Sur la question de la zad, indymedia n’est plus qu’un vecteur de propagation de haine et d’appel aux lynchages, sans plus aucun lien depuis longtemps avec la réalité (des personnes qui réparent l’électricité de leurs voisins se voient accuser de leur couper ou – mauvaise blague – de boucher leur évacuation d’eau avec de grosses pierres, d’autres qui dédient une part importante de leur vie à l’accueil des exilés et à la solidarité avec les plus fragiles sur le terrain se voient accusées d’être des fascistes chasseurs de pauvres, d’autres ou les mêmes qui redistribuent solidairement la plupart de ce qu’ils produisent se voient désignés comme des agro-capitalistes….on pourrait multiplier les exemples à l’infini ou presque) ni évidemment aucun soucis de vérification. On marche sur la tête mais c’est pas bien grave tant que ça mousse et que ça parle aux fantasmes et aux projections les plus binaires et les plus faussées avec lesquelles certains structurent ce qui fait ici office de pensée politique. Peu importe la réalité sur place, l’important est d’alimenter l’idée que ceux qui seraient restés sur la zad – avec certains cadres légaux pour sauver des lieux de vie mais aussi le maintien d’un processus de résistance collective pour continuer à construire autant d’autonomie, de capacité de lutte et de solidarité que possible dans ce monde de merde – seraient des brutes égoïstes et avides de profit.

Monter la tête des gens de cette manière sur une montagne de falsifications peut avoir des conséquences aussi sordides que dramatiques, au-delà d’alimenter le voyeurisme vomitif et le zadiste bashing sur internet. Et on ne parle pas seulement des « anarchistes pur et dur» qui se sentent alors dans leur bon droit de se présenter à la gendarmerie du coin sous x pour balancer sereinement leurs voisins, mais de ceux qui, galvanisés par ce flot de haine, se sentent aussi légitimes à les attaquer à coup de hache, entre autre. On peut jouer à la guerre et raconter aisément n’importe quoi sur les réseaux sociaux, faire passer une affirmation collective orale et calme pour une menace d’expulsion manu militari et de destruction de cabanes, ça remet trois sous dans la machine à fantasmes. Mais à force de l’alimenter et de se complaire à relayer les appels purificateurs au lynchage, au sabotage, à crâmer la zad et ses « traîtres » d’habitants, cette construction d’une figure diabolique pourrait malheureusement continuer à très mal finir dans la réalité. Les petits procureurs de canapé, derrière leur écran pourront toujours continuer à se défausser à ce moment là.

Puisqu’on en est aux grandes arnaques de l’histoire, il est évidemment de bon ton de cracher sur les « légalisateurs » tout en attendant toujours de pouvoir bénéficier de ce qu’ils nous offrent (que ce soit de la bouffe, un permis de construire, des outils, du bois, des réparations ou tout simplement le rapport de force collectif et la possibilité de pas se faire expulser…). Il est sans doute juste utile de rappeler que si le débat sur la vie au rosier peut avoir lieu aujourd’hui, que si l’ensemble des bâtiments et parcelles du Rosier continue d’exister à l’heure actuelle et n’a pas été expulsé et rasé au printemps 2018, si donc l’ensemble des habitants du Rosier peuvent en bénéficier et y trouver refuge, c’est bien parce certains ont déposé à l’époque un projet sur les parcelles agricoles qui a de fait protégé l’ensemble du site. Sinon ce serait pratique hein, comme y’aurait plus rien, on pourrait juste continuer à s’insulter par écrans interposés. c’est moins compliqué et ça fait moins mal.

Dans le même genre, ce que ceux qui tiennent tant à passer pour les « invendus de la zad » et à pouvoir cracher à tout va sur les « négociateurs collabos » ne disent jamais dans leurs pamphlets, c’est que si la grée est encore là aujourd’hui, c’est bien parce que certains de ses habitants ont déposé plusieurs fiches et projets en 2018. Pas plus qu’ils ne se vantent de leur récente tentative de pourparlers à la mairie de Vigneux pour essayer de conjurer le retour des menaces d’expulsion à force de répéter qu’en fait ils ne négocieraient jamais. A ce stade de torsion de soi-même et de mauvaise foi, on ne peut qu’être admiratif. En plus ce qui est bien avec internet c’est qu’on peut toujours continuer à tenter de profiter de l’image de marque du rebelle et des avantages de ceux qu’on désigne à la vindicte publique. Tant que ça fait exister un mythe ravageur et que ça fait des clics sur indymedia, le compte est bon….

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