La question qui ressort, qu’on se pose tous à la sortie de cette assemblée de votes pour ou contre la dissolution de cette composante du mouvement de Nddl, c’est : « … Mais pourquoi dissoudre ? Pourquoi ceux qui en ont assez n’ont-ils pas purement et simplement démissionné ?? « ( Ce qui d’ailleurs aurait été envisagé par l’Acipa elle-même au cas où le vote aurait ( soi-disant ), pu conclure à la poursuite de l’Acipa… ).

Nous étions plus de trois cent à venir à cette assemblée, trois cent parmi lesquels une majorité diversifiée, présente contre cette dissolution, parmi lesquels il s’en serait justement trouvé pour reprendre le flambeau de ce mouvement des idées et des actions portées, au-delà de l’abandon de l’aéroport. Les administrateurs de l’Acipa auraient pu démissionner , leurs sièges ne seraient pas restés vides, l’orientation ou les méthodes auraient sans doute un peu changé, mais voilà, quoi.

( Ce qui redémarre d’ailleurs déjà, parmi ceux qui tiennent à reprendre le flambeau, différemment, ne s’appellera plus Acipa, mais l’ACB ( Pour un Avenir Commun dans le Bocage ), et devra tout recommencer, reprendre sans l’impact de large envergure sur toutes les luttes qu’avait acquis l’Acipa AVEC TOUTES LES AUTRES composantes du mouvement, et les incluant aussi. )

Bref, nous nous sommes aperçus, un peu tard, qu’effectivement les quasi trois cent présents venus débattre des diverses bonnes raisons de ne pas dissoudre l’Acipa, et voter, n’étaient que les dindons de la farce. Comme d’habitude l’Acipa avait déjà tout réglé d’avance dans le cercle fermé de son administration, redonnant ainsi la couleur politique habituelle au mot « démocratie «.
Les administrateurs ayant la possibilité de déposer un nombre de pouvoirs ( de votes ) illimité ( si, si, c’était écrit dans les statuts, fallait lire les petites lignes, hein ! ) étaient donc arrivés à cette assemblée avec un gros paquet de pouvoirs « contre «, tandis que les adhérents présents ne disposaient que de deux pouvoirs possibles en plus de leur propre vote.
( Au final, du 60% pour la dissolution contre du 40% contre la dissolution, plus des poussières des deux côtés. Je ne vous ferai pas ici le détail comptable des votes, d’autres le feront, bien que la confidentialité ait été posée sur le nombre de pouvoirs apportés par les administrateurs ).

Je tiens à préciser franchement que perso je n’avais pas renouvelée mon adhésion l’année dernière, en fonctions de déceptions ( aussi précarité quand il faut choisir ), et que je ne l’ai pas non plus renouvelée hier , ce qui n’empêche pas mon intérêt, ….12 euros juste pour voter ( certains l’ont fait et les ont perdus, bingo )..

Ce qui est assez comique, c’est qu’un des argumentaires, porté haut et fort en particulier par Françoise Verchère ( qui est, comme tout le monde le sait, très écoutée et admirée en tant que politicienne ) justifiait cette dissolution comme quoi « l’Assemblée des usages de la Zad ne permettait plus que l’Acipa s’exprime « comme elle le voulait…. ( Combien de fois au cours des assemblées générales par le passé a-t-il fallu bagarrer pour que chaque composante du mouvement puisse faire passer ses idées et ses convictions sans laisser le dernier mot à la seule Acipa qui en avait déjà décidé lors de réunions de la coordination précédant les assemblées générales ?!Pratiquement à chaque évènement ! qu’il s’agisse d’organisation de manifestations de lutte, de festif, de médiatisation, voir de contenus de texte ou même d’affiche… ) Et aujourd’hui on voudrait rendre responsable l’Assemblée des usages ( réunions crées par la Zad pour envisager et organiser un « après aéroport « ).
C’est assez trouble et assez bas, quand l’évidence démontre qu’AUCUN DES GROUPES composant le mouvement , Acipa y compris, N’AURAIT REUSSI SEUL tout ce qui a été réussi ensemble, à force de débats, discussions, consensus, ententes et actions organisées communément, mais aussi gestion de vie commune entre habitants et occupants.
Jusqu’à ces dissensions d’après l’abandon de l’aéroport, qu’on peut au final résumé en : « pour qui l’intérêt de se ranger à collaborer avec l’état, pour qui l’intérêt à ne pas collaborer avec l’état «.. L’Assemblée des usages, elle, a choisi de discuter et négocier sur le thème et sur les conséquences, en essayant de préserver et l’esprit des luttes, et l’existence collective, et d’éviter les pires scénarios. Ce qui n’a pas été toujours possible ( expulsions ) mais a pu, jusque-là, préserver pas mal de choses quand même. Assemblée des usages coupable pour le staff de l’Acipa ? Je me demande aujourd’hui si cet argument est la vraie raison…
Ce qui est triste, et injuste c’est que tout ça fasse remonter une mauvaise odeur anti-Zad en sous-sol, malheureusement cultivée ( et hyper médiatisée dans un sens discriminant ) depuis que l’ÉTAT s’en est mêlé, posant des difficultés à tous ( sauf à l’agriculture classique ), y parachutant une préfète ( et sa police ) et donc l’ETAT responsable, coupable, créant des dissensions internes partout ( à NddL comme ailleurs )….
Une petite phrase aussi, – ( détail de l’ordre de « brèves de concierges « si on veut, mais j’ose, des concierges y’en a partout et aussi en démocratie ) – et que je trouve personnellement quand même très inquiétante pour l’avenir de tous en général, balancée par quelqu’un de l’Acipa, à des zadistes ( dont un au moins, adhérent à l’Acipa ), à la pause: « Oui, mais vous, reconnaissez, vous êtes urbains «… ( ce qui n’est pas vrai pour tous les zadistes d’ailleurs )… Marginalité suprême que de n’être pas né-e avec un tracteur dans le berceau et vouloir mettre les mains à la pâte, dans la terre, et comptabiliser les richesses de la nature à la sauvegarder, tout en pratiquant d’autres cultures ?
Décidément ce monde régresse de tous les côtés en ce moment.

