Facebook a acquis un tel pouvoir de nos jours que cela met en danger la Liberté et la démocratie. Ses règles concernant ce qui peut être publié reviennent à une censure de la société dans son ensemble et conduisent à des différents politiques. Mais ces différents détournent notre attention de l’essentiel, qui est qu’aucune entreprise ne doit posséder un tel pouvoir.

Les expériences de facebook ont montré que cette société a le pouvoir de manipuler les élections au moyen de changements subtiles dans ses règles. Qu’elle l’ait déjà fait ou non, il n’en reste pas moins que cet état des choses est dangereux.
De nombreuses organisations entretiennent une page facebook pour chercher du soutien. L’existence de cette page ne nuit pas directement à l’organisation mais sans un minimum de précautions, elle augmentera le pouvoir de facebook.
En général les organisations ont une page Facebook pour essayer d’obtenir le maximum de visibilité. Or les ingénieurs de facebook ont conçu un système sournois dans lequel, pour obtenir une visibilité maximale, on doit renforcer le plus possible le pouvoir de cette société. Le moyen le plus radical pour éviter cela, c’est de refuser d’avoir une page facebook. Cependant il y a peut-être un moyen de trouver un compromis dans lequel on attire le soutien du public sans trop augmenter le pouvoir de Facebook. Dans cet article nous proposons un compromis de ce type.

 

Principes généraux

  • Faites de votre site web l’endroit où il faut aller pour avoir tous les renseignements sur votre organisation. Quoi qu’on veuille savoir, c’est sur le site web qu’on doit le trouver.
  • Dites sur la page Facebook que le site web de l’organisation est la meilleure source d’information. Demandez explicitement aux gens de toujours mettre en lien le site web, jamais la page facebook.
  • Adoptez cette devise: « Facebook est mauvais pour les gens. Quand ils nous trouvent sur Facebook, nous leur montrons le chemin de la sortie et c’est ailleurs que nous leur parlons. »

Ce qu’il faut mettre sur Facebook; ce qu’il ne faut pas mettre

  • Sélectionnez ce que vous mettez sur Facebook pour que le site Web soit clairement la meilleure source d’information sur l’organisation.
  • Mettez sur Facebook de nouveaux articles ou annonces importantes de l’organisation, mais seulement la moitié, à peu près. Puis dites sur la page Facebook: « Consultez notre site web, il y a beaucoup plus d’infos là-bas ! »
  • Mettez des fichiers GIF animés présentant le point de vue et les idées de votre organisation – mais moitié moins que sur votre site Web.
  • Quand vous annoncez un événement sur Facebook, ne dites pas tout. Donnez le lieu, la date, l’heure et une brève description, assez pour que les gens viennent s’ils le souhaitent – mais donnez un lien vers la page de votre site qui décrit cette réunion et réservez pour cette page une partie des informations intéressantes sur l’événement.
  • Mettez la même liste de résumés d’événements sur le site Web, pour que les gens en quête d’un résumé n’aient pas l’impression qu’ils trouveront mieux sur Facebook.
  • Sur la page Facebook de l’organisation, n’actualisez pas tous les champs d’information temporaire. Lorsque le site Web change de manière signi?cative, indiquez-le seulement par quelques mots dans le champ Statut.
  • Sur le site Web de l’organisation, donnez aux visiteurs qui le souhaitent un moyen d’être avisés des changements et de recevoir les nouvelles annonces, pour qu’ils n’aient pas besoin de recourir à Facebook pour cela.
  • Ne donnez sur Facebook aucun renseignement sur les personnes qui participent à vos événements — surtout pas leur nom. Respectez leur vie privée ! Ne faites d’exception que pour les noms des conférenciers ou professeurs, dans le cadre de la description préliminaire des activités.
  • En particulier. ne mettez pas de photo montrant des personnes. Souvenez-vous que Facebook les identilie sur la photo d’après leur visage ou même d’après l’arrière de leur tête. Ne montrez aucune tête sur Facebook, quel que soit l’angle de prise de vue.

Évitez la messagerie Facebook !

  • Indiquez sur la page Facebook que les personnes souhaitant s’adresser à l’organisation doivent le faire par d’autres systèmes et NON par la messagerie Facebook. Dites quels systèmes vous préférez et donnez les noms ou les identifiants des comptes à utiliser.
  • Les autres systèmes de communication peuvent avoir d’autres faiIIes. A Ia Free Software Foundation (FSF), nous nous servons surtout du courriel et du téléphone; nous utilisons SIP pour la communication audio ou vidéo sur Internet, mais jamais Skype parce que Skype nécessite un logiciel client « privateur ». Ce qui est essentiel ici, c’est que TOUTE méthode de communication autre que Facebook et WhatsApp (propriété de Facebook) éloignera les gens de Facebook.
  • Si quelqu‘un vous envoie un message Facebook en dépit de votre demande, répondez en disant : « Continuons cette conversation par le système X. Y ou Z. Nous ne voulons pas donner d’information supplémentaire à Facebook sur notre organisation ou ses contacts, y compris sur vous. »

Évitez d’aider ou de promouvoir Facebook !

