Les compléments alimentaires rencontrent un franc succès. Nombreux sont ceux qui les ont adoptés avec l’espoir d’y retrouver des nutriments absents de leur menu quotidien. 

Perdre du poids, raffermir ses muscles, accroître ses capacités physiques ou intellectuelles sont entre autres les raisons pour lesquelles nous recherchons ces apports nutritionnels légaux, bio, et censés assister l’organisme dans l’édification d’un corps parfait tel que nous le concevons. Avec un statut proche de celui des médicaments et au-delà des simples aliments, les compléments alimentaires ne bénéficient pas de l’attention exceptionnelle de contrôle qui entourent les premiers. De plus, il demeure de grandes interrogations qui entourent malheureusement ces aliments d’un genre nouveau et qui en Europe ou aux États-Unis font l’objet d’un commerce très lucratif.
Nous tenterons de jeter un faisceau de lumière sur ce pan de notre univers nutritionnel en commençant par mettre à mort certaines idées reçues liées à ce type d’aliment. Ensuite, nous nous pencherons sur la question de départir le vrai du faux avant de finir par une solution alternative qu’est le régime paléo.

Un marché en or en plein essor
Selon le conseil de la nutrition responsable (CRN) américain, les compléments alimentaires ont contribué en 2016 à hauteur de 121 milliards de dollars à l’économie des États-Unis soit 0,68 % du PIB. Le secteur a en retour généré quelque 15 milliards de dollars d’impôts. Un organisme appelé Grand View Research, Inc. établit à 9,6 % la croissance combinée annuelle du marché américain des compléments alimentaires et un score à 278,6 milliards de dollars en 2024.
Quant à l’Europe, une étude réalisée en 2015 indiquait que l’Italie arrivait en tête des pays consommateurs de ces types d’aliments, avec un marché évalué à 1,4 milliard d’euros, contre 1,6 milliard escompté en 2020. La France se plaçait en 5e position avec un marché de consommation évalué à 684 millions d’euros, contre 725 millions d’euros escomptés en 2020. Cependant, le marché français a explosé et plus que doublé. Selon le Syndicat National des Compléments Alimentaires, il s’établissait, en 2017, à 1,62 milliard d’euros et un Français sur deux aurait déjà pris des suppléments alimentaires.

Dans une autre étude publiée par le CRN américain, 76 % des adultes de la population américaine reconnaissent avoir pris au cours des 12 derniers mois des compléments alimentaires. En 2008, ils étaient seulement 64 % à le soutenir.
Il ressort de ces chiffres que la demande en matière de compléments alimentaires est très forte et s’accentuera davantage dans les prochaines années.
Plusieurs explications pourraient être trouvées à cet état de fait. On pourrait citer par exemple l’épidémie d’obésité qui frappe ces contrées occidentales, ou encore les standards de silhouettes féminines ou masculines qui encourageraient les personnes à une consommation de ces produits.
Si ces chiffres traduisent un marché en plein essor, la question de la qualité ou de l’efficacité de ces aliments traduit plutôt un marché livré au seul diktat des entreprises promptes à se défaire des régulateurs et abuser de la confiance des consommateurs.

