Chez Walor-Legé, une entreprise métallurgique de la région nantaise, près de la moitié de la centaine de salarié.es ont déposé collectivement des dossiers aux prud’hommes pour obliger la direction à appliquer la convention collective. La section CGT, créée en 2005 et majoritaire au comité d’entreprise depuis 2015, en a fait son combat principal.

Les conditions de travail sont détestables : l’entreprise produit des pièces en série et les machines-outils génèrent un brouillard d’huile permanent, qui contient des substances cancérigènes et dépasse toutes les normes légales. Des solutions préconisées par le service de santé au travail ne sont pas appliquées. Le syndicat dénonce aussi le bruit intense dans les ateliers, au-delà de 85 dB, et la chaleur qui dépasse fréquemment les 40?°C.

 

De plus les horaires sont en 2 et 3 huit, et les salariés sont confrontés à des déplacements de charges lourdes, à des gestes répétitifs, trop souvent dans des postures contraignantes. Bref, les salarié.es devraient toucher la prime pour travaux pénibles, insalubres ou dangereux prévue par l’article 25 de la convention collective de la métallurgie de la Loire-Atlantique. La section CGT a lancé début 2018 le débat sur cette question. Première étape : une pétition a été signée par 82 salarié.es. Des négociations ont débuté, mais la direction les a rompues dès avril.

La section syndicale a ensuite organisé une réunion du personnel sur le temps de travail, et les salarié.es se sont prononcé.es pour déposer collectivement des dossiers aux prud’hommes. Une telle procédure, très lourde, a mis un peu de temps à se mettre en place mais, en décembre, la CGT de Walor a distribué aux salarié.es les formulaires à signer.

« ?Virer les négros? » du syndicat

La réponse de la direction ne s’est pas fait attendre. D’une part elle a multiplié les pressions, menaçant carrément de fermer le site si les dossiers étaient déposés. D’autre part, elle a incité un groupe identifié de salarié.es à l’« aider à virer les négros » du syndicat, instaurant un climat des plus malsains. Certains salariés originaires d’Afrique du Nord ayant annoncé qu’ils allaient déposer un dossier ont eu leurs pneus crevés sur le parking de l’entreprise. Enfin, la répression antisyndicale s’est accentuée. Les élus CGT subissent depuis le début des refus de formation et un blocage de leurs carrière et salaire. Le délégué syndical est muté d’une machine à une autre, sans formation préalable, pour le pousser à la faute. Et il a été mis à pied une semaine début janvier.

Mais ces manœuvres n’ont que partiellement réussi : 56 salarié.es ont saisi les prud’hommes le 18 janvier, et l’action juridique est enclenchée. La riposte contre la répression antisyndicale se prépare elle aussi.

J.M. Nguene Bikey (délégué CGT Walor)