Mais que font les anti-autoritaires ? Introduction

Ces dernières semaines ont déclenché une remonté de désaccords politique sur la ZAD. Je pense que c’est rare de voir une telle réaction collective à des problèmes qui existent sur la zone depuis plusieurs années et qu’on n’a jamais réussi à résoudre jusqu’à présent. J’ai l’impression que ces problèmes ont commencé à se manifester notamment à partir des expulsions en 2012 quand le mouvement d’occupation c’est élargi. Aujourd’hui plus qu’avant des personnes avec des positions politiques et sociales très diverses et opposées se trouvent à vivre et à lutter ensemble sur la ZAD.

Je constate que les diverses positions partagent une crainte qu’il y a un risque de se faire squeezer1 par l’une des positions. Je ne sais pas comment on va se sortir de cette situation, et potentiellement on ne s’en sortira pas. J’ai peur à mon tour que si on ne s’en occupe pas maintentant, on ne retrouvera plus autant de motivation et de détermination collective que ces dernières semaines et qu’il n’y aura pas forcément une deuxième chance.

Pour cela j’essaie de contribuer, en semant ma graine dans le processus en cours. J’ai trouvé difficile de prendre la parole dans certaines discussions, notamment celle sur le CMDO le jeudi 4 mai, donc j’écris là en espérant que ça pourrait aider à avancer.

Les différences de fond, je pense qu’on va devoir vivre avec. On s’inspire, des fois, on se fait réflechir, tout n’est pas figé, mais ultimement, on ne sera pas d’accord sur des analyses, des moyens ou des buts, parce qu’on n’a pas les mêmes intérests/privilèges, parce qu’on est pas venu la pour réaliser les mêmes rêves, parce qu’on n’a pas le même bagage ni la même analyse politique. C’est pour cela que nous allons devoir vivre avec nos différences. On n’aura pas le choix.

Le problème que je vois c’est qu’il y a beaucoup de fond dans la forme. Et on a beau accepter qu’on n’est pas d’accord en théorie, quand les pratiques nous font violence, les désaccords ne sont pas que de la théorie. Les différentes pratiques, de tous les côtés pouvant choquer, on se trouve dans une situation largement dirigée par la méfiance, la peur et la colère. Être en désaccord sur le fond et avoir principalement de la peur et méfiance dans la paratique, c’est une recette pour le désastre.

La perspective à partir de laquelle je voudrais parler est : pourquoi j’ai de la méfiance et ce que je pourrais voir comme possibilité pour récréer de la confiance. La confiance n’est pas un tout ou rien, et je pense pas qu’on se fera confiance sur tout, mais au moins il est important d’avoir la confiance qu’il y a de la bienveillance en face. Une confiance qui implique qu’au moments du désaccord on évite de considérer sa perspective comme supérieur à celle de l’autre, qu’on valorise les critiques et oppositions comme essentielles et vallables dans une tentative d’autogestion politique et sociale.

Je ne veux pas faire semblant d’être neutre comme l’introduction du texte pourrait laisser entendre. Je ne peux pas faire semblant d’être autant choqué par le comportement de ces supposées personnes qui critiqueraient pour le sport que par celui des personnes que je vois faire des prises de pouvoir. De plus, face aux critiques, le mélange de déni avec « de toute façon on est légitime, du coup on continuera » me le fait vraiment pas. Je pense que c’est important de prendre position actuellement, sans pour autant vouloir dire que toute est noir ou blanc. Il y a des choses légitimes et qui se comprennent dans les paroles qui viennent de tous les côtés.

