L’article de Libé : http://www.liberation.fr/france/2016/06/05/un-manifestant-dans-le-coma-de-nouvelles-images-a-charge-contre-les-policiers_1457507

Les réactions:

  • C’est limite indécent en fait…
    Valentin @Jurneveles https://twitter.com/Jurneveles/status/739579864827711488
  • Je suis sûre que les deux gentils CRS lui prodiguaient seulement les premiers soins. Ils étaient clairement mieux qualifiés que le pompier.
    https://www.facebook.com/plugins/comment_embed.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FNantes.Revoltee%2Fposts%2F1029660517070121%3Fcomment_id%3D1029671520402354

 

Revenons sur les faits.

VIDEO DIFFUSEE DANS UN PREMIER TEMPS.

https://www.youtube.com/embed/B7TtrknKfvY

On entend un bruit qui, pour les habitués des manifestations, provient de toute évidence d’une grenade de désencerclement. L’explosion fait fuir la foule composée de journalistes, manifestantes et passants. Certains et certaines protestaient pacifiquement contre l’arrestation d’un jeune homme « libérez notre camarade ». Une personne se retrouve allongée au sol (il s’agit de Romain). Réaction immédiate des personnes présentes: elles transportent le blessé à l’abri des lacrymogènes et de la police. Il est touché à la tête: on se hâte de sortir de quoi comprimer la blessure, geste indispensable de premiers secours.

VIDEO DIFFUSEE DANS UN SECOND TEMPS et évoquée dans l’article de Libé.
Nous voyons la scène au complet : l’arrestation du jeune qui provoque un rassemblement pour demander sa libération, l’explosion de la grenade, les premiers soins apportés à la victime de la grenade. Ensuite, l’arrivée du véhicule de secours (qui mettra plus de 15min à arriver, précisons le) qui prend en charge Romain, puis laisse la police monter à bord. Il démarre ensuite en trombes.

Je tiens à préciser ces quelques éléments :
1- lors d’un tel évènement sur la voie publique, il est d’usage que la police accompagne l’ambulance
2- le camion bouge, c’est normal, des personnes se déplacent à l’intérieur…
3- Oui, Romain crie. Comme on le voit, il n’a pas perdu connaissance de suite, et les secouristes l’ont de toute évidence examiné, donc touché ses blessures graves: ça fait mal.
4- Le coma peut survenir quelques minutes à quelques heures après le choc: une hémorragie met du temps à se propager et d’autres éléments médicaux entrent en compte…
5- Nous ne pouvons pas clairement infirmer ou affirmer une énième attaque physique policière sur une personne innocente, faible et sans défense.

Cet emballement autour de la présence des policiers dans le véhicule des pompiers révèle un climat de plus en plus tendu entre police et population.

Cela témoigne de la peur qui règne, de la peur que la police suscite désormais chez de plus en plus de gens. Des jeunes et moins jeunes sont confrontés quasi quotidiennement aux violences policières, et sont choqués, intimidés. Oui, le peuple a peur de la police, qui est censée le défendre. Une preuve que les actes de notre police ne correspond plus à ce pourquoi elle existe. La police ne protège plus le peuple, pour la plupart des manifestants.
C’est une première pour beaucoup, notamment pour les jeunes issu.e.s des classes moyennes. D’autres sont déjà habitué.e.s à ces violences, notamment les personnes habitant les quartiers qui depuis des années subissent de telles violences dans l’ombre. Il devient, clairement, urgent de réagir. Il était déjà urgent de réagir avant.

Les manifestant.e.s subissent désormais chaque semaine les ravages des armes de la police:

– les lacrymogènes qui étouffent (détresse respiratoire), provoquent des crises de panique, voire des vomissements quand la police nasse des manifestants (c’est-à-dire qu’elle les entoure pour les empêcher de fuir puis leur envoie en masse du gaz cs), parfois les lacrymo sont envoyées en tir tendu pour blesser/brûler (ce qui est illégal bien que courant comme pratique). Il faut savoir que l’usage de gaz lacrymogènes est interdit entre armées par des conventions internationales.
– les LBD (version améliorée du FlashBall, plus précis et plus puissant) qui crèvent les yeux (comme le mois dernier à Rennes, ce qui était loin d’être une première), qui provoquent des bleus persistants sur plusieurs semaines, cassent des os etc…
– les grenades de désencerclement, qui provoquent des blessures par les éclats envoyés dans tous les sens (peau déchiquetée etc…) et qui ont déjà tué (Rémi Fraisse qui avait les mains en l’air au moment des faits et avait pour seul tort de souhaiter défendre la nature contre un projet inutile)
– les coups de matraques sur toutes les parties du corps: les gens se font tabasser ou prennent des coups eux-mêmes, parfois alors qu’ils sont de passage près de la manif (comme cette femme enceinte qui a reçu un coup de matraque dans le ventre et a du être transportée d’urgence à l’hôpital), qu’ils n’ont rien fait (comme ce militant nantais qui se contentait de distribuer du sérum phy à des jeunes en panique après une salve de lacrymo… et a été blessé notamment à la tête par plusieurs coups violents…)
– Les « voltigeurs » réapparaissent (cette pratique avait cessé après la mort de Malik Oussekine en décembre 1986): ils se déplacent en moto à deux policiers, puis frappent au passage la foule à coups de matraque au hasard, ou envoient de la gazeuse. La semaine dernière, ce sont 5 voitures de police qui fonçaient dans la foule de manifestants à Rennes, portières ouvertes, même mode opératoire, en s’attaquant également à des journalistes de France 3 et autres ayant capturé la scène. Cela rappelle la voiture de police fonçant dans la foule à Nantes lors d’une manif il y a quelques mois: un jeune homme avait été condamné pour avoir donné un coup de pied dans le véhicule pour l’empêcher de provoquer un accident mortel ou très grave.
Cette enchaînement de « faits divers » atroces n’est que la traduction de la méthode de l’Etat qui consiste à blesser PHYSIQUEMENT pour dissuader de se révolter à nouveau.

