La manœuvre de Ouest-France est claire : instrumentaliser ce cas pour frapper sur les manifestations en général. Pour discréditer celles et ceux qui se battent pour leurs droits. Ces derniers temps, la presse locale multiplie les « Unes » sur les manifestations qui seraient, selon le président de l’union des commerçants, la cause des difficultés des commerces du centre ville nantais. Presse Océan titre le 21 février : « les manifs tuent le commerce ».

Un peu d’honnêteté dans tous ces mensonges. Les difficultés de ces commerçants sont bien antérieures aux manifestations, et ne risquent pas de s’arranger. En effet, la mairie de Nantes fait bâtir des dizaines de milliers de mètres de surfaces commerciale en quelques années. Le square Fleuriot dans le centre ville va laisser place à un immeuble acheté par une grande enseigne de vêtement. Le carré Feydeau, à Bouffay : des milliers de mètres carré de commerce, qui n’ont toujours pas trouvé preneurs. Dans la future gare : une énorme surface pour de nouveaux commerces, notamment des multinationales américaines. Place Graslin : un futur complexe commercial de 4000 mètres carré. A Chantenay : la mairie veut installer des milliers de mètres carrés de commerces. Et demain ? D’autres immeubles commerciaux sont envisagés à la place du square Davais notamment. Bref, les pouvoirs publics organisent une véritable orgie immobilière et commerciale dans la ville, avec toujours plus de surfaces marchandes qui s’ajoutent aux énormes centres commerciaux dans les périphéries.

Problème. Si les commerces se multiplient, l’argent dans les poches des clients, lui, n’augmente pas. C’est même l’inverse. Les politiques d’austérité, la précarité, la baisse des salaires, l’augmentation des loyers font baisser ce qu’on appelle le « pouvoir d’achat » des gens. Nous avons donc d’un côté toujours plus de surfaces commerciales, et de l’autre toujours moins d’argent à dépenser. Fatalement, des commerces ferment. Mais c’est de la faute d’un système marchand irrationnel et sans avenir. Pas des manifestations. D’ailleurs les petits commerces ne sont jamais cassés lors des défilés.

Revenons aux manifestations qui sont critiquées par Ouest-France et Presse-Océan. Qui militarise le centre-ville chaque semaine ? Qui envoie des gaz lacrymogènes sur les terrasses bondées ? Qui rentre violemment, armé, dans certains établissements pour arrêter des présumés manifestants ? Ce ne sont pas les contestataires. Ce sont les forces de l’ordre. Et les journalistes le savent très bien. Ils le voient.

De très nombreux commerçants nantais, notamment patrons de bars ou de snacks, nous ont confié leur raz-le-bol des violences policières, leur colère de voir leurs terrasses gazées sans sommation, et les lacrymogènes rentrer jusqu’à l’intérieur de leur établissement. Certains patrons de bar ont même eu des altercations avec des policiers violents, et parfois ont déposé plainte contre la préfecture pour ces agressions.

Alors, les mouvements qui défendent les droits sociaux mettent-ils « KO » les commerces ? Non. Les responsables sont à la mairie, qui transforme Nantes en supermarché à ciel ouvert, et au pouvoir, qui organise une répression féroce chaque samedi, dans toutes les grandes villes de France.