Un rassemblement était appelé ce vendredi soir à Caen, place bouchard, par l’interpro (regroupant en gros cheminots et Solidaires avec quelques gilets jaunes), suivi par l’intersyndicale (cgt, fsu, fo, Solidaires – qui sont malins, un pied partout, acquiesçant même mollement sur certains débordements, mais ne nous y trompons pas, leur allégeance ira toujours à l’intersyndicale en dernière instance). Le rassemblement est assez ridicule, et comme la veille, les rangs syndicaux bien clairsemés. On s’autocongratule, on annonce le grand déchaînement et on promet qu’on ne lâchera rien même si l’âge pivot est retiré, comme pour mieux annoncer les reculades à venir. La grande majorité des gens sont sans étiquettes, voire hostiles à l’intersyndicale. Beaucoup n’en ont pas grand-chose à faire des retraites, énième réforme renforçant l’exploitation.

Un cortège finit par s’élancer pour une manif sauvage, banderoles contre l’Etat et le Capital en tête, avec beaucoup de gens masqués et de slogans anticapitalistes. 200 à 250 personnes. Solidaires, face à cette prise de risque inimaginable, précise qu’elle ne mettra pas en péril son camion dans cette voie illégale, mais, bon prince, invite celles et ceux qui le veulent à aller manifester. Comme si une lutte avait besoin d’autorisation syndicale ; comme si la révolte ne devait pas se diriger aussi contre leur bureaucratie, au même titre que toutes les autres. Tags (notamment sur des banques, sur Bagelstein ou sur Bouygues), pétards, poubelles renversées, petit blocage de flux place Fontette et de Mcdo boulevard Leclerc égayent cette marche nocturne qui rompt avec la normalité consommatrice d’un vendredi soir avant Noël. Les luttes contre le patriarcat et la misogynie, contre les enfermements et bien d’autres choses s’invitent donc à la fête. Au boulevard Leclerc, un grand feu de poubelles finit par faire venir les flics jusque-là peu visibles. Il ne reste qu’une petite centaine de personnes. Les flics n’ont pas l’air contents de s’être faits surprendre par cette promenade peu ordinaire. La dispersion est un peu confuse.

Pour info, le Préfet a déposé un interdit de manifester dans l’hypercentre pour ce samedi, afin de protéger les commerçants et commerçantes qui pleurnichent sur la baisse de leur chiffre d’affaires depuis le début du mouvement. Leur cauchemar de l’année passée ressurgit ! Cela redonne un petit goût giletjaunesque, où cet interdit était déposé chaque samedi, n’empêchant pas les pénétrations répétées de cette zone interdite et la perturbation acharnée de la consommation.

Et le mot du jour : «  »S’il s’agit de rénover, il faut briser la loi. Le véritable révolutionnaire est illégal par excellence ». (Ricardo Flores Magon)