Ce jeudi 8 septembre, dès 9h, des manifestant-e-s ont perturbé la première journée d’extraction de sable en baie de Lannion. Ils étaient une trentaine, devant le site Timac de Pontrieux et en ont profité pour parler avec les salariés et les automobilistes.

Une nouvelle manifestation, à l’appel de nombreuses associations et collectifs, est prévue ce dimanche 11 septembre à 11H place du Centre à Lannion.

Les membres du collectif « Le grain de sable dans la machine » ont pu échanger un peu avec les salariés. Positionnés sur la route, ils ont interpellé les automobilistes, afin de leur expliquer leur présence et leur combat. Selon Michel, membre du collectif : « Il était important de réagir vite et de cibler le site afin de faire remonter l’information dans l’ensemble du groupe. Il fallait leur dire que tant qu’il y aura de l’extraction, il y aura des mouvements. » (source)

Lundi le tribunal administratif de Rennes a rejeté un recours déposé par plusieurs communes de la baie de Lannion et une association environnementale pour demander la suspension d’arrêtés autorisant l’extraction de sable coquillier dans la baie bretonne.
Dans son jugement le juge des référés considère qu’il n’y a pas « de doute sérieux sur la légalité des décisions contestées » et ordonne le rejet des requêtes déposées. L’ancien ministre de l’Économie Emmanuel Macron avait donné son accord en avril 2015 à la Compagnie armoricaine de navigation (CAN) pour qu’elle puisse extraire du sable coquillier dans la baie de Lannion. (source)

La CAN, Compagnie Armoricaine de Navigation, filiale du groupe Roullier, a donc commencé à extraire des millions de m3 de sable coquillier d’une dune sous-marine, située entre 2 zones Natura 2000, prétendument pour les besoins de l’agriculture (intensive) bretonne. L’extraction a provoqué semble-t-il de premières conséquences inattendues pour les pêcheurs professionnels sur leur zone de pêche : Ouest-France, qui fait un topo complet sur la journée, rapporte les propos de  deux pêcheurs de la baie qui ont constaté ce mercredi après-midi « que les quantités de poissons pêchées sont deux fois moins importantes que la veille. » 
On peut aussi suivre les activités du sablier par ici : http://www.marinetraffic.com/en/ais/details/ships/shipid:172480/mmsi:227003850/imo:9171682/vessel:COTES_DE_BRETAGNE


Petit topo sur le groupe ROULLIER :

Daniel Roullier et sa famille sont classés 29e fortune de France avec 1 800 M€ de fortune.
À ses débuts, l’entreprise n’était composée que d’une dizaine de collaborateurs. Aujourd’hui, l’entreprise est implantée dans 46 pays et compte près de 7 000 employés (source) Employés qui n’hésitent pas à dénoncer les « pression très forte et turn-over élevé« , le « Peu de moyen dispo relativement a la richesse du groupe » et une « Vision court terme, pas de sens du client et encore moins du produit« . (source)
Bref les états d’âme sociaux et la notion de respect de l’environnement ou de la qualité de vie n’étouffent pas ce groupe quasi-uniquement tourné vers ses gros profits, et un petit peu la gloire aussi. En témoigne un article de 2 pages, tiré du cahier central de L’EXPRESS daté du 1er juillet 2015 et consacré au groupe Roullier, intitulé « Un poids lourd de 3 milliards et … des poussières » faisant état, de manière bien documentée, tant des problèmes de pollution provoqués en particulier par le déchargement à l’air libre de matières polluantes entrant dans la fabrication des fertilisants agricoles (potasse, azote, phosphate, sodium, …), que des inquiétudes, exprimées de manière régulière depuis 1966 (!), par les malouin.e.s sur les conséquences réelles de ces émissions sur leur santé.

Lire aussi un article des « Grain de sable dans la machine » bien complet sur la CAN chez Brest.mediaslibres.org où il est fait mention des nombreuses hypocrisies du groupe entre une communication au #Greenwashing bien rodé et ses activités destructrices lucratives, à boycotter: « Là où ça gène nous devons être. Un gravier dans un soulier empêche la bonne marche à pied ; voyons voire maintenant ce qu’un grain de sable dans un roullier va produire sur la bonne marche de l’entreprise !« 

Petit topo écolocal :

Des associations et regroupements d’opposant-e-s ont fait un travail de fond, documenté depuis des années, pour combler les manquements d’informations et projections dans le projet Macron-validé, en particulier quand à l’impact environnemental qui touchera la bio-diversité locale mais aussi, par ricochet, les oiseaux migrants comme les pêcheurs. L’industrie de la pêche qui, bien qu’a questionner dans ses pratiques (et fort heureusement certains pêchous le font), a de toute façon un poids conséquent dans les décisions des édiles. Bref le projet d’extraction de sable coquillier en baie de Lannion EST dangereux pour l’environnement, pourtant il fait l’objet d’un dossier incomplet et méprise l’avis des citoyens riverains.

La dune hydraulique sur laquelle est envisagée l’extraction de sable est en effet un habitat privilégié de vie marine et en particulier du lançon. D’après les pêcheurs professionnels, c’est le principal site de la région dans lequel ils se reproduisent et vivent. Modifier l’habitat des lançons, à la base de l’alimentation de nombreux prédateurs, en prélevant du sable et en rejetant des eaux turbides est dangereux à plusieurs titres.