L’autre question qui suivait immédiatement c’est : Pourquoi dissoudre maintenant ?
Maintenant, alors que rien n’est terminé à NddL, que les conventions précaires d’occupations ne sont que de courtes durées, que le département et Grosvalet vont annoncer septembre, octobre, la répartition des terres sur plus des trois quarts de la superficie et on ne sait pas à qui, ( opération et période qui va forcément concerner aussi les habitants d’origine et donc d’ex-acipa, puisque… ), que les projets déposés n’ont pas encore été tous étudiés, validés… et qu’ON NE SAIT PAS réellement ce que l’État a en tête pour finaliser.
( Là encore la réponse de l’Acipa a souligné une incompatibilité à continuer avec tous les mouvements, en particulier ceux de la Zad ! – ( fastoche )…

Ensuite a été mise en place une administration de liquidation qui va s’étaler sur plusieurs mois ( un an ? Je ne me souviens plus exactement ). Les bénéfices seront redistribués à plusieurs endroits, recours en justice non achevés, mouvement citoyen autour de l’aménagement de l’aéroport de Nantes, soutien pour les projets zadistes validés, aide aux agriculteurs habitants d’origine qui ont été lésés et ont des difficultés.. ( et je ne sais plus si j’en oublie… ). Les fichiers des militants, adhérents, détruits ( ça aussi dans les petites lignes du statut m’a-t-on dit ).

Je ne sais pas ce qu’il advient du lien avec la lutte contre les GPII ( grands projets inutiles imposés ). A noter que les mouvements inclus par l’Acipa gardent leur autonomie, évidemment, l’Acipa se retire mais pas les mouvements liés.

Je veux quand même ajouter qu’au cours de son histoire l’Acipa a vu s’élargir la notoriété de son mouvement à diverses périodes avec l’arrivée des zadistes en 2007, puis vers 2012 de divers mouvements politiques de gauche ou écologiques ( plus ou moins stables ) et que la médiatisation de la lutte organisée par TOUS, aussi par la Zad, a fait croître considérablement cette notoriété, et croître aussi la résistance de terrain.
Et tout ça, voilà, flop.
Il n’y a donc pas de passation ni de fête d’enterrement.
C’est politique.
Il a aussi été dit : « la Zad n’a plus besoin de nous «… personne n’a demandé de qui aurait besoin l’Acipa pour continuer…

Beaucoup d’adhérents présents étaient vraiment désolés à l’idée de l’abandon acté par l’administration Acipa sur l’avenir commun des différents sens des luttes à Nddl, ce qui faisait force, il y a eu aussi de l’émotion.
J’imagine beaucoup d’adhérents et sympathisants d’ailleurs sont aussi désolés : ( « Quoi ? On a fait tout ça pour en arriver là ?! « )
Pour beaucoup l’Acipa représentant quand même un des mouvements fondateurs, ça fait un choc, et pour d’autres, juste qu’un morceau quitte le navire, ça fait un choc aussi.

Maintenant les milliers d’auto-collants au pare-brise de nos voitures deviennent symboles nostalgiques, mais tout le monde n’est pas pour autant obligé de se sentir fiché « ancien combattant «.

Au-delà de la politique politicienne, il faut quand même,se souvenir que dans un mouvement il y a toujours diversités de plusieurs groupes, et qu’à l’intérieur même de ces groupes encore diversités du fait que tout le monde n’est pas toujours d’accord sur les décisions prises.
Donc la vie continue, les luttes continuent… y compris sur Nddl et toutes celles liées et elles ne manquent pas !!

 

(texte publié avec l’accord de la personne qui l’a rédigé)