Des fois ; faire des analyses des comportements peut donner l’impression d’accuser les gen.te.s d’intentions machiavelliques. Je ne pense pas que la plupart des personnes qui sont visées par des critiques aient des mauvaises intentions, mais on agit à base de nos intérets, nos privilèges (auquel on s’est habitué.e), nos (in)consiences politiques, etc. Agir avec la consience de ceci implique de prendre au sérieux des critiques et de ne pas juste chercher à les rejeter. Il est essentiel de reconnaître les vécus des autres, leur accorder de la validité, même si on n’est pas d’accord avec l’analyse, ou bien si ces vécus ne sont pas assez bien bien exprimés. En tout cas si on prétend faire « commune », va falloir apprendre à s’écouter.

Analyse Une analyse qui prend en compte les inégalités…

Je veux donner mon point de vue sur les dynamiques qui nous traversent sur la ZAD. Ceci contient forcément des généralisations2. Je n’ai pas envie de parler juste du CMDO, car j’ai l’impression que le CMDO s’encre dans un certain groupe social et politique présent sur la ZAD, qui est plus large.

Les prises de pouvoir qui me posent problème3 peuvent émaner de groupes ou d’individu.e.s, être spontané ou prémédité, reconnues ou niées par la suite. Par contre je les vois en lien avec un groupe social et politique.

Socialement ce groupe réprésente des personnes plutot confortable dans ce monde, avec des moyens ; financier,s intéllectuels, réseaux de luttes, occupant souvent des lieux en dûr sur la zone, plutot français-es qu’étranger-es, plutôt blanc.hes, avec moins de galères de santé, d’addictions, de pauvreté et de répression policière au quotidien que d’autres occupant.e.s de la ZAD… Soyons clair, j’en fais parti de ce groupe social. Ce n’est pas question d’en culpabiliser, mais de le prendre en compte quand on se demande si un rapport de force est l’outil propice pour régler un désaccord.

Elles sont aussi en lien avec une position politique. Une position que j’identifie souvent comme plus conformiste. On va plutot vouloir couper des arbres que s’y opposer, plutot faire la chasse que s’y opposer, plutot faire l’élévage que réflêchir sur le spécisme, plutot vouloir rentrer dans le dur, faire d’installations agricoles légales, plutot vouloir parler à la presse, refuser des grilles de lecture qui donnent une importance aux inégalités ou à l’anti-autoritarisme, « je ne suis pas venu.e la pour me remettre en question, mais pour combattre l’état et le capitalisme », …

Quand cette position sociale se croise avec cette position politique, ce n’est pas un hasard. Quand on est plutot confortablent installé on a intérêt à ce que la rupture avec le meilleur des mondes ne soit pas trôp radicale.

…parce que certaines positions politiques/sociales me paraissent plus dangéreuses que d’autres

Avec la diversité de nos positions politiques, quand les actions, comportements d’autres nous posent question politiquement et ce problème se pose mutuellement, on commence à voir des rapports de force, des prises de pouvoir, des enjeux de faire ressembler la ZAD à sa vision des choses, et on commence à avoir peur de se faire squeezer par l’autre.

Les paysans ont peur que les anti-specistes veulent une ZAD ou il n’y a pas d’agriculture conventionelle, qu’illes ne peuvent plus accéder à leur champs, que les coups de pressions vont finir par les faire partir4. Que leurs choix politiques (ou celle de l’ACIPA), comme parler au journalistes et au politiciens ne soient plus possible à cause d’actions comme celle à la vacherie.

Moi j’ai peur que des visions politiques radicales qui sont minoritaires partout, ou des personnes qui galèrent partout soient squeezé.e.s ici par une vision de gentrification de la ZAD : nettoyage de l’espace et de l’image, mépris de classe, sentiers touristiques, ouverture vers la presse, installations agricoles légales, …

La dedans je vois un groupe social qui n’a pas peur. Qui grace à son positionnement politique plus comformiste peut facilement faire de l’alliance avec les autres organisations dans la lutte (aussi pour faire du rapport de force sur la zone), les voisins, les journalistes, les politiciens (s’il faut). Qui passe pour plus crédibles, car plus sérieu.es.x, qui peut devenir interlocuteur pour l’adversaire en cas de négociation. Qui sur la zone a déjà largement les moyens pour imposer sa vision des choses, qui peut faire des exactions (comme virer qq de la zone en mode milice violente et sans accord collectif) en toute impunité.

