A Nantes, les derniers jours ont été agités. Samedi, une manifestation multicolore menée par la jeunesse et les Gilets Jaunes a mis en déroute la répression. Pour ce mardi 10 décembre, la consigne semble claire : maintenir l’ordre. A tout prix. Le dispositif répressif est énorme. Dès midi, le cortège des cheminots est fouillé à proximité du lieu de rassemblement. Il y aura beaucoup de contrôles, et trop d’arrestations préventives. Parmi elles, des manifestants, mais aussi un photographe sans doute embarqué pour « port d’un masque » ou autre prétexte autoritaire du genre. La BAC, très nombreuse, tourne partout pour mettre la pression aux arrivants. Ramener une simple banderole semble un défi.

Vers 14H30, le cortège s’ébranle. Il y a du monde dans les rues, beaucoup de monde. Comme jeudi dernier, une foule compacte, massive, qui remplit la rue. Sans doute plus de 15 000 personnes, un peu moins que le précédent rendez-vous mais cela reste considérable. Dans toute la France, nous serons près de 900 000. Mais en dehors de l’affluence exceptionnelle, la manifestation ressemble aux dizaines de défilés syndicaux précédents qui n’ont eu aucun effet sur le pouvoir. La surprésence policière transforme la manif en une sorte de nasse mobile géante ou rien ne dépasse. A 15H, le défilé officiel est déjà de retour à son point de départ. Un petit tour sur les deux habituels boulevards du centre. Une grosse demie heure de manif, buvette et discours compris. La plupart des syndicats sonnent déjà la fin de la journée. Dans Presse Océan, un syndicaliste déclare devant le stand d’apéro : “c’est mieux que les images de lacrymogène”. Le pouvoir tremble.

Heureusement, des centaines de personnes ont constitué un cortège de tête hétéroclite, musical qui amène joie et ambiance dans ce défilé. Des initiatives créatives parsèment le parcours, notamment le déploiement d’un étendard géant le long du Cours des 50 Otages, qui proclame : « ne vous dispersez pas, on tient la rue ».

Après l’arrêt du micro-parcours officiel, un millier de manifestants repart pour un second tour. La CGT n’est plus là, mais Solidaires accompagne la manif. La première salve de gaz Cours Saint-Pierre stoppe tout le monde. L’énergie du samedi semble évaporée. Profitant du nuage lacrymogène, la BAC charge pour arracher la banderole de tête et embarquer au moins une manifestante. Dans l’indifférence quasi générale. Note : l’absence de « dégradation » sur le parcours n’empêche pas la police de réprimer gratuitement. Le fait de rester calme n’empêche pas non plus les directions syndicales d’appeler à la dispersion en un temps record.

Le défilé finit par repartir. Mais sans banderole à l’avant, il semble pétrifié devant la préfecture. Finalement, quelques centaines de personnes, essentiellement Gilets Jaunes, continueront à tenir la rue jusqu’à la nuit, en se faisant gazer de plus en plus puissamment, et arroser par le canon à eau. Le rapport de force et trop défavorable. L’ordre est maintenu.

A 19H, par grappes, quelques dizaines de personnes se retrouvent devant l’école des Beaux Arts. Apprenant le rendez-vous, les autorités ont fait fermer l’école, signe de la fébrilité extrême du pouvoir. Qu’importe, il s’agit de repartir en cortège. Destination : un bâtiment vide à quelques centaines de mètres, aussitôt investi. La Cagette des terres de la ZAD distribue de la soupe chaude. Une buvette s’installe. Une Assemblée commence. 200 personnes dans ce nouvel espace, central, qui remplit le rôle de QG des luttes. Bonne ambiance qui contraste avec l’impuissance ressentie plus tôt. Les idées fusent, on parle de blocages stratégiques, de calendrier, de garderies, d’un tempo rapide pour faire reculer le gouvernement, d’un espace créatif, de création journaux … D’ors et déjà, tout le monde est convié au 4 rue de la Prairie aux Ducs avec ses idées, son matériel créatif et ses envies dès aujourd’hui. Il y a tout à faire.

La soirée continuera en musique et en dansant autour de quelques verres.


Rendez-vous dès aujourd’hui au QG :

15H : atelier création
18H : AG

Et demain, manifs et blocages.