TOUT BLOQUER AVANT QUE LE SOLEIL NE SE LÈVE

Dès 6h mat’ près de 150 personnes se sont retrouvées au rendez-vous d’Italie pour lancer une opération de blocage dans le sud de Rennes. Au même moment plusieurs centaines de personnes commençaient à bloquer la fac de Rennes 2.
Appelée par l’AG Inter-pro, la première action a entrepris de bloquer le rond-point de l’Alma. La CDI est intervenue rapidement et en nombre pour déloger les camarades, effectuant une nasse et interpellant une dizaine d’entre eux.

En réaction, à Rennes 2, les bloqueurs mis au courant de la répression dans le sud se sont mobilisés pour soutenir leurs camarades en multipliant dans le quartier de Villejean les barricades enflammées dans le but de mobiliser les forces de l’ordre occupées avec la nasse de l’Alma.
Les pompiers arrivent aux abords des poubelles incendiées mais n’interviennent pas pour les éteindre, eux aussi sont en grève.

A 10h30 plusieurs cortèges rejoignent le point de rassemblement, rapidement l’espace est saturé, la foule est dense, il est difficile pour les retardataires de rejoindre le cortège de tête. Ce dernier est impressionnant, au plus fort de la journée il compte plusieurs milliers de manifestants !
Un tracteur-bétaillère met l’ambiance avec sa DJ en queue de manif.
Vers 11h, le cortège s’élance…lentement. Le service d’ordre de la CGT entend maintenir comme à son habitude une distance de sécurité avec la tête du cortège. Alors on piétine au début jusqu’aux quais. C’est à ce moment qu’on prend conscience de la foule immense. La manif s’étend sur près d’un kilomètre de longueur.

ZBEUL GÉNÉRALISÉ

Puis aux portes du centre-ville les énergies se libèrent, les initiatives se multiplient de toutes parts. Des dizaines de tags fleurissent sur les murs, leurs auteurs sont protégés des caméras par des dizaines de parapluies. Les collages d’affiches sont nombreux, les slogans anti-capitalistes retentissent… Plusieurs banderoles se relaient pour se mettre en protection entre le cortège et le dispositif policier qui veille sur le centre-ville.
Étant donné que la moitié des forces de police du pays est réquisitionnée pour Paris, la préfecture a du mobiliser deux camions à eau et plusieurs barrières anti-émeutes pour combler le manque d’effectifs. Une seule compagnie de GM est présente ! La CDI et la BAC sont alors immobilisés pour verrouiller le centre-ville.
Les actions s’intensifient. De nombreuses agences immobilières et banques voient leurs vitrines voler. L’ambiance est festive !
Plusieurs barrages de poubelles enflammées s’érigent aux intersections pour parer à d’éventuelles charges policières, la pratique est efficace et habituelle maintenant.
Le 1er tour est à peine achevé qu’on repart, on croise la queue de la manif qui n’est pas encore terminée. La tête du cortège file vers République, au passage les vitres du grand hôtel de luxe Balthazar explosent sous les applaudissements de la foule.
Au bout du boulevard la CDI barre la route, elle lance plusieurs lacrymos et rend l’atmosphère irrespirable. La foule est tellement compacte qu’il est difficile d’avancer. On piétine mais on se tient sous le nuage de lacrymos. La solidarité est incroyable, malheureusement c’est à ce moment que les flics chargent par surprise la foule dans l’une des rues perpendiculaires. Ils ont profité du nuage épais pour se rapprocher discrètement au plus près du cortège avant de lancer une volée de coups de matraques et de s’emparer d’une banderole. La charge est violente mais personne n’est interpellé. Le cortège se reconstitue rapidement sur le boulevard Liberté et à nouveau il tente de remonter vers le centre…
C’est avec l’arrivée de la compagnie de GM et des deux canons à eau que la foule est pressée de faire demi-tour. Plusieurs barricades sommaires sont dressées sur le boulevard afin de ralentir la progression des flics et de permettre à la manif de se replier tranquillement vers sud-gare. Les unités mobiles finiront par disperser le cortège dans les quartiers environnants. La police traque les petits groupes.
Cependant quelques deux cents personnes parviennent à reformer un cortège et fonce vers le centre-ville ou ils parviennent à pénétrer !

Après la dispersion de ce dernier cortège, la CDI déboule à St-Anne et procède à une interpellation sur une terrasse d’un bar. En réaction, des chaises volent et très rapidement près d’une centaine de personnes les prennent à partie afin de faire pression pour récupérer le camarade. La police fuit en urgence malheureusement avec la personne interpellée…

Cette journée est historique par son ampleur et par la détermination qui s’est emparée du cortège de tête.
Et ce n’est qu’un début ! La grève a été reconduite.
Après un an de mobilisation des Gilets Jaunes ce mouvement est inespéré. Pas le temps de souffler c’est reparti !

« LA RÉVOLUTION ARRIVE ! »