Levons le voile
Il est impératif de dire d’entrée que NON votre organisme n’a nullement besoin de quelque aliment complémentaire, et ce quel que soit le but que vous vous êtes donné.
En situation de surpoids, un régime alimentaire sain et les activités physiques demeurent les solutions les plus saines et efficaces. Dans les autres cas où vous pourrez être amenés à faire le choix desdits compléments nutritionnels, soyez assurés qu’il existe d’autres méthodes plus saines pour atteindre ces objectifs que vous vous êtes fixés.
De façon générale, partout à travers le monde, l’industrie développée autour de cette filière de compléments alimentaires est dérégulée. Pour comprendre l’anarchie et l’arnaque des entreprises opérant dans le secteur desdits compléments alimentaires, il faut savoir que cela est rendu possible grâce à la faiblesse des réglementations en vigueur. En effet, si un médicament requiert un très long processus d’autorisation de mis en circulation, ce n’est pas le cas de tout ce qui se réclame être de la « simple nourriture » aux propriétés certes décuplées. Aux États-Unis comme en Europe, les organes de contrôle ne s’autosaisissent que très rarement du contrôle des compléments alimentaires. Ce sont plutôt les plaintes qui vont motiver l’intérêt du régulateur. Ainsi, tant que l’industriel continuera d’avoir votre confiance, il ne vous viendra certainement pas l’idée de vous interroger et de faire s’interroger l’organisme de contrôle.
De plus en plus d’investigations sont menées d’ailleurs dans le secteur afin de mettre en lumière les abus de confiance. Le prestigieux New York Times s’est d’ailleurs intéressé aussi à la question et les organismes d’État se sont lancés à diverses échelles à la poursuite des fraudeurs.
Il ressort de la plupart des enquêtes que les compléments alimentaires sont souvent à base de poudre de riz et même de sciure de bois.
C’est dire que lesdits compléments sont d’ordinaire inutiles à l’organisme, car composés de substances habituellement ingérées ou même toxiques dans certains cas de figure. 95 % des compléments alimentaires seraient simplement sans intérêt pour l’organisme et au pire nuisible !
Il a été découvert par exemple par la FDA, l’agence américaine de la nutrition et des médicaments qu’une poudre protéique de l’entreprise New Dawn Nutrition contenait jusqu’à 1814 % plus de sucre qu’il n’en était mentionné sur l’étiquette et seulement 21 % de concentration de la part des protéines.
Au Canada, c’est plutôt la société GNC qui commercialisait son « lean shake » avec 50 % moins de protéines qu’indiqué sur l’étiquette alors que Pfizer Canada vendait elle de l’« Emergen-C » avec seulement 33 à 66 % de la portion de vitamines C indiquée.
Pire, ainsi que le révélait en 2010 le New York Times, certains compléments alimentaires dont une certaine forme de ginseng censé contribué à l’amélioration de la mémoire contenait plutôt de la mort au rat.

L’agent Herbalife
Une société européenne au rayonnement planétaire a été également épinglée pour la mauvaise qualité de ses produits, il s’agit de Herbalife. Installée au Royaume-Uni, cette firme de compléments alimentaires s’octroie même le droit à l’image des célébrités telles que David Beckham et Cristiano Ronaldo pour vendre ses produits.

Un rapport très accablant produit sur instigation de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire et de produits de santé) en 2009 égrène une kyrielle d’incidents d’intoxication en rapport avec les produits de la marque.
Il faut préciser que l’initiative de l’Afssaps est consécutive à la publication par l’Agence espagnole du Médicament en 2008, d’un communiqué destiné aux professionnels de la santé et au public du fort risque hépatique qu’on encourt en consommant les produits de cette entreprise.
Non seulement les produits Herbalife France ne permettraient pas de perdre du poids mais, de la Suisse à Jérusalem, de l’enfant à l’adulte, les ravages de cette gamme de produits sur la santé sont avérés. Le tableau ci-dessous contenu dans le rapport précédemment mentionné, répertorie 10 cas avec des signes cliniques consécutifs à la consommation de ces produits, des spasmes et un bilan hépatique perturbé.

 

Existe-t-il de bons compléments alimentaires
La réponse à cette question pourrait vous surprendre, mais il existe bien sûr de vrais compléments alimentaires bio, efficaces et facilement accessibles de surcroît. Il existe des produits naturels qu’il serait avantageux de consommer pour venir en soutien à l’organisme avec des apports nutritifs.

Cependant il doit être noté que plutôt que de consommer des compléments alimentaires aux ingrédients souvent inconnus, voire dangereux, il serait préférable d’obtenir tous les nutriments essentiels des aliments ordinaires que l’on consomme, tels qu’on les retrouve dans un régime alimentaire dit paléo par exemple.
Le régime paléo consiste à ne consommer que des aliments n’ayant été l’objet d’aucune transformation. Quand même, une liste exhaustive nécessiterait un tout autre article, il est important que vous ayez une idée succincte, mais essentielle des aliments relevant du régime paléo.
En premier ressort, les légumes bio et surtout locaux. Les viandes, et poissons directement acquis à la source, c’est-à-dire auprès du boucher pour les viandes et pêcheurs pour les poissons.
Le moyen le plus sûr d’absorber des nutriments absents ou présents en de faibles quantités dans votre organisme, c’est de les consommer directement à partir des produits alimentaires entiers qui les contiennent.