Appel à un cortège Queers For Palestine au sein de la Pride de Nantes le samedi 8 juin.

RDV 15H en haut des marches du Cours Saint Pierre.

Il est hors de question que nos identités soient instrumentalisées pour justifier un génocide.

Nous exigeons le cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, la fin du régime d’apartheid, la libération des prisonnier.es palestinien.nes. Nous exigeons la libération de la Palestine.

Lutter pour l’autodétermination et la dignité des personnes rejoint la lutte pour l’autodétermination des peuples colonisés partout dans le monde. Lutter pour la libération de la Palestine implique de lutter pour la libération de toustes.

Faisons front uni face à la montée du fascisme.

Faisons de la Pride ce pourquoi elle est née : revendiquons le droit à l’autodétermination, à la liberté, à la joie, à la dignité et à la sécurité pour toustes.

On se voit samedi, venez avec vos drapeaux, votre keffieh et vos pancartes !

Nous vous proposons de laisser la parole aux personnes queer et palestiniennes : vous pouvez lire dans ce post un texte écrit par @QueersinPalestine. Refusons l’invisibilisation des discours et les expériences des personnes concernées !

Pas de fierté dans un génocide ! Par QueersinPalestine

Vous avez probablement vu les images grotesques de soldats israéliens en liesse brandissant le drapeau des fiertés sur nos terres gazaouies brûlées […]. L’État d’Israël publie cyniquement sur son compte Twitter : « Le tout premier drapeau des fiertés hissé à Gaza », alors qu’il poursuit sa croisade génocidaire et sa campagne de propagande sioniste concomitante. Nous regardons ces images avec un immense sentiment de frustration et de dégoût, et nous voyons à travers leurs tactiques méprisables d’instrumentalisation de l’homophobie et de la violence vers les personnes queer à des fins coloniales. Les notes suivantes de Queers in Palestine expliquent ce que ces images tentent d’accomplir et ce qui sous-tend leur production :

1. La colonisation sioniste est anti-civilisationnelle

Les puissances coloniales et impériales ont longtemps utilisé leurs mensonges fabriqués de toutes pièces sur la « civilisation », les « droits » et la « démocratie » pour justifier leur pillage, leur domination militaire et leur accumulation capitaliste. C’est ce que nous apprennent les histoires de la colonisation européenne à travers Abya Yala, l’Asie, l’Afrique, l’île de la Tortue, Aotearoa et l’Australie. La colonisation sioniste de la Palestine n’est pas différente. Souvent, le prétexte de toutes ces invasions sanglantes est que le monde « civilisé » envahit les communautés racialisées pour apporter la culture, l’éducation et le libéralisme et les instiller dans des sociétés qu’il juge barbares, immorales et non civilisées. Les images du drapeau LGBT prétendent apporter des droits et des libertés à Gaza, mais sans ironie, le soldat se tient au-dessus des débris d’espoirs, de rêves et de restes humains des Palestinien.nes que lui-même et l’armée qu’il sert ont bombardés quelques instants auparavant. Le drapeau ne fait que réaffirmer le simulacre de la colonisation, de la mort, de la suprématie blanche et de la destruction.

2. Israël efface la queerness palestinienne

Les images du drapeau des fiertés israélien et de l’autre avec le texte « Au nom de l’amour » envoient un message clair : Israël n’autorisera pas la libération des personnes queer, à moins que ce ne soit par le biais de son projet génocidaire colonial. À cela, nous disons Non ! Nous, Palestinien.nes queer, avons un mouvement de libération vibrant et diversifié qui fait partie du mouvement anticolonial palestinien. Depuis des décennies, nous travaillons sans relâche à la création et au maintien d’un espace pour la vie queer palestinienne au sein de nos communautés et non pas en dépit d’elles. Nous sommes partout : dans les écoles, les rues, les prisons, les hôpitaux et en première ligne de chaque confrontation dans tous les coins de la Palestine, de la rivière à la mer. Nous travaillons pour une Palestine libérée du colonialisme, du patriarcat et de l’exploitation capitaliste.

