Ces nouveaux dispositifs illustrent le triomphe de la police politique, avènement permis par l’état d’urgence. Les services de renseignement peuvent à présent fabriquer des affaires de toutes pièces.

Une petite action non violente sur des distributeurs de tickets à Rennes se transforme en « commando de saboteurs », 19 militants sont arrêtés, le parquet réclame leur placement en détention. Pire, à Paris, des militants sont jetés en prison sur de simples présomptions. Les arrestations se font sans aucune preuve, aucun élément. Il faut des têtes. Quelques heures après l’incendie de voiture, on arrête 4 militants connus, désignés par la DGSI. «Leur implication dans l’incendie du véhicule n’est pas établie» avouent même les enquêteurs. L’arrestation des suspects repose uniquement les «notes blanches» des services du ministère de l’Intérieur. Tout le dispositif s’articule entre les services de renseignement et le storytelling gouvernemental. En dehors de tout cadre légal ou judiciaire.

En définitive, les services secrets peuvent aujourd’hui faire tomber n’importe qui sur de simples présomptions. Il ne s’agit pas de détails, on parle aujourd’hui de procès aux Assises. De prison à perpétuité. De vies brisées. Déplaire au ministère de l’Intérieur expose désormais à des années derrière les barreaux.

Nous avons assisté ces dernières années à la reconfiguration du maintien de l’ordre avec un armement de plus en plus violent. Nous entrons aujourd’hui de plain pied dans un nouvelle définition de la justice en France : une justice d’exception permanente, où la police surveille et punit.