  • pour la faune et notamment les oiseaux (macareux, cormorans, fous de Bassan…) qui se nourrissent de lançons mais aussi pour des espèces moins connues telles le puffin des Baléares qui séjourne en été en baie de Lannion. Compte tenu des courants, le nuage turbide s’échappera en outre vers les zones natura 2000 proches et vers les zones où se nourrissent les oiseaux de la réserve des Sept Îles.
  • pour la pêche. Le lançon est aussi la base de la chaîne alimentaire de bien d’autres poissons: le bar, le lieu jaune… La dune est également une zone où l’on trouve des poissons plats (raies, barbues…).
  • pour le tourisme et le nautisme. La plage, la plaisance et la pêche amateur, l’exploration sous marine seront desservies par une activité industrielle à quelques kilomètres des côtes et qui fonctionnera 24/24h, créera une pollution lumineuse et sonore capable de dérouter pas seulement des oiseaux migrateurs…

Le dossier est incomplet : ce projet a fait l’objet d’une enquête publique en 2010 dont les recommandations ont été remises au Préfet du Finistère dont dépend le site. Contre toute vraisemblance, à la lecture des commentaires du rapport, celui-ci a donné un avis favorable. Aucune étude de l’état initial n’a été réalisée.

Ce projet méprise l’avis des citoyens riverains. Ce projet a reçu un avis défavorable de TOUS les élus de municipalités riveraines du site envisagé ainsi qu’un avis défavorable de la Communauté d’Agglomération Lannion / Trégor. Ils souhaitent tous que toute la baie de Lannion soit classée Natura 2000.

Si vous souhaitez creuser plus profondément le sujet, en confrontant les argument pro et anti, cinq élèves de première année du Cycle Ingénieurs Civils de l’école des mines de Paris ont fait un travail remarquable, allant jusqu’à dresser un topo plutôt objectif sur la scission de(s) peuple(s) des dunes, orga locales contre le projet, suite à un dysfonctionnement de représentation (centralisme et monopole) jusqu’à l’apparition spontanée du « Grain de sable dans la machine », expression directe locale aux fonctionnement plus horizontal (oui ça fait bigrement penser aux multiples visages des opposant-e-s au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et leur diversité depuis les sages citoyen-ne-s de l’ACIPA aux plus lucidement déterminé-e-s zadistes !)
Toute l’étude est à retrouver par là : http://www.controverses-minesparistech-1.fr/~groupe5/

A (re)lire aussi l’excellent article de fond paru chez Basta! en avril dernier : « Les extractions de sable marin menacent-elles nos plages et notre littoral ? » : petit extrait révélateur :
Ailleurs dans le monde, les prélèvements de sable marin sont tels que des îles disparaissent, et que les plages sont avalées par les flots. Sorti en 2013, le documentaire de Denis Delestrac Le sable, enquête sur une disparition – http://future.arte.tv/fr/nos-plages-court-de-sable – dresse un panorama de ces problèmes que l’auteur attribue en grande partie aux ponctions sauvages effectuées pour approvisionner le secteur du BTP, notamment en Asie et dans la péninsule Arabique [4]. Les entreprises françaises qui interviennent dans ces parties du monde parviennent-elles à échapper à ce trafic ? D ’où vient le sable des usines des centrales à béton que Lafarge détient en Chine ? Comment Vinci et Bouygues s’approvisionnent-elles en granulats pour la construction des infrastructures de la Coupe du monde 2022 au Qatar ? Aucune de ces entreprises n’a donné suite aux sollicitations de Basta ! sur ces questions. La situation française n’a « rien à voir » avec ces régions du monde où l’on pille du sable directement sur les plages, ou à proximité immédiate de la côte, estime Eric Chaumillon. Mais « il faut rester prudent, le système côtier français étant globalement déficitaire ».

Petits grains de sables contre grosse entreprises pyramidales, nous savons tou-te-s ce qu’il en est : sans notre vigilance, notre détermination et notre refus à nous fondre en elles, la finance dévorera le monde.

Appel de tou-te-s les opposant-e-s, historiques ou de la dernière pluie, locaux ou solidaires, sages et malices, avec tout ce qu’iel va trouver pour faire du bruit : tambours, casseroles, cornes de brumes, cloches etc….
à 11H ce dimanche 11 septembre, place du Centre à LANNION :
MANIFESTATION contre l’extraction de sable !
Roullier dégage, résistance et sabordage !

Pour celles et ceux qui ne peuvent se déplacer :

Sites ouaib des peuple(s) des dunes locaux :

  • Le Peuple des Dunes en Trégor : http://peupledesdunesentregor.com/
  • Le Peuple des Dunes de Batz à Bhréhat : http://www.peupledesdunes22.fr/
  • (hélas pas trouvé de blog pour les « Grains de sables » mais apparemment iels s’expriment dès que nécessaire sur Brest.mediaslibres.info !)
  • ((c’est volontairement qu’il n’y a pas les liens vers les réseaux sociaux des assos. en effet, mettre à jour plus facilement ces outils que des automedias ou medias libres revient à choisir Roullier, indirectement…))