Je ne suis pas du tout en faveur de la punition comme pratique, mais je veux remarquer que le fait que certain.e.s personnes sont beaucoup plus entendues que d’autres se voit aussi dans quels actes sont considerés comme inacceptable. Dans le résultat du processus sur les limites, pas de limites posées sur les prises de pouvoir, les milices, … Le même groupe qui menace de réagir collectivement5 face au sabotages entre nous, l’a oublié bizarement quand une semaine plus tard qq à coupé l’internet des Domaines Libéré. Quand la même personne va casser des vitres aux Planchettes, pas de réaction virile, comme quand l’intérieur de la cuisine de Fosses Noires a été défoncé6.

Je revois l’histoire se reproduire comme quasi partout et toujours. Dans un mouvement de lutte, il y a celleux qui pensent la stratégie, et celleux qui sont nécessaire pour faire corps, ou chair à cannon si vous préférer. Il y a toujours une élite qui à bien besoin des autres pour faire la révolution, mais qui souhaite bien garder la main dessus, car il faut quand même pas faire trôp la révolution. Nos privilèges, on veut quand même bien les garder. A un moment donné il sera temps pour faire des compromis avec l’état, d’assurer l’avenir et certain.e.s se sentiront plus légitime de rester que d’autres. Heureusement, le moment venu, s’il y a des récalcitrants, qui on résisté à la transformation de l’espace et l’image, au mépris7, menaces et aux intimidations, l’état se portera volontaire pour faire le sale boulot… J’èspère que je me trompe, mais vu de ce qui ce déssine aujourd’hui, pour moi c’est la suite logique. De nous sortir les « six points » toutes les deux phrases ne me rassure pas du tout, au contraire. Ça signifie que la seule raison de se faire confiance c’est un accord sans aucune garanti de durée. Plutot pas bon signe.

Il y a de l’autre côté aussi des prises de pouvoir. Quand on crée une ambiance sur la D281 qui a exclu une bonne partie de nos voisins de cette route, quand on va couper du mais d’un.e agri.e, quand on va bruler une voiture dans un bourg à côté, quand on vole de nos voisins8, c’est bien aussi des choses qui nous impactent tou.te.s et qui ne sont pas consensuel et qui crée des ambiances excluantes. Par contre on est nombreu.se.x à passer des plombes à gérer ces situations, à faire du lien pour raisonner des personnes, à faire de la médiation, etc.

La différence étant quand même que ces actes sont souvent posé par plein de personnes différentes, des fois juste de passage, et qu’illes ne font pas parti d’un groupe bien défini avec des réunions et toutes capacités intéllectuelles pour s’engager formellement à ne plus faire de la merde et a exiger de ses membres de ne plus en faire, mais qui refuse. De plus les personnes qui font ce genre de choses n’occupent pas souvent des positions de pouvoir, ne réflechient pas la question de stratégie à notre place à tou.te.s9.

Pratique

Il y longtemps j’ai participé à une lutte dans lequel j’ai pris plein de place. Je décortiquait les dossiers juridiques, parlait à la presse, ai participé à des négociations avec des politiciens, des fliques, ai pris plein de place dans les réus avec plein d’assurance en soit, de la vision stratégique, de bonnes intentions et une envie de chercher la victoire (qui paraissait assez réaliste, contraire à plein d’autres luttes). Plusieurs mois sont passés avant que je me suis rendu compte que j’était en train de perdre des pôtes. Qu’en cherchant la stratégie, la réflechissant à qq un.e.s ont s’est trouvé en décalage avec le reste des camerades, qui pour plein de raisons différentes (moins investi, envies différentes, peur des conséquences de certains stratégies, différence d’opinion sur les choix stratégiques ou parce qu’illes se faisaient écraser dans les réus par manque d’écoute et un envie que ça avance). J’ai pris du recul. Il ma paru évidente que prendre soin de mes camerades était pour moi une priorité avant mes fantasmes politiques.

