[ACTE 26 – APPEL NATIONAL À NANTES – 11/05]

Pour cet appel national, la préfecture avait annoncé la couleur, en annonçant un dispositif de répression « inédit » depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes. Nous avons en effet pu constater la présence en nombre d’effectifs de la Gendarmerie Mobile, de la CRS, de la Compagnie Départementale d’Intervention, ainsi que d’une quantité impressionnante de membres de la BAC (ou de la BRAV, difficile de les distinguer). Deux canons à eau étaient également de sortie.

Le point de rendez-vous de cet appel était fixé à 13h à Bretagne, soit dans le périmètre interdit par l’arrêté préfectoral. Malgré une militarisation impressionnante du centre ville dès le vendredi après-midi, c’est tout de même un petit groupe de personne qui parvient à s’y rassembler, très vite repoussé par les CRS. Retour donc au point de départ habituel, la croisée des trams. Assez vite, c’est plusieurs milliers de personnes qui s’élancent en direction de 50 otages, encadrés par la Gendarmerie Mobile. Arrivé au niveau de la préfecture, face au canon à eau qui bloque l’accès à la rue de Strasbourg, l’ambiance se tend progressivement, et la BAC commence à se faire menaçante. Après un moment de flottement, le cortège se décide à dépasser la préfecture, et force le passage sur le cours Saint André, situé en limite du périmètre interdit. La tension monte encore d’un cran, lorsqu’une colonne de GM se retrouve coincée en bas du cours Saint Pierre, et que les premiers gazs sont tirés. Plusieurs personnes sont alors prises en charge au Maalox/Serum Phy.
Arrivé au niveau du château, face à un impressionnant dispositif policier, le cortège n’a d’autres choix que de reprendre à droite, en direction de la croisée des trams. La fin de ce premier tour se déroulera dans une tension permanente, mais sans incident particulier.

Une fois de retour au point de départ, la tête de cortège s’élance pour un second tour. Très vite, de nouveaux gazages ont lieu, accompagnés d’une charge des GM. La BAC traverse la rue, et en profite pour tirer plusieurs fois au LBD. Un journaliste est touché au niveau de sa ceinture abdominale (sans gravité, car le choc fût amorti), un homme au thorax, et un autre au pied. Un malaise ainsi que plusieurs détresses respiratoires sont également à signaler. Plusieurs personnes vomissent à cause de la saturation de l’air en lacrymogène. La foule reflue vers le McDo, toujours noyée sous les gazs. Une nouvelle charge a lieu, pendant laquelle c’est cette fois une salve de grenades de désencerclement qui s’abat sur le cortège, dont plusieurs explosent à hauteur de tête. Les plots blessent au moins une personne à la cuisse, une autre au bras, et une au mollet. Une medic verra également un plot rebondir sur son masque de ski, tandis qu’une autre sera blessée aux deux cuisses après qu’une grenade lui ait explosé entre les jambes. Au moins une personne sera également touchée dans le dos par un LBD, au niveau du rein gauche.
Le cortège se retrouve au niveau du CHU. Deux personnes blessées à la cuisse par un LBD sont prises en charge, une autre pour une blessure au même endroit causée par une désencerclante, tandis qu’un manifestant reçoit un palet de lacrymogène sur le crâne, causant une plaie nécessitant probablement un point de suture.
Toujours guidée par un dispositif policier difficilement débordable, la foule arrive au niveau de la petite hollande. De nouveaux, les gazs et les tirs de LBD la contraignent à avancer. On recense ici au moins cinq personnes touchées par des LBD : Une au pied, une à l’épaule, une à la clavicule, une à la cuisse et une à la cheville.
La manifestation continue sur le quai de la fosse, suivie de plus ou moins près par les camions de GM, la CDI et la BAC (pendant qu’une partie des personnes déjà dispersées commence dors et déjà à se regrouper à la croisée des trams). Une tentative de prendre la direction de Graslin avorte, la gazeuse à main est utilisée à plusieurs reprises. Une voiture pile devant les gendarmes, deux d’entre eux dégainent alors leurs armes de service et menacent le conducteur. Une manifestante s’interpose devant eux, les deux nerveux finiront par rengainer et faire demi-tour. Tout au long de la traversée du quai de la fosse, le gazage est continu, et beaucoup de grenades de désencerclement sont lancées. On compte au moins deux personnes blessées par des plots (une à la main et une à la cuisse), ainsi qu’une personne présentant un hématome sur chaque bras, et plusieurs autres ayant le crâne en sang après avoir reçu des palets de lacrymogènes. Un bus de touristes est gazé, ainsi qu’un bébé de deux ans au niveau du mémorial de l’esclavage. Plusieurs crises d’angoisse sont également à déplorer, dont au moins une femme d’une cinquantaine d’année en détresse respiratoire, nécessitant une évacuation hors de la manifestation. La course-poursuite continue au pas de course jusqu’à dépasser Égalité, faisant de nouveau au moins un blessé au mollet droit par un palet de lacrymo, ainsi qu’un autre à la cuisse gauche par un plot de désencerclante. Plusieurs manifestant-e-s termineront nassé-e-s.

