A Nantes le 3 février à 19h plusieurs centaines de personnes se sont réunies place Viarme pour protester contre la conférence d’une figure d’extrême droite dont le message principal est l’expulsion violente des réfugié.es accusé.es de tous les crimes. La contestation vise aussi la municipalité qui a offert aux fascistes une salle municipale suite au refus des syndicats d’accueillir le conférencier initialement programmé dans leurs locaux. Cette générosité est assez incompréhensible puisque par ailleurs la ville n’hésite pas à interdire les spectacles ou les manifestations qui lui déplaisent.

Sur le compte Twitter d’un responsable FN, une photo montre plusieurs dizaines de personnes parfois armées de bâtons et masquées qui gardent l’entrée de la salle municipale. Cela n’inquiète nullement la police qui préfère se placer aux coté de la milice pour interdire l’accès du cortège vers la salle. Elle n’a pas hésité à attaquer et poursuivre les manifestant.es avec gaz, LBD et grenades. La traque des manifestant.es dans les rues du quartier par la police et la milice fasciste a duré une partie de la soirée. Six personnes ont été interpellées. Dans le centre ville, un bar a été attaqué par les fascistes et des personnes ont été blessées (des faits similaires se sont déroulés à Quimper plus tard, avec le même conférencier. La police a attaqué les manifestants et arrêté trois personnes).

Le sens de cette manifestation était de lutter contre la banalisation des idées fascistes et racistes et l’implantation de milices fascistes spécialisées dans l’agression des étrangers, des associatifs et des militants. Dans cette lutte nous n’avons aucun soutien de l’Etat mais au contraire une collaboration tacite avec l’extrême droite. On sait qu’elle lui est utile comme épouvantail pour que les électeur.ices se réfugient dans le giron des partis, seulement ce n’est pas les élus qui auront à subir ses méfaits.

 

Le mercredi 6 février à 18h, place du Bouffay, des centaines de personnes se sont réunies pour protester contre le viol par des policiers d’un jeune homme à Aulnay sous bois avec une matraque télescopique (section du sphincter et déchirure de 10 cm de la paroi anale) avec coups et insultes comme « salope », « négro », « bamboula » (d’après Luc Poignant, SGP Police, « bamboula ça reste correct »…). La pratique, si elle est méconnue, n’est pas nouvelle (Bobigny 1991 ; Drancy 2015). Leur chef, Vincent Lafon, a lui même été condamné en 2004 pour avoir placé un enjoliveur dans les fesses d’un homme. En 2015, 18 adolescents portent plainte contre la police pour des violences sexuelles dans le 12e à Paris. Ces pratiques s’inscrivent dans une logique coloniale d’humiliation de la virilité des hommes noirs. Elles s’ajoutent aux autres violences et assassinats à caractère raciste perpétués par la police.

Le rassemblement nantais a commencé par des prises de paroles sur le thème des violences policières et du racisme et la dénonciation de la guerre intérieure menée par le gouvernement contre les minorités et les manifestants. Pour accéder à la place Bouffay, il fallait passer le cercle des policiers qui avaient nassé la place avant même la manifestation. Huit camions de CRS, un hélicoptère et une équipe de la BAC étaient mobilisés. A peine le cortège a-t-il commencé a avancé qu’il a été attaqué par la police et repoussé à coup de gaz et de matraques. Une trentaine de personnes ont été arrêtées. D’autres manifestations, elles-mêmes réprimées, ont eu lieu en France comme à Bobigny, Clichy, Toulouse, Marseille; Bordeaux, Rennes, Lille, Paris, Neuilly-sur-Marne sur Marne etc.

Une autre manifestation a eu lieu samedi 11, avec encore plus de monde et d’habitants des quartiers populaires. A 16h30 le cortège a défilé dans le centre ville, talonné par les CRS et la BAC. Cette fois les forces de l’ordre ont eu la prudence de ne pas s’interposer, étant donné l’escalade des réactions en France, et le cortège a pu faire deux fois le tour de la ville. Il y a eu néanmoins quelques interpellations à la suite de jets de peinture rose sur le commissariat du centre. Un bruit court que le quartier des Dervallières s’échauffe, ce qui sera confirmé par les journaux plusieurs jours après (confrontations avec la police et incendies de voitures).

Le gouvernement socialiste une fois de plus affiche son visage répressif et sa complicité avec les capitalistes, les racistes et la police. En face, la droite et l’extrême droite tentent d’instrumentaliser la situation en vue des élections par une surenchère d’autoritarisme. On peut en effet redouter que ces manifestations, à quelques semaines des élections, favorise les droites. Mais doit on pour autant rester les bras croisés ? Après les attaques menées, dans le cadre de l’état d’urgence, contre les travailleur.euses, les syndicalistes, les manifestant.es, les réfugié.es et les minorités religieuses, nous devrions rester sagement à nos places sous peine de voir pire encore arriver ? Ce chantage ne marchera pas. Les idées du front national doivent être combattues même quand c’est le parti socialiste qui les applique.