Ça pourrait paraître un simple choix personnel, mais ça ne l’est pas. Si je voudrais former un groupe pour participer à une lutte avec une vision stratégique, pragmatique, je pourrais, mais alors sans impliquer les personnes qui n’ont pas envie de cela, sans risquer que certain.e.s deviennent de la chair à cannon, sans embarquer des personnes sur des actions sans qu’illes aient participé à la préparation pour voir si les enjeux, risques, choix stratégiques, etc leur conviennent. Soit on fait ensemble, soit on fait de la merde.

Avoir un choix d’inclusion (de faire commune?) implique de s’adapter au collectif. De faire attention au décalage. Ça implique de marcher plus lentement pour ne qu’on laisse derrière des camarades, même si ça fait mal à sa stratégie. Que le meilleur qu’on puisse produire sera de toute façon ce qu’on peut produire ensemble car sinon c’est tensions, embrouilles, blessures, se sentir arnaqué, en gros la division que le CMDO dit de craindre tant.

Comment faire avec des oppositions aux initiatives qu’on prend ?

Il y deux ans j’ai participé, avec pas mal de doutes, au chantier de scierie mobile qui est venu à la ZAD. J’ai pu constater qu’il y a 90 gros trons qui on été coupé sur zone pour ce chantier. J’ai eu echo de pas mal de prises de têtes et de désaccords sur la coupe d’arbres. Beaucoup des rumeurs critiques du processus que j’ai entendues se sont avérées fausses ou grossies. Néamoins, cette année de nouveau coupe d’arbres. Je ne sais pas combien, mais j’ai vu pas mal d’arbres coupé au forêt de Rohanne. Si jamais les chiffres restent les mêmes, une centaine d’arbres de ± 50 ans coupés par an, il faudrait 5000 arbres qui ne servent que a ça si on ne veut pas enlever le bois de la ZAD dans la durée. Je pense que c’est safe de dire qu’il n’y a pas consensus pour une telle coupe au sein de l’occupation.

Pour autant on continue. J’ai eu des discussions interindividuelle avec des personnes partisannes de la coupe d’arbres et on me sort des arguments comme « non, on va quand même pas chauffer avec des palettes de récup, on va encrasser nôtre poele », « j’ai étudie la gestion forestière » (comme quoi on veut réflechir notre rapport aux arbres à travers d’une science qui exists pour rentabiliser les forêts), « les haies, ce n’est pas de la nature, ça fait partie de la paysannerie », « les gros chênes devant Bellevue, on devrait tous les couper, car dessous il ne pousse pas de haie pour couper le vent ». Bref ses discussions, qui baingent dans le « j’ai un intérêt a satisfaire et du coup je cherche tout argument pour faire passer » m’ont pas donner envie d’aller discuter au réunions qui, chapeau pour le groupe bois, ont été prévus et on eu lieu, car j’ai l’impression que la mentalité est de « convaincre si on peut, vaincre s’il faut ». Les solutions de ces désaccords ne se trouvent pas dans des discussions avec des bucherons professionnels ou autres techniciens. Ces démarches seraient chouettes et propices si tout la zone ferait le choix par rapport la coupe que fait acadabois, ce qui n’est pas le cas.

On sait très bien qu’il y a désaccord. On n’a pas vraiment besoin de plein de réunions pour le savoir. Du coup soit le groupe qui prends l’initiative propose autre chose qui peut faire compromis et qui peut s’approcher plus d’un consensus souhaitable, soit illes abandonnent, soit illes font quand même et il faut aller faire du rapport de force pour les empêcher. Je refuse de fliquer, surveiller et faire des rapports de forces avec mes camarades de luttes, du coup un moment ce genre de situation, ou l’accumulation de celles-ci, finit par faire rupture.