3. L’opacité queer à l’heure de l’hypervisibilité

À une époque où les Palestinien.nes sont poursuivi.es sans procès, où les mouvements étudiants sont réprimés, où les étudiant.es des universités sont suspendu.es et détenu.es, et où la solidarité avec la Palestine et les Palestinien.nes en général est attaquée et criminalisée, la visibilité s’est révélée être une ligne de front de la résistance contre l’effacement des Palestinien.nes dans le monde entier. En Palestine, les appareils de surveillance israéliens traquent toute expression du droit à l’existence de la Palestine pour attaquer, incarcérer et assassiner des Palestinien.nes. Cette fixation excessive sur le manque supposé de visibilité queer palestinienne détourne l’attention de la campagne israélienne contre tous les Palestinien.nes – travailleur.euses, activistes, étudiant.es, féministes, personnes queers et autres. Israël et ses alliés décontextualisent dangereusement la violence subie par les personnes queers de ses racines coloniales historiques et la dissocient des impacts de la violence coloniale actuelle. Il s’agit d’une tentative de dépeindre la société palestinienne comme dangereuse pour les personnes queers afin de légitimer l’anéantissement de notre peuple et, par voie de conséquence, notre anéantissement en tant que personnes queers. Dans l’État policier et de surveillance israélien, la visibilité, l’opacité et l’invisibilité sont des tactiques de survie et de résistance que nous utilisons de manière interchangeable et qui ne sont pas toujours une question de choix. Aucun d’entre nous n’est à l’abri de la colonisation.

4. Ces images mettent en danger les personnes queer du monde entier

Le drapeau des fiertés est depuis longtemps détourné et homonationalisé. Il représente une compréhension étroite et limitée du genre et de la sexualité et exclut la myriade de sexualités présentes dans le monde colonisé. Cet homonationalisme rend les attitudes sexuelles et de genre des colonisé.es illisibles pour le regard libéral et nous oblige à parler un langage qui compromet nos expériences. Sous les régimes nationalistes et coloniaux, nos corps et nos sexualités seront toujours réglementés. Ce que le drapeau de la fierté représente aujourd’hui, ce sont des idéologies sexuelles commerciales, impérialistes et suprémacistes, ce qui nous met en danger, nous, les personnes queer. Ce projet homonationaliste entrave notre lutte contre la violence anti-Queer au sein de nos communautés, car nos identités et nos sexualités sont constamment détournées par les empires et les colonies qui nous ont détruits. Nous devons rejeter ces associations qui ne font que renforcer la queerphobie dans les sociétés colonisées, en particulier à l’heure actuelle dans les communautés arabes et musulmanes, où les soldats et les armées qui détruisent nos maisons et tuent nos parents, nos frères et sœurs, nos amis et nos enfants le font au nom des droits des LGBT.

5. Le colonialisme et l’empire sont hostiles à l’altérité

Dans le passé, les projets coloniaux ont cherché à éliminer tout système d’organisation du sexe et du genre qui ne correspondait pas au modèle patriarcal binaire européen homme-femme. C’est ce que nous apprennent la criminalisation des Hijra par les Britanniques en Asie du Sud, les efforts d’organisation sociale des Britanniques et des Français pour imposer un système binaire homme-femme en terre yoruba, ou les efforts des Portugais et des Espagnols pour éliminer les indigènes nord-américains « bi-spirituels » – toustes étant considéré.es comme des non-civilisé.es ayant besoin d’une civilisation extérieure. Ce fut également le cas en Palestine sous l’occupation militaire britannico-sioniste, où les relations entre personnes de même sexe et les autres pratiques de genre ont été criminalisées et diabolisées. Toutes les lois actuelles de Gaza qui criminalisent l’homosexualité sont en fait britanniques et soutenues par le sionisme. Il devient de plus en plus absurde que la rhétorique de la libération queer en Palestine ait été détournée par les sionistes et, pour les raisons les plus brutales, au service de l’anéantissement de la vie palestinienne et de la destruction de masse. Nous, queers palestinien.nes, positionnons notre mouvement de libération aux côtés des mouvements anticoloniaux et antiracistes au niveau mondial, et nous nous opposons fermement à toute tentative de détournement de nos mouvements ou d’exploitation de nos corps.

Au nom de l’amour révolutionnaire, un amour qui alimente notre lutte pour la libération et notre aspiration à la liberté, enraciné dans notre amour pour nos communautés et notre terre, nous vous disons qu’il n’y a pas de fierté dans le génocide, et qu’il n’y a pas de fierté dans le colonialisme de peuplement.

Notre fierté ne peut venir que d’une véritable libération pour toustes, pour nous et pour tous les peuples qui luttent dans le monde entier.