez bien…
L¹ABONNEMENT OU L¹ABANDON
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Après cinq ans de critique sociale acharnée, les joyeux galériens de CQFD ont atteint les limites de l¹abnégation. Maintenant, faut du pognon ! Sans banque ni pub, une seule solution : 2 000 abonnés supplémentaires.

FLÛTE, Y A PLUS DE BIÈREŠ Fin août, nous débarquons dans les locaux du journal la tête pleine du souvenir du sable qui nous chatouille encore les arpions, nous ouvrons le frigo etŠ y a plus de bière. À peine un fragment de fromage fossilisé datant, à vue de nez, du bouclage de juillet. C¹est la rentrée, il faut aller fissa au ravitaillement et p¹têt¹ bien racheter un frigo propre. Nous jetons un oeil sur le courrier accumulé : quelques réabonnements, des factures, un relevé de compteŠ Nous ouvrons la missive de La Poste d¹un air faussement détaché pour découvrir, horreur, que le chiffre en bas à droite est presque aussi sec que nos gosiers !
C¹est la mousse qui fait déborder le vase. Dans ce foutu canard, nous n¹avons pas un seul vrai salarié, la cheville ouvrière empoche à peine quelques cacahuètes occasionnelles, nous nous usons sur des écrans aussi efficaces qu¹une séance d¹UV pour te griller les mirettes, nous peignons des cages d¹escalier pour épargner nos finances, les dessinateurs gribouillent pour la gloire, les rédacteurs collectionnent les queues de cerise, et y a pas un kopeck pour acheter un pack !
CQFD, nous le tenons à bout de bras ­ et de foie ­ depuis plus de cinq ans. Onze mois par an à faire vivre ce journal avec les moyens du bord, soit un peu de votre oseille et beaucoup de notre huile de coude. Comme dit le Méhu à chaque fois qu¹il se radine pour siroter un canon en nous regardant trimer : « J¹ai jamais vu des chômeurs bosser autant ! » Seulement voilàŠ Depuis quelques mois, quand l¹un d¹entre nous évoque un éventuel sabordage, plus personne ne répond : « Arrête tes conneries ! Passe-moi plutôt l¹clacos pour finir mon godetŠ »
Pourtant, les raisons qui nous ont poussés à créer CQFD sont toujours d¹actualité. En 2003, les bandits au pouvoir n¹étaient pas vraiment complexés et leurs opposants les plus en vue aussi exaltants que des endives pataugeant dans la béchamel. Cinq ans plus tard, il est vital de continuer à se serrer les coudes. Notre chien rouge désire rester une erreur dans leur système comptable, à ronger le trognon de la droite bling-bling comme de la gauche en toc, gronder au mollet des fanatiques du boulot et des hallucinés de la négociation bidon, sans oublier de courser la bave aux lèvres les faux impertinents et les rebelles de plateaux téléŠ Mais plus dans les mêmes conditions.
Vous êtes cinq mille à acheter CQFD, dont deux mille abonnés. Nous savons pertinemment que vous ne rechignez pas à gonfler vos chèques de quelques euros de soutien. Nous savons aussi qu¹autocollants et affiches ornent les murs de vos contrées. Nous vous remercions chaleureusement de votre complicité, sans laquelle nous n¹aurions pu tenir.
Mais si vous souhaitez que l¹aventure mensuelle se poursuive, il est impératif que vous soyez deux fois plus nombreux à acheter ce canard. Nous devons engranger de toute urgence deux mille abonnés supplémentaires. Attention, il ne s¹agit pas de convertir les ventes en kiosque en abonnement, mais bien de dégoter deux mille nouveaux lecteurs d¹ici novembre. Alors débrouillez-vous, cessez de faire circuler votre CQFD, usez de persuasion, de vos charmes, de menaces,mais obligez vos mémés, voisines, amis et ennemis à glisser une piécette dans la gamelle du clebs rouge.
Il a soif.

L¹équipe de CQFD

Article publié dans CQFD n°59, septembre 2008.