Les coups bas pleuvent.
A chaque manifestation.

Il parait normal qu’un sentiment de méfiance (et de défiance) grandisse dans les esprits de chacun et chacune.

Voilà pourquoi il est parfaitement légitime que des personnes s’inquiètent de la présence de policiers dans l’ambulance car ceux-là tabassent, mutilent et tuent.

Il me semble cependant dangereux d’attribuer l’état de Romain aux policiers intervenus ensuite dans l’ambulance, alors qu’une explosion de grenade à hauteur de tête est bien évidemment amplement suffisante pour provoquer un coma.
Une grenade utilisée comme d’habitude par les policiers, c’est-à-dire sans suivre le protocole qui préconise de la lancer au niveau des pieds blesse et tue (d’ailleurs, au niveau des pieds, cela blesse aussi, parfois gravement).
Certains ne semblent pas avoir envie de s’avouer que la grenade qu’ils voient à chaque manif trouer les multiples couches de vêtements ou blesser ceux qui sont moins protégés peut suffire à plonger quelqu’un.e dans le coma. Pourtant si. Elle peut même tuer. Comme elle a tué Rémi Fraisse.
Certains et certaines préfèrent spéculer sur les possibles violences ayant pu être commises après le lancer de grenade sur la tête de Romain.
Je reste persuadée que celles et ceux qui relaient les discours de Libé ont cette volonté féroce de dénoncer et lutter contre les violences policières, mais s’y prennent mal.

Il me semble étrange qu’un journal tel que Libération, détenu majoritairement par deux hommes très riches issus d’une classe sociale bourgeoise (dont un franco-israëlien bien connu domicilié fiscalement en Suisse) aborde le sujet. La police est tout de même la bras armé du capitalisme… et donc des bourgeois.
En fait, l’article sème le doute sur les conséquences du lancer de grenade… ceci explique cela?

… A qui profite le doute? Aux armes de la police.

Ces réactions témoignent aussi de la confusion qui règne quant à la compréhension des méthodes employées pour mater le mouvement social.
L’Etat de Romain est souhaité par l’Etat et ses défenseurs. Il s’agit de leur tactique pour mettre fin à la révolte. L’attribuer à l’acte isolé d’un policier mal intentionné, c’est rentrer dans leur jeu. Le coma de Romain a été provoqué, comme toutes les blessures depuis le début du mouvement que l’on ne compte plus. Ce ne sont pas seulement les actes des policiers que les médias font passer pour « isolés » ou « bavures » qui doivent cesser. Cette méthode de répression du mouvement social par l’atteinte physique doit cesser. L’autodéfense populaire est plus que nécessaire.

Face aux crimes dictés par l’Etat et les bourgeois, perpétrés par la police en toute impunité grâce à la complicité de l’institution qu’ils appellent « justice », organisons nous. Riposte populaire immédiate!

« face aux abus d’la police, face aux crimes fascistes jamais non jamais, on n’baissera les bras… »

https://www.youtube.com/embed/arkmq-d-p7o

« Vous aviez le napalm, nous avions le courage.
Exister, nous n’avions pas le temps:
chacune de nos grèves réprimées dans le sang.
Nous marchions dans le sens du progrès prolétaire,
les flics ou l’armée, rien ne peut nous faire taire…
[…]
nous étions l’usine, vous étiez le profit,
vos démocraties n’étaient belles que de profil »

https://www.youtube.com/embed/01VPlO-w-Xc

Courage à Romain, soutien à ses proches.
Ce tweet m’ôte les mots de la bouche:

  • En tout cas j’espère que Romain s’en remettra, sans séquelles, et qu’il pourra nous raconter tout ça.
    Valentin (@Jurneveles) https://twitter.com/Jurneveles/status/739573852552990720