– Lundi 20/02 café le chat noir, 13 Allée Duguay Trouin, Nantes
« Devenir ingouvernable »
CR complet de la soirée (écrits/audios par ici)

On aura entendu dans la soirée plusieurs réponses à cette question d’échapper à la domination politique. Réponses divergentes selon que l’on regarde du point de vue d’un espace géographique occupé et géré collectivement, ou qu’on se place du côté de pratiques individuelles dans un espace social.

Un territoire ingouvernable ? Des exemples ont évoqué des expériences concrètes et vivaces, de la Zad de Notre Dame des Landes au Chiapas zapatiste, en passant par le confédéralisme démocratique du Rojava kurde, via la plus éphémère (dix jours) Maison du peuple à Rennes.

Des expériences créant du commun, des usages et des cultures de vie collective, même si la notion d’être ingouvernable, et comment (autogestion, commune, etc.), n’a pas été vraiment creusée. Ce qui représente sans doute un autre débat possible, autour des moyens à envisager pour assumer une sécession par rapport au système capitaliste, aux Etats et leurs gouvernements dit démocratiques, mais s’affirmant de plus en plus autoritaires ?

L’autre réponse apportée au thème du débat, devenir ingouvernable, certain·es l’ont exprimé par la reprise individuelle, le vol, l’auto-réduction, la fraude aux transports en commun, sans ticket, voire pour un intervenant par la revendication d' »incivilités » sur les boîtes aux lettres…

Questions restées en suspens :

– comment rendre désirable le fait d’être ingouvernable ?

– comment rendre ingouvernable ce qui est désirable ?

– dans une perspective révolutionnaire, quand commencer à être ingouvernable, avant, après, pendant l’avènement du Grand Soir ?

– qu’est ce que ça veut dire être ingouvernable quand on est syndiqué·e ? mineur·e ? blanc·he ? contribuable ? au RSA ? déjà ronchon·ne de naissance ? etc.

– comment s’auto-gouverner ?

et bien d’autres….

La forme du débat dans une double salle de bistrot bondée, obligeant une prise de parole au micro, n’aide pas à ce que chacun·e se sente à l’aise pour s’exprimer facilement. Chacune, surtout. D’autant que le niveau de langage et d’analyse posé en préambule a pu gêner certain·es.
Mais les discussion plus informelles après le débat, sur le trottoir ou dans la salle, échappent évidemment à une vision d’ensemble. C’est déjà une manière de se montrer ingouvernable même vis à vis d’une tentative de compte rendu d’automédia.

– Mardi 21/02 Maison des Cityoens du Monde, 8 rue Lekain,Nantes
« Espoirs, désillusions : la gauche au pouvoir, Grèce, Espagne, France »

Encore une salle comble, à la Maison des Citoyens du Monde, pour une discussion sur les espoirs et désillusions de la gauche au pouvoir. Plus de cent personnes ont assisté aux échanges.

Après une mise en contexte historique suivie du témoignage précis d’un militant syndicaliste catalan sur les revirements de la gauche radicale à Madrid et Barcelone, le débat s’est poursuivi pendant près de deux heures. Il a été question du pouvoir de neutralisation des luttes par la gauche lorsqu’elle arrive au pouvoir, des expérimentations locales en dehors des logiques de conquêtes du pouvoir, de questions tactiques, d’hégémonie culturelle aujourd’hui très à droite, mais aussi de la situation qui nous occupe en France, avec un PS en état de décomposition, qui tente de ressusciter grâce à l’artefact Hamon.

Comment faire vivre nos luttes dans le contexte particulier de cette campagne présidentielle hautement volatile, dans une situation de discrédit général de la classe politique avec l’état d’urgence en toile de fond ? Comment réussir à créer des liens transversaux entre les différentes forces qui se sont mises en mouvement durant le quinquennat socialiste ? Les Nuit Debout n’ont pas donné lieu à un mouvement électoraliste comme en Espagne et en Grèce, la force de proposition des occupations de Places reste une des hypothèses à laquelle on peut songer pour les semaines et mois à venir.

-Mercredi 22/02 Centre Culturel Kurdes, La Rabotière, Saint-Herblain
Déjouer l’état d’urgence, lutter contre l’état d’exception : regards croisés Turquie-France. Le confédéralisme démocratique, ou comment vivre sans Etat

Regard croisé sur l’état d’urgence : une centaine de personnes au Centre Culturel Kurde

Le centre culturel Kurde de Saint-Herblain, qui accueillait la troisième soirée de la semaine de résistances, était plein mercredi soir. Nous avons évoqué la lutte du peuple kurde et l’état d’urgence mis en place par Erdogan en Turquie, entre autres sujets.

