Aujourd’hui les porteurs du projet et leurs soutiens tirent de leur chapeau le chiffre de 52,4 millions soit un surcoût de 40% par rapport au 35 millions initialement prévues sans y apporter aucune explications plausibles. IIs ne disent rien en revanche du coût financier et environnemental de l’aménagement des abords, des frais d’entretien et de fonctionnement du manège, de la participation financière des entreprises privés dans un budget revu à ce point à la hausse. Il est d’ores et déjà certain que la facture dépassera et de beaucoup les 52,4 millions d’euros d’argent public annoncés ce 9 Juillet.

Mais la question pour nous n’est pas tant celle du coût que celle de la pertinence du projet. A rebours des discours répétitifs et auto-satisfaits sur l’excellence d’ une supposée « exception culturelle nantaise », l’arbre est en réalité l’objet totem d’un projet avant tout économique de renouvellement urbain d’un quartier anciennement industriel et ouvrier. La touristification du Bas-Chantenay, avec son arbre, son manège et ses animaux- machines, est d’abord le cheval de Troie de la densification à venir des vastes friches en bord de Loire livrées à la convoitise des spéculateurs. Dopée par la communication lourde, massive et enveloppante des promoteurs du projet la touristification est déjà une triste réalité et les habitant.es (ceux et celles qui peuvent rester) en constatent tous les jours les effets : hausse sans fin des prix de l’immobilier, raréfaction du logement locatif ordinaire au profit du logement touristique, uniformisation du paysage urbain

Mais au-delà du seul arbre, c’est le projet urbain nantais dans son ensemble qui, au regard de la grande crise sanitaire, économique, climatique, et démocratique que nous traversons apparaît aujourd’hui crûment dépassé, écologiquement insoutenable, hors d’âge et d’usages, étroitement confiné dans un imaginaire post-colonial et néolibéral borné par l’horizon bureaucratique, mal dissimulé sous le vocable passe-partout d’« imaginaire vernien ».

Initié il y a plus de trente ans, annoncé en 2016 pour ouvrir en 2020 puis en 2022 , repoussé une nouvelle fois à l’horizon 2027 voire 2031, l’arbre aux hérons est un vieux projet éreinté, à bout de souffle, plombé par son gigantisme et contesté de tous bords. Il est enfin temps de mettre un terme à l’acharnement aveugle de ses concepteurs et de leurs soutiens et d’abandonner le projet. » La Carriére Misery peut et doit redevenir ce qu’elle était, un commun »

La Commune de Chantenay , le 10 juillet 2021