Retour à la croisée des trams pour quelques centaines de personnes décidées à tenir la rue. Après un court instant de répit, ces dernières se voient également gazées, grenadées et chargées. Une personne fait un malaise, et une femme d’une cinquantaine d’année est prise en charge pour une détresse respiratoire. Une autre femme du même age reçoit un tir de LBD dans le pied, et des grenades désencerclantes blesseront au moins une personne à la jambe, une autre à la cuisse, et une troisième à la joue. Un homme d’une vingtaine d’années, en situation de handicap, se fait écraser le pied par la rangers d’un CRS, nécessitant une prise en charge pour des douleurs aux orteils. Le canon à eau finit par être utilisé, repoussant une nouvelle fois les manifestant-e-s en direction des chantiers navals. Une chute d’un homme d’environ 18 ans lui causera de se rouvrir une plaie au genou, et de s’en faire deux nouvelles, une également au genou et une à la main. Une manifestante est agressée par la BAC, tirée par les cheveux et rouée de coups. Les gazs lacrymogènes et le canon à eau continueront d’être utilisés jusqu’à la formation d’une nouvelle nasse, au niveau du pont Anne de Bretagne, qui coincera des manifestant-e-s sur le pont, pendant que d’autres seront bloqué-e-s sur le quai.

Nous avons également constaté des blessures que nous n’avons pas pu resituer dans le temps :
– Deux personnes touchées à la cheville par LBD
– Deux personnes touchées au dos par LBD
– Une personne touchée au bras par LBD
– Un homme touché à la nuque par LBD
– Une femme touchée au sternum par LBD
– Une personne touchée au genou par un coup de matraque, partie aux urgences à cause d’une inflammation et de douleurs
– Plusieurs plaies et égratignures suite à des mouvements de foule
– Une personne au moins se plaignant d’acouphènes prolongés

Énormément de personnes extérieures à la manif, parfois très jeunes ou très âgées, auront également été piégées dans les gazs tout au long de l’après-midi, et soulagées au Maalox/Serum Phy/Décontaminant.
Comme d’habitude, beaucoup de confiscations de matériel sont à déplorer. Une mention spéciale tout de même au groupe de medics qui a réussi à faire plier leurs racketteurs, en réclamant avec insistance un PV de saisie.

Ce compte-rendu est basé sur les premiers bilans réalisés avec plusieurs groupes de medics présents, et est encore loin d’être exhaustif, malgré la cinquantaine de blessures qu’il prend déjà en compte. Même avec toute notre bonne volonté, nous n’avons pas pu être partout, et il est donc tout à fait probable qu’il évolue en fonction des informations et témoignages qui nous parviendront prochainement. N’hésitez donc pas si vous souhaitez participer à son amélioration en nous envoyant vos témoignages, informations ou photos.

Amour, Maalox et Serum Phy.