Ce que je trouve primordial pour fonctionner ensemble c’est de pouvoir, face à de l’opposition, mettre de côté ses intérêts, accepter qu’on ne peut pas forcément faire se qu’on a envie de faire pour montrer qu’on respecte les avis des autres, même si on n’est pas d’accord. On peut revoir des projets à la baisse, trouver du bois de récup, accepter de chauffer en parti avec des palettes, mieux isoler les cabanes, mettre des poêles turbo qui consomment moins, planter des arbres têtards pour récolter du bois sans devoir couper des arbres qui ont 50 ans, etc.

Comment faire avec des critiques ?

Être remise en question est toujours (un peu) perturbant. On peut être en dessaccord avec des analyses, on peut ne pas comprendre ou devoir faire face à des rumeurs grossies et des paranos. On peut se méfier des intentions de celui qui critique (sans forcément devoir le dire). Par contre on ne peut pas ignorer qu’il y a un probème. Il va falloir le prendre au sérieux.

« On a qu’a arreter de fonctionner par consensus »10. Une manière particulièrement déplacé pour répondre au critiques sur des prises de pouvoir est de dire que c’est la faute de la prise de décision par consensus. Pour autant, ça n’a pas manqué. Soit disant, il y a toujours qq qui s’oppose, du coup on ne peut jamais rien faire. De plus, il y aurait des personnes qui s’oppose pour le sport11.

Décrire le consensus comme une finalité, il y qq qui s’oppose du coup on est foutu, on ne peut rien faire, est pour moi une vision tout à fait tordue. Quand il n’y a pas consensus, c’est plutot révélateur de qq chose. L’important étant de comprendre pourquoi il n’y a pas consensus, et pourquoi on était en décalage avec d’autres par rapport à la proposition qu’on a fait. Si l’envie est de faire commune, le consensus est un excéllent outil pour garantir qu’on ne passe pas au dessus des desaccords juste parce qu’on est plus fort.e, plus nombreux, … C’est un départ, pas une finalité. En ce sense, l’exigence de consensus est la rémède à vos prises de pouvoir. Le présenter comme en étant la cause est abusif.

Comparer le consensus à l’unanimité12 est bien à coté de la plaque, car l’unanimité est un modèle de vote et tant que j’ai vu, on ne fonctionne pas par vote. De faite on ne fonctionne déjà pas par consensus stricte. Le sens commun nous permet des fois de passer outre un.e individu.e qui est complètement irraisonable, qui n’a aucune alternative à proposer, et qui se trouve en décalage avec tout le monde. C’est questionnable, mais c’est comme ça qu’on fonctionne actuellement. Par contre ce que j’entends de la part de certains membres du CMDO à travers leurs paroles et pratiques, c’est qu’on aimerait bien pouvoir aussi passer au dessus une grande parti des habitants de la zone quand ceci arrange nos intérets ou opinions. Pour cela le consensus est certe gênant. Raison de plus d’être méfiant de vous.

Une autre réaction typique et pas propice que j’ai entendu sur la réu du 4 mai de la part de qq du CMDO était : « On veut bien continuer à réflechir au processus de prise de décision sur la zone si la prochaine fois on ne se focalise plus sur le CMDO » et le rajout d’un deuxième membre du groupe : « et sinon, ça sera sans nous ». Quand vous prenez des initiatives, vous êtes partie prenante. Dire « on veut bien entendre des critiques et aménager qq trucs, mais de toute façon le projet aura lieux » est une manière de déposseder le collectif de sa légitimité de décider ensemble et essayer de s’approprier un pouvoir qui se veut supérieur à l’opinion d’autrui. La décision sur quand on trouve que le problème est résolu appartient au collectif, et non au group accusé.

