500 personnes se retrouvent sur la place à la nuit tombante. Contre les humiliations, le racisme, et l’impunité policières. Alors qu’ont lieu des prises de paroles, on apprend que plusieurs manifestants ont déjà été interpellés. Derrière une banderole « Solidarité avec Aulnay, justice pour Théo », le cortège s’ébranle, dans l’air rougi par les fumigènes. Nous sommes autour de 19H.

Un cri émerge alors de la foule « La police viole, Nantes, debout, soulève toi », ou « Zyed, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on ne pardonne pas ».

Un quart d’heure plus tard, la manifestation est déjà terminée. Place de la Petite Hollande. Encerclée par des dizaines de policiers en armures et d’ombres de la BAC, couvertes de noir des pieds à la tête, braquant le viseur lumineux de leurs armes à hauteur de têtes. Y compris celles de journalistes.

Entretemps, le cortège avait été chargé plusieurs fois, et visé par des salves de grenades lacrymogènes devant l’hôtel Dieu. Un hélicoptère braque son projecteur surpuissant sur la foule prise en étau dans une cellule à ciel ouvert, de casques et de boucliers. Des coups pleuvront sur quelques manifestants encerclés. La police ira jusqu’à gazer au sein de la nasse. Et charger ceux qui, à l’extérieur, protesteront contre la méthode.

Une deuxième manœuvre tentera d’encercler à nouveau un groupe de manifestants fraîchement relâchés. Une quinzaine de personnes sont emmenées au poste.

Nous sommes en France, en 2017. État d’urgence et fin de règne socialiste. Dans une ville où 40 militants d’extrême droite armés et casqués ont pu parader dans les rues vendredi dernier. Dans une ville où 500 personnes défilant contre un crime policier sont attaquées.

Vos répressions ne tariront pas notre seum.