Un échange dense a permis d’aborder à la fois les récents massacres commis par l’armée turque dans plusieurs villages Kurdes, le racisme d’Etat en Iran et en Turquie contre les minorités, le rôle central des femmes kurdes qui s’organisent en non-mixité pour déployer une langue et des méthodes qui leurs sont propres, y compris dans la guerrilla. Les intervenants kurdes ont dressé un bilan du mouvement de la Place Taksim en 2013, qui s’est soldé par une défaite, faute d’implication du monde ouvrier. Ils ont évoqué la lutte armée qui se conjugue avec le jeu de la vie politique traditionnelle (avecle parti multiconfessionnel et progressiste HDP qui prend part aux élections, alors que le PKK mène des actions d’autodéfense), mais aussi le rôle central de l’armée dans l’histoire Turque, et de la récente mainmise d’Erdogan sur les militaires.

Une intervenantes expliquait la teneur de l’état d’urgence mis en place depuis juillet dernier : « en Turquie, tous les gens présents à cette soirée seraient considérés comme terroristes juste parce qu’ils m’écoutent », avant d’expliquer que l’état d’exception était une façon, pour le pouvoir, de se protéger au niveau diplomatique, puisqu’il permet de déroger aux conventions internationales sur les droits de l’homme. La France a fait de même en novembre 2015. L’état d’urgence en Turquie est donc d’avantage une disposition vouée à la politique extérieure, puisqu’à l’intérieur, la répression était déjà très élevée auparavant et continue de l’être.

Enfin, un référendum est organisé par Erdogan, pour faire valider le passage à un régime semi-présidentiel. Mais le « non » a des chances de l’emporter, ce qui rebattrait les cartes du jeu politique. Affaire à suivre.

On ressort de cette soirée avec la conviction qu’il faut renforcer en France les solidarités avec l’expérience politique menée par les kurdes au Rojava, et témoigner nos solidarités avec les résistances à l’Etat autoritaire Turc.

– Jeudi 23/02 Café l’Annexe, 36 rue Léon Jamin, Nantes
Comment se maintient le régime ? Une histoire de la police

Encore plein de monde pour la soirée au café l’Annexe, autour du sujet : « comment se maintient le régime, une histoire de la police ». En guise d’introduction, nous sommes revenu sur la génèse de la police, en remontant depuis le Moyen Age, avec la rationnalisation progressive de la gestion territoire, y compris à l’aide de gens d’armes. C’est en France, avec la Révolution puis la période Napoléonienne que s’inventent la police moderne, le maintien de l’ordre et les services de surveillances des classes dangereuses. La police devient un outil adaptable et obéissant sous tous les régimes, républicains, monarchiques ou impériaux. Et fascistes. Nous avons ensuite évoqué le viol de Théo à Aulnay-sous-Bois et la vague d’agitation qu’il suscite. Ce crime permet de passer en revue l’histoire contemporaine de la répression, la logique coloniale de la police française, avec une rétrospective sur les doctrines contre-insurrectionnelles forgées en Algérie, la militarisation de l’espace, comme on l’a vu à Aulnay, Paris ou Nantes ces dernières semaines, et le nouvel arsenal du maintien de l’ordre – balles en caoutchouc, grenades – qui inaugure une banalisation du tir en direction de la foule, une individualisation de la violence qui s’inscrit dans la chair.

Les échanges ont été ponctués de coupures de courant dans le bar, qui apportaient des intermèdes de légèreté à la dureté des éléments évoqués. Il aurait sans doute manqué un point de vue sur les autres moyens de coercition : management, psychiatrie, prison, pour bien saisir comment se maintien le régime. La discussion s’est poursuivie pendant près de deux heures, avant de se disperser en échanges en petits groupes autour d’un verre. Beaucoup de têtes inconnues au débat de ce jeudi, avec l’arrivée progressive de camarades à l’approche du week end.

– Vendredi 24/02 Café les Docks, 1 boulevard Léon Bureau, Nantes
Mai 68 : la « Commune » de Nantes

Samedi 25/02 à B17, 17 rue Paul Bellamy, Nantes
Assemblée de Génération Ingouvernable