Comment faire quand on sent ses limites dépassées ?

Après l’action à la Vacherie, qui est pour moi régrettable, des personnes de COPAIN sont énervés. Leur réponse c’est de venir « nettoyer » la route, un espace de vie, sans se faire chier à trouver un accord avec les habitant.e.s sur place. On essaie d’intervenir pour limiter la casse en insistant qu’illes viennent discuter en même temps qu’on négocie avec des habitants de la route pour qu’illes accèptent que l’aménagement de la route soit prise en charge collectivement. Les deux côtés (sans avoir pu discuter avec tou.te.s, sous pression du temps) acceptent les propositions respectives. La veille de la réu à Lama faché ou les COPAINs viennent, une personne de la ZAD me clarifie : « Demain on ne vient pas tant discuter avec les gen.te.s que leurs informer de ce qu’on va faire ». Je ne peux pas soupsonner cette personne de naivité politique. Elle sait parfaitement que c’est inacceptable. C’est ce que je comprends par une prise de pouvoir.

Que des zadistes ai fait de la merde à la Vacherie n’excuse auqunement la réponse, qui impacte d’ailleurs bien d’autres personnes que celles qui étaient à la Vacherie. De la part de camarades politiques je m’attendrais à ce qu’on raisonne COPAIN, plutot que de s’allier avec elleux car leur position arrange vos intérets/opinions sur la question.

La situation de la D281 était en effet un problème qu’on a trôp laisser dégénerer, dans laquelle on n’a pas laissé assez de place au vécu des gen.te.s de l’extérieur. On n’a pas été suffisament responsable en tant qu’occupants, car je ne trouve pas que c’est aux personnes de l’extérieur d’aller chercher tou.te.s habitant.e.s autour de la route pour construire un consensus, mais nous on devrait le faire.

Appart du déni entendu dans la réu des habs la même semaine face au critiques des prises de pouvoir, c’est gros de voir comment après coup la prise de pouvoir est présenté comme un accord collectif13. La tentative de limiter la casse a été récuperé pour prétendre qu’il y avait un accord collectif. Ce processus pourri dans 2 semaines et 3 réunions ne peut passer pour collectif et prétendre autrement c’est reécrire l’histoire.

Si accord il y a eu, engageant que les personnes présentes sur ces réunions, c’est que d’un côté a été entendu que la sécurité des habitant.e.s est important, et qu’il faut mettre en place des ralentisseurs qui obligent à reduire la vitesse et de l’autre côté qu’on ne veut pas empêcher les paysans de passer en tracteur et que les chicanes, trous ou autres obstacles devraient respecter les mésures nécessaires pour que ça passe.

Rien que cette expérience me prouve que prises de pouvoir, il y en a, et qu’intention d’en faire il y a aussi. Face aux critiques des prises de pouvoir, il me paraît donc nécessaire de s’exprimer. D’abord de reconnaître, et puis de s’engager de ne plus fonctionner comme ça. Si vraiment on est pas d’accord sur l’analyse de quand même s’exprimer dessus et proposer un fonctionnement clair auquel on est prêt à se tenir et obligatoirement s’adapter au collectif par rapport à la question si la proposition est acceptable/ suffisante.

Des fois on est exasperé des comportements reloux ou on est en fort désaccord politique. Pour moi la réponse à ce genre de situation ne peut pas être de s’auto-convaincre qu’on a plus raison que les autres et libérer son mépris de classe, ni de considérer qu’on est légitime faire de la merde à son tour. On est plein à perdre du temps à gérer des situations de merde, mais ce que j’attends d’un groupe comme le CMDO en ce moment c’est bien de s’engager à ne pas en rajouter et de l’exiger de ses membres. Et oui les alternatives sont long, laborieux et des fois chiant, mais souvent elles fonctionnent. Si on en peut plus faut prendre des vacances.