  • No mentionnez pas la page Facebook sur votre site Web ou autre document en ligne. La page Facebook est pour ceux qui Ia cherchent sur Facebook.
  • N’affichez pas de bouton Like sur vos pages Web. Facebook utilise les boutons Like présents sur les sites tiers pour suivre tous leurs visiteurs à la trace. Le bouton traque même les visiteurs qui n’ont pas de  compte Facebook.
  • Une autre raison de ne pas avoir de bouton Like est que ce bouton incite les gens a s’impliquer davantage dans Facebook.

Comment communiquer avec Facebook de manière sûre

Facebook utilise de nombreuses méthodes pour se procurer des données personnelles. Certaines sont assez sournoises. Voici quelques suggestions pour vous protéger du pistage lorsque vous travaillez sur la page de l’organisation. Elles ne fonctionneront peut-être pas complètement si vous avez vous-même un compte Facebook, mais c’est votre responsabilité.

  • Pour assurer la maintenance de la page de l’organisation, créez un compte sous un alias. Donnez de faux renseignements plausibles, sans connotation humoristique et sans rapport avec vous. Ensuite. n’utilisez JAMAIS ce compte pour quoi que ce soit, saut pour vous occuper de la page de l’organisation. Facebook n’aura jamais aucune raison de mettre en doute les données de votre compte.
  • Si plusieurs personnes gèrent la page de l’organisation, donnez à chacune un compte séparé sous un alias. Ne mettez pas un même renseignement dans deux comptes.
  • Créez deux comptes de secours sur le même modèle.
  • La seule manière plus ou moins sûre de se connecter sur Facebook est d’utiliser un navigateur. Ne vous connectez JAMAIS avec l’application mobile de Facebook, car cela nécessite de lui donner accès a d’autres informations présentes sur votre appareil mobile, comme votre carnet d’adresses personnel, vos SMS, votre agenda et autres données con?dentielles. Cela peut révéler vos données personnelles et celles d‘autres personnes. Cela peut même révéler des informations sensibles et vous causer du tort, à vous ou à des gens que vous connaissez. Ne soyez pas surpris: l’application est constituée de logiciel « privateur » (ce qui est en soi une injustice ; voir https://fsf.org/tedx) et il est courant que le logiciel « privateur » espionne ses utilisateurs (voir https://gnu.org/proprietar/proprietary-surveiIIance.html).
  • Le plus sûr est de ne se connecter sur Facebook qu’à partir du bureau de l’organisation, avec un ordinateur appartenant à l’organisation.
  • S’il vous arrive de vous connecter à Facebook avec votre ordinateur personnel (plutôt que celui du bureau de l’organisation), faites-le de la façon suivante : installez Tor Browser Bundle (navigateur destiné au réseau de Tor, disponible pour Windows et Mac OS aussi bien que pour GNUI Linux) et utiIisez-Ie pour vous rendre sur https://facebookcorewwwi.onion/ au lieu d’aller sur Facebook directement. Cela empêchera Facebook de vous géolocaliser ou de déterminer votre adresse IP.
    • Remarque : le site facebookcorewwwi.onion.to est « bidon ». Ne vous faites pas avoir!
  • N’indiquez jamais votre présence a proximité d’un lieu, quelle que soit l’insistance de Facebook.
  • Sur l’ordinateur, créez un compte local séparé pour chaque compte Facebook. Connectez-vous a partir de ce compte local et ne l’utilisez jamais pour autre chose.
  • Si vous ne créez pas de compte utilisateur local particulier pour communiquer sur Facebook, supprimez les cookies IMMEDlATEMENT après chaque connexion a Facebook : pas seulement une fois par jour ! Facebook s’en sert en effet pour surveiller le reste de la navigation Web provenant du même compte. Beaucoup de navigateurs vous permettent de définir une con?guration qui traite tous les cookies comme des cookies de session. Leur suppression sera automatique à condition de quitter le navigateur après chaque utilisation de Facebook, ce qui est conseillé.
  • Par principe, il est recommandé d’utiliser un navigateur comme IceCat qui bloque les systèmes de pistage présents dans les pages Web, en particulier les boutons Like et la plupart des publicités.
  • Ne permettez pas à Facebook d’accéder au moindre compte réel sur d’autres sites. Si Facebook exige des informations sur vos autres comptes, indiquez-lui des comptes-bidons créés pour cet usage et que vous n’utilisez pas vraiment. Il est acceptable de donner à Facebook les adresses de courriel publiées par l’organisation pour le contact avec le public, mais pas les mots de passe de ces comptes.

Facebook nuit aux gens de multiples manières (voir https://stallman.org/facebook.html) et il n’y a pas moyen de les éviter complètement. Nous espérons que cette approche de compromis béné?ciera à votre organisation tout en lui évitant de se faire instrumentaliser par Facebook. Il existe par ailleurs d’autres réseaux sociaux pouvant répondre à vos besoins. Beaucoup de réseaux sociaux centralisés bien connus sont moins intrusifs que Facebook, mais il y a encore mieux: GNU Social et Diaspora respectent les droits de leurs utilisateurs grâce a une architecture décentralisée basée sur des logiciels libres. Pourquoi ne pas les essayer ?

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Le Dr Richard Stallman est président de la Free Software Foundation (gnu.org – fsf.org)