Lundi. Il pleut sur Paris. Ce matin, 2500 hommes en armes ont envahit un petit bout de bocage nantais, d’autant plus insignifiant que les bétonneurs l’ont finalement déserté.

Il est 18 heures. Le rendez-vous à Belleville est aussi triste que le type de la France insoumise qui dresse une barricade, désolé que les radis-co n’aient pas le cœur à la fête. Car si la « {victoire} » de certain-es laissait des {perdant-es}, la {défaite} de tou-te-s nourrit une rage sourde, qui ne sait pas exploser faute d’initiatives, et à cause d’un dispositif policier lointain mais présent. Un tour de la place, un tour en métro, et une balade en direction de Tolbiac, nous voilà en assemblée, nombreu-x-ses et determiné-es comme rarement ces dernières années.

Les orgas sont inexistantes ou invisible(s), et les discours creux sur la fameuse « convergence des luttes » sont ponctués d’Appels aux Amis à s’indigner car les 100-noms, eux, avaient un projet agricole et n’étaient pas légalement expulsables. Trop Inzuste!

Mais un grondement sourd et chaotique appelle à sortir maintenant et répondre directement aux expulseurs.

Lundi soir. La nuit est belle. Depuis ce matin, le periph’ nantais a été bloqué par le feu, des manifs et rassemblements ont eu lieu dans de nombreuses villes, les gendarmes ont eu chaud dans deux véhicules (11h20) , un autre a failli perdre un oeil, Un drone-journaleux a été abattu, une pelleteuse a été embourbée avant d’avoir pu finir sa sale besogne…

Il est un peu moins de 23 heures les portes de Tolbiac s’ouvrent. Sont restées lettre morte les appels à être raisonnables, le comptage forcé des motivé-es pour expliquer que, bien sûr, l’on était trop peu, en somme les ficelles politiciennes pour tenter de récupérer les énergies présentes.

Certain-es espèrent retrouver le sac du paveur des gobelins, i.elles trouveront des morceaux d’échafaudage de l’un des nombreux chantiers présents dans ce quartier nouvellement gentrifié. Pas de flics, les poubelles sont renversées, les bruits sourds des coups se font entendre suivis du fracas du verre en miette. On est 500, 200, 400 ? Peu importe, un fumigène est allumé, quelques slogans gueulés, on est deter ! Les grandes banques du quartier de la gare ( le siège de natixis !), la chambre du commerce, le « mobilier urbain », des autolibs… Les vitres sont défoncées en masse et des tags bien sentis accompagnent les dégâts. « collabo des expulsions » sur un Ibis, « ZAD partout, état nulle part », « aménageurs on vous saccage »… Il est quasiment minuit et la dispersion avant la gare d’Austerlitz avec les bleus en arrière plan se déroule sans accrocs.

Il pleut de nouveau. L’euphorie de la défaite est palpable.

Il n’a jamais seulement été question de défendre la ZAD, d’empêcher l’ex-futur-aéroport, mais surtout de s’atteler à détruire le monde qui va avec.

Un-e participant-e