Pour en finir…

Dans le processus actuel autour des prises de pouvoir et autour du CMDO il y a un gros problème. On n’est jamais passé par la case reconnaissance. Soit il y a déni, soit on fait comprendre qu’on à des convictions et du coup on n’hésitera pas de refaire de la merde pour les défendre. Bien sûr on peut mettre en place des choses pour rendre plus difficile les prises de pouvoir, mais sans reconnaissance, sans engagement, il reste que 2 options, le flicage et la méfiance permanent ou une rupture totale. Si on agit pas collectivement, la rupture implique que de plus en plus de personnes chouettes vont partir « volontairement »14. J’espère qu’on trouve une solution plus agréable.

J’ai plutot été impressionné tout ces années par la patience et la persistance des paysan.ne.s qui sont nos voisin.e.s. Ce n’est vraiment pas toujours facile de vivre sur la ZAD et illes subisses des comportements reloux. Pour autant illes sont toujours là à faire des AG avec nous, à voir aussi le positif, à nous soutenir à plein de moments. Je le considère preuve de bienveillance et de sagesse de leur part. Il faut qu’on prend soin d’elleux. Je partage avec le CMDO ce soucis, mais j’exige la même bienveillance entre nous. Qu’on cherche à s’inspirer plutot que de ce faire des rapports de force pour imposer une vision ou une autre.

Ps : Désolé de vous faire lire un pavé, mais je n’ai pas trouvé comment l’exprimer plus succint sans faire trôp de racourcis.

1Par squeezer ici je comprends pas tant « oublier », mais plutot se faire écarter, étouffer, faire partir « volontairement ».

2Par généralisation j’entends synthétiser des tendances générales, majoritaires, ce qui n’empeche pas que des individu.e.s d’être ne se retrouvent pas dans les cases. C’est important par contre de pouvoir mettre des mots sur ce qui nous traverse.

3Il y bien beaucoup plus de pratiques sur la ZAD qui me posent problème, mais la je parle des prises de pouvoir qui ont été dénoncé ces dernières semaines.

4Les zadistes on d’ailleurs déjà réussi a faire partir des voisin.e.s la ou Vinci avait échoué, alors la crainte n’est pas infondée et on devrait sûrement plus s’en occuper de ce problème.

5Texte dans le ZN direct après l’action à la Vacherie (28 mars)

6Une dizaine des personnes armées de barres de fer débarquent au lieux de vie de PJ qui s’est enfuit juste avant. Illes finissent par sortir les derniers affaires qu’il n’a pas emporté pour les bruler.

7« Je ne veux pas participer au non-marché, car c’est de l’asistanat » pour donner qu’un example.

8Liste largement non exhaustive.

9A l’exception de comment défendre la D281 à des moments, et récemment pas mals des habitan.te.s de cette route aient bien accepté qu’on s’en occupe plutot de manière collective.

10Voir texte de M. des sens noms dans le ZN de 28 mars, plusieurs prises de paroles pendant des réunions.

11Des fois il y a des personnes qui peuvent paraître irraissonable ou très retranché dans des visions très radicales difficilement conciliable avec d’autres points de vue, mais vous donnez déjà une réponse à ce genre de problèmes dans votre texte apparu il y a 2 semaines dans le ZN : « Le fait de croire dans la nécessaire solidarité entre composantes ne nous épargne absolument pas d’aller prendre vertement la tête à l’acipa ou d’autres, [ … ] dans des situations de dissociations [ … ]. On a l’impression que ces critiques peuvent d’autant mieux être entendues et faire évoluer des choses qu’une certaine confiance à pu se bâtir, par ailleurs, sur d’autres plans, petit à petit et dans la durée, avec les personnes concernées. » Faudra juste avoir la même constructivité pour créer une certaine confiance avec les habitant.e.s de la zone comme vers l’extérieur.

12texte CMDO ZN de 2 mai 2017

13Dans les AG du mouvement notamment

14Processus déjà en cours