Déclarations du compagnon :

Je suis sorti de Fleury il y a un mois et je n’avais toujours pas eu l’occasion de fêter ma sortie avec ma compagne. Samedi dernier nous sommes donc allés au cinéma, puis après avoir déposé le gamin chez sa grand-mère nous sommes ressortis pour boire un verre à l’intra-muros.

Saint-Malo étant une petite ville les endroits pour sortir se comptent sur les doigts de la main. Faute de choix, nous sommes allés danser dans une boite bien pourrie sur de la musique de merde. Mais on s’en foutait, on avait juste envie d’être un peu joyeux après des mois de galères (voire des années, si on compte ma cavale et les 2 peines précédentes).

Pour une fois nous pouvions passer une soirée comme madame et monsieur tout le monde sans avoir à se cacher et falsifier nos identités.

Enfin, c’est ce que nous pensions.

En fin de soirée, lorsque nous attendions un taxi pour rentrer ma compagne s’est sentie mal et a eu un malaise. Nous n’avions pas mangé, ajoutant à cela un peu d’alcool et des heures à danser dans une salle surchauffée, la compagnonne est tombée dans le coma.

Même si je ne montrais rien, j’étais réellement affolé. Mais comme je pensais qu’ayant accompli la totalité de toutes mes peines et n’étant pas recherché, je pouvais profiter de l’aide des pompiers, j’ai décidé, pour changer en pareille situation, de ne pas me débrouiller par moi-même en volant une voiture, mais d’appeler les pompiers comme tout le monde. J’étais conscient que ceci préviendrait de facto les services de police qui auraient alors mon identité.

Ce fût une grossière erreur.

Les flics sont arrivés avec les pompiers, ils ont pris nos identités puis les pompiers ont transporté la compagnonne et moi-même comme accompagnant, jusqu’à l’hôpital.

Une fois à l’hôpital la compagnonne était toujours dans le coma. J’ai insisté pour rester auprès d’elle mais ça m’a été refusé. J’ai alors décidé de rentrer à la maison avec dans l’idée de revenir à la première heure.

Ce dont je ne me doutais pas, c’est que les flics avaient pendant ce temps passé nos identités dans le terminal. Ils savaient donc qui j’étais.

Quand je suis sorti de l’hôpital une voiture de flic était garée devant et 4 flics debout m’attendaient à côté de la voiture.

Ils ont gueulé : « eh Camélio, amène nous tes papiers pour vérifier ».

Je n’avais rien à me reprocher donc je leur ai donné. Un flic a ajouté: « tu as un couteau ? ». Ce à quoi j’ai répondu que oui, bien sur, j’ai toujours un couteau sur moi. Il m’a demandé gentiment de lui montrer, je me suis exécuté puis il me l’a arraché des mains pendant que les 3 autres me sautaient dessus au même moment.

A terre, les menottes dans le dos, ils m’ont tabassé jusqu’à être à bout de souffle. J’ai essayé de me débattre un peu car c’était vraiment trop et sur le coup j’ai eu peur qu’ils me tuent. Ils m’ont tellement étranglé que j’ai perdu connaissance. A mon réveil les coups pleuvaient toujours. Même inconscient, ils ont continué à me rouer de coups.

Puis ils m’ont embarqué et jeté en cellule. En cellule ils m’ont laissé sans manger ni me donner un simple verre d’eau. J’avais très mal partout et j’ai dû réclamer un docteur pendant des heures. Ils ont fini par accepter que je voie un docteur lorsqu’au bout de 20 heures dans cet état j’ai menacé de faire prévenir mon avocate à Paris en précisant qu’il ne s’agit pas d’un commis d’office mais d’une avocate on ne peut plus compétente.

Le médecin est venu, affolé par l’état dans lequel j’étais, il a lui-même insisté pour me faire un certificat médical détaillant une partie de mes lésions et précisant que mon état justifiait 3 semaines d’ITT ainsi qu’un suivi hospitalier conséquent. Le médecin est allé entretenir l’OPJ pour lui dire que j’avais ce certificat et qu’il n’avait pas intérêt de disparaitre lors de ma GAV.

J’avais très mal mais le pire était qu’ils ont refusé tout le long de me donner des nouvelles de ma compagne. La dernière fois que je l’avais vu elle était dans le coma.

J’étais paniqué à l’idée que ma compagne ne se soit pas remise, et j’étais paniqué à l’idée du petit certainement perdu, ne comprenant pas ce qu’il se passe de ne pas nous voir revenir le chercher.

Par bonheur ma compagne est sorti de l’hôpital le lendemain, elle a pu rentrer sans trop de problème. Elle s’est douté que les flics me retenaient, elle est donc passé au commissariat plusieurs fois et les a appelés régulièrement. Heureusement, car malgré qu’ils en soient forcé par la procédure, ils ne l’avaient pas prévenue. Ils lui ont dit que j’allais sortir dans la journée mais je ne suis pas sorti. La dernière fois que ceci s’est produit elle m’avait revu 8 mois après…

Bref, je viens de sortir aujourd’hui, ils m’ont relâché vers midi après 2 nuits de GAV. Le parquet n’a pas décidé de comparution immédiate et suite à la menace que j’ai faite de prévenir mon avocate ainsi qu’au certificat médical fait par le médecin les 4 flics ont décidé de retirer leur plainte (et oui, c’est un comble mais ils pensaient porter plainte les cons !).

Je suis tout de même convoqué au tribunal correctionnel de Saint-Malo le 13 mars prochain pour comparaitre avec des accusations d’outrage et rébellion.

Suite aux coups que j’ai pris ; ma main droite est fracturée, je suis complètement sourd de l’oreille droite, j’ai de nombreux gros hématomes sur les bras, le dos, les côtes et les jambes ainsi que de grosses bosses sur le crâne et des plaies dans la bouche. Mon cou me fait énormément souffrir à cause de la violente strangulation et j’ai beaucoup de mal à respirer (il m’est impossible de remplir les poumons en entier).

Je ne me plains pas, je détaille, la seule chose que je regrette c’est d’avoir été dans la totale incapacité de rendre les coups. J’ai une envie furieuse de vengeance mais je ne peux pas, maintenant que j’ai des attaches ils me retrouveraient trop facilement.

Je ne souhaite aucune réparation judiciaire, j’emmerde la justice et je ne suis pas une victime.

Je ne revendique aucun statut d’innocent, quand bien même, et ce coup-ci c’est un fait, je ne serais coupable de rien.

Cette agression n’est rien de plus qu’un nouveau fait d’arme de l’ennemi à l’encontre des compagnons-nes engagé(e)s dans la guerre sociale.

En ce moment mes pensées vont à Krem et Kara ainsi qu’à tou(te)s celleux qui restent insoumis-es malgré les forces décuplées de nos adversaires autoritaires.

Pour la solidarité, par la vengeance et la conflictualité permanente !

Damien

 

Mise à jour:

Le compagnon vient de sortir de l’hôpital aujourd’hui 01/08/2017 à 19h, les lésions les plus graves sont une fracture de la diaphyse du 5e métacarpe (main droite) justifiant 42 jours d’ITT et le tympan droit perforé pouvant entrainer des séquelles irréversibles (surdité).