Ceci est un acte non violent.

Ses détracteurs le désigneront comme violent, comme le font toujours les dominants qui aiment à être seuls mètres du degré de violence. Tandis que « Loi et ordre », transférant des exilées vivant libres vers des centres d’enfermement, avec la complicité des fascistes d’Aube Dorée, ne serait qu’une opération de rétablissement de l’ordre, qu’une application des lois démocratiquement promulguées. Violente certes, car un enfant à qui on soustrait le toit au-dessus de sa tête, à qui on éloigne les visages qui faisaient apparaître un gigantesque sourire sur le sien, à qui on sépare des jouets qui l’émerveillaient et dont il se souviendra toute sa vie, ce n’est que violence qui lui est faite. Mais le monopole de la violence légitime étant accordée à l’État, les complices du pouvoir n’utiliseront jamais ce terme pour désigner ce que l’Autorité met en place pour sacrifier la liberté. Car selon ces complices, la violence est soit populaire et illégitime, soit policière et légitime. Jamais populaire et légitime à la fois.

Ceci n’était qu’une vitrine.
J’ai décidé d’éclater cette vitrine pour montrer qu’elle ne protège pas une entité invulnérable. À défaut de me battre directement contre les forces voulant détruire ce qui se vit dans le quartier d’Exarcheia, je le fais de là où je suis, là où je peux atteindre l’une des extrémités d’une tentacule de ce gouvernement grec, en vue de le faire reculer par réflexe, par peur, par instinct de survie. Si on veut abolir le pouvoir, les formes de vie comme celles déployées à Exarcheia doivent être défendues par l’action directe.
Défendre Exarcheia, je considère cette œuvre comme un moyen et une fin. Une fin car ce sont des individus qui là-bas sont chassés, expulsés, atomisés, à qui on fait l’injonction d’obéir, à qui on nie toute dignité. Un moyen car Exarcheia est un des exemples qui me permettent d’imaginer un monde sans Autorité, solidaire, ouvert et critique sur lui-même et les autres. Or j’ai eu besoin d’autres imaginaires pour sortir de la résignation que l’Autorité a voulu m’imposer toute ma vie.

Et si ceci n’a pas suffi, alors je reviendrai. Ou alors, une autre reviendra. Parce que ceci n’était qu’un avertissement. Et il se pourrait cette fois qu’à défaut d’obtenir ce que je souhaite par une méthode non-violente, alors je ne puisse qu’imaginer une méthode violente, face à la violence déployée par l’Autorité, se manifestant là par le gouvernement grec.