Comme le rappellent les élus des communes avoisinantes, le site du Carnet fait partie des premiers sites livrés clefs en main par Macron aux industriels en janvier 2020. Ces mesures du gouvernement qui visent à faciliter l’implantation des industriels, se font au détriment de l’environnement à coups de dérogations préfectorales : d’abord on court-circuite les législations en vigueur, on détruit au plus vite, on bétonne, et puis on réfléchit.

Alors que le territoire regorge de friches industrielles, au Carnet, on compte draguer la Loire, rejeter des quantités hors normes d’arsenic, détruire 116 espèces protégées, acheminer 500 000 m3 de remblais, bétonner 51 hectares de zones humides, pour aménager un parc dit “éco-technologique” régulièrement inondé dès 2030 (1).

Pourtant, à ce jour aucun investisseur ne s’est manifesté pour s’implanter au Carnet.

Alors que nous faisons face à la sixième extinction de masse du vivant (2) ainsi qu’au dérèglement climatique, l’obsession des industriels et de certains élus pour l’artificialisation des zones naturelles est absolument anachronique. Nous ne pouvons plus nous permettre d’artificialiser de nouveaux espaces.

Doit-on rappeler que ces élus qui s’insurgent de la présence d’une Zone à Défendre sur leur territoire, n’ont eu aucun scrupule à imposer un projet d’aménagement sur l’île du Carnet sans consulter, ni même informer leurs populations locales ? Les riverain.es sont pourtant les premier.es impacté.es par les conséquences du projet : afflux de 550 poids
lourds par jour autour de la zone industrielle, pollution accrue dans un estuaire déjà moribond, sans parler du peu d’emplois créés, emplois surqualifiés ou détachés.

C’est bien la mobilisation portée par de nombreux collectifs, associations, riverain.es, depuis plus d’un an maintenant, qui aura permis l’ouverture d’un débat public. L’occupation aura quant à elle, entamé un rapport de force suffisant pour questionner le projet du Grand Port Maritime : aujourd’hui, l’île du Carnet bénéficie d’un répit d’un an, par l’instauration d’un moratoire pour effectuer des relevés faunistiques et floristiques, suite à l’avis défavorable du Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel.

En revanche, ce délai d’un an est loin d’être assuré, car le Grand Port conserve toutes les autorisations nécessaires pour réaliser ses travaux d’aménagement. Par conséquent, tant que le projet ne sera pas abandonné complètement, la résistance sera nécessaire. Quoiqu’en pensent les élus, les habitant.es de la ZAD, dans toute leur diversité et leur pluralité, continueront d’occuper les lieux. Nous continuerons de nous battre pour préserver l’île du Carnet, et continuerons d’alerter sur les conséquences de l’industrialisation de l’estuaire de la Loire.

Cependant, nous comprenons que les riverain.es regardent l’arrivée de tant de nouveaux voisins et nouvelles voisines d’un œil sceptique. Nous invitons toutes les personnes se questionnant sur l’intérêt de la présence d’une ZAD, à venir en discuter avec nous, sur place ou lors des marchés et autres évènements que nous organisons, pour avancer vers une cohabitation paisible entre la ZAD et les riverain.es.

La lutte continue,
Nous sommes la Loire qui se défend?!

(1) https://stopcarnet.fr/le-projet-du-grand-port/les-risques-de-submersion/
(2) https://www.nationalgeographic.fr/environnement/la-sixieme-extinction-massive-deja-commence