150 ans de la fin de la Semaine Sanglante

Une manif était prévue de longue date, samedi 29 mai 2021, pour « commémorer » les 150 ans de la fin de la Semaine Sanglante.

Bon déjà, petit rappel pour que les choses soient claires : les commémorations, la martyrologie, la muséification des luttes, le culte des morts, c’est de la merde. Mais il faisait beau et Wikipédia rappelle que les rayons ultraviolets UVB du soleil permettent de synthétiser la vitamine D3 à partir 7-déshydrocholestérol donc ça peut pas faire de mal de se déconfiner un peu, hors de nos grottes.

Arrivés avenue de la République, premier constat : il y a beaucoup de monde. Deuxième constat, il y a vraiment beaucoup de vieux. On a rien spécialement contre les cheveux blancs mais, là, c’était limite inquiétant. Si la pyramide des âges de cette manif était représentative de la population, alors c’est sûr, c’est bientôt l’extinction. Plus sérieusement, la jeunesse avait visiblement mieux à faire qu’aller chanter au Père-Lachaise et prendre en photo la moindre banderole, pancarte ou costume d’époque et on peut la comprendre.

Exceptions notables, quelques cortèges un peu plus rafraîchissants : un en soutien aux exilés italiens et contre la vengeance d’État (on a décelé quelques insultes destinés aux keufs mais il va falloir travailler notre italien pour mieux les saisir la prochaine fois), un célébrant l’arrivée des zapatistes, et quelques cortèges disséminés, un peu plus énergiques avec le folklore CNT-FA-antifa et des slogans un peu pétés mais efficaces : « Macron, Thiers, même combat » et quelques chants contre les Versaillais. Et puis l’habituelle fanfare invisible était plutôt sympathique.

D’autres camarades nous rejoignent et se font les mêmes remarques : « elle est un peu chiante cette manif ». Ben oui, il fallait vraiment la prendre comme une ballade sous le soleil et rien de plus.

Assez vite, décision est prise de commencer l’apéro, les terrasses sont déjà bien remplies, il est 16h et le soleil tape bien.

 

 

C’était sans compter sur la contre-manif procession des cathos intégristes… Bien évidemment pas là pour commémorer les 15 000 fusillés ou disparus de la Semaine Sanglante mais les dizaines d’otages (religieux et gendarmes pour ceux de la rue Haxo) exécutés par les communards dans la stratégie de terre brûlée qui a clôturé la terrible répression. [1]

Oui, on en est là, c’est pas des conneries… des cathos intégristes organisent une procession en passant en plein dans le boulevard Ménilmontant, 150 ans, quasi jour pour jour, après la fin de la Semaine Sanglante. La préfecture de Police a dû se dire que c’était une bonne idée, elle, si apte à interdire les manifs ces dernières années, selon les bons vouloirs des princes au pouvoir.

 

 Personne évidemment dans le quartier (y compris nous) ne semblait au courant de cette procession contre-manif : les badauds, la population en terrasse, tout le monde semblait halluciné par ce triste spectacle. Il était impossible de ne pas réagir et de laisser se tenir une telle provocation. On a donc fait avec les moyens du bord : quelques jets de déchets, de poubelles. On les a copieusement insultés, sifflés, on leur a piqué quelques bannières de procession. On en a fait fuir certains. Quelques coups ont été échangés des deux côtés. On s’est mangé un peu de lacrymo dans la gueule, de la part d’un flic qui paniquait un peu et distribuait généreusement. La BRAV est intervenue. Elle a accompagné les cul-bénis qui tournaient du boulevard Ménilmontant vers la rue Ménilmontant.

 Un peu plus haut, la librairie le Monte-En-L’Air, qui accueillait Ludivine Bantigny ( autre trou du cul ) pour parler de la Commune, s’est retrouvée nassée par les flics pendant 1h.

 

Un autre groupe de manifestant.e.s, en soutien à la librairie a permis de faire arrêter cette honteuse procession qui ne visait qu’à la provocation. Apparemment le cortège des cathos intégristes aura dû faire demi-tour et n’aura pas pu aller jusqu’à Notre-Dame-des-Otages, rue Haxo.

 

Il est invraisemblable que l’extrême-droite prétende maintenant à une simple procession religieuse sans connotation politique. Décidément… Quelle mauvaise foi !

  • célébrer la mémoire de quelques dizaines de morts plutôt que celle des 15 000 autres parisien.ne.s massacré.e.s est un choix politique (dégueulasse évidemment) ;
  • cette célébration est une demande de l’extrême-droite qui ne date pas d’hier ;
  • l’extrême-droite ne supporte pas l’héritage que la commune de Paris a légué dans la mémoire du mouvement ouvrier et se livre, avec un certain succès, à une bataille des mémoires ;
  • l’extrême-droite catholique ne supporte particulièrement pas la séparation de l’église et de l’État de 1905 et et ne pardonne pas aux communard.e.s d’avoir décrété cette séparation (bien avant donc qu’elle ne soit appliquée).

Même sans être fan des commémorations et autre folklore militant, qu’un cortège de cathos intégristes puisse avoir l’idée de venir provoquer en plein Ménilmontant, pour les 150 ans de la Commune de Paris, est très inquiétant. Re-saisissons-nous et dégageons systématiquement tous ces connards.

 Aujourd’hui spécialement,

Vive la Commune, Aux chiottes toutes les religions.
Gloire à Satan, Nique les cul-bénits, les fafs et les Versaillais.

Des communistes athées

 Notes

[1] Notons à cette occasion que si le nombre de mort.e.s a initialement été surévalués, après les événements, il a peut-être ensuite été sous-évalué par les historiennes et historiens. 15000 est le chiffre donné par Michèle Audin dans un livre récent sorti chez Libertalia. Plus de détails ici

 

https://paris-luttes.info/vive-la-commune-aux-chiottes-15078