Le 28 avril dernier, lors de la manifestation, un camarade a perdu un œil suite à un tir de LBD (lanceur de balles de Défense). Si ces mutilations restent plus que jamais inacceptables pour nous, elles ne sont plus suprenantes. Elles continuent de mettre en lumière la vraie nature de cette « démocratie » qui n’hésite pas à blesser irrémédiablement, voire à tuer celles et ceux qui ne se plient pas à ses normes, que ce soit dans les banlieues, les quartiers populaires, les manifestations, les ZAD… Elles font grossir la liste, déjà trop longue, des victimes des exactions policières : Zyed et Bouna en 2005, Larami et Mushin en 2007, Wissam El-Yamni en 2012, Rémi Fraisse en 2014 dont les assassins sont toujours en poste au ministère de l’intérieur, ainsi que toutes celles et ceux déjà éborgnés par des tirs de flashball ou de LBD…
Tout au long des deux derniers mois de lutte acharnée contre la loi-travail, nous avons subi à Rennes comme ailleurs les agissements de la police. Malgré les gaz, les coups de matraques, les grenades, les arrestations, nous avons pourtant refusé de rentrer tranquillement chez nous. Au contraire, nous n’avons jamais été plus soudé. Notre détermination a continué à s’affermir. Trois jours plus tard, le 1er mai, nous avons symboliquement repeint en rouge le pont où notre camarade a été éborgné. Puis nous avons occupé la Maison du Peuple, et nous l’avons transformé en lieu pour organiser la lutte. Depuis, nous la gardons grâce à un rapport de force qui a été imposé autant par la conflictualité déployée dans la rue que par le soutien et l’action de tous : syndicats, membres de l’AG de Rennes 2, de l’AG Interprofessionnelle de Rennes, de la CIP etc. La force du mouvement rennais se situe ici. Dans cette capacité qu’ont toutes les composantes de la lutte à se tenir ensemble. Cette force nous ne l’avons pas inventée, elle vient d’une attention réciproque à construire la mobilisation, à ne pas rompre les ponts entre toutes ces composantes que ce soit par le discours ou par les actes.

La manifestation du 14 mai contre les violences policières s’inscrit dans le cadre de la lutte engagée contre la loi-travail. Car c’est la police qui s’est posée comme le premier obstacle à nos actions, nous empêchant notamment de rentrer dans le centre-ville. Elle attaque sans distinction l’intégralité du cortège : les étudiants.es, les lycéens.nes, les syndicats, les partis politiques, les banderoles de défenses, les équipes médics, etc. Nous avons du apprendre à nous défendre des forces de l’ordre et ce à plusieurs niveaux. Nous avons toujours refusé la dissociation qu’elle tente de mettre en place entre les bons et les mauvais manifestants. Nous avons toujours pris soin de protéger les cortèges pour qu’ils puissent refléter toute l’hétérogénéité du mouvement. Nous avons appris à nous défendre (physiquement et juridiquement), à nous masquer, à nous soigner. Dans la rue, comme dans les AG nous nous sommes expliqués la portée politique des gestes et des actions réalisés. Ainsi, toutes les pratiques de conflictualité contre l’ordre établi utilisées pendant les mobilisations à Rennes ont été assumées, soutenues voire applaudies par la majorité du mouvement. C’est pourquoi, aujourd’hui lutter contre la loi-travail et affirmer notre refus des promesses d’existence qu’elle contient c’est aussi lutter contre la police et le gouvernement qui lui donne ses ordres. C’est là tout l’enjeu de cette manifestation du 14 mai 2016.

Pour que cette journée soit une réussite. Pour qu’elle soit un pas en avant vers la destitution de la police et la fin de l’exploitation par le travail, nous demandons à tout le monde de venir dans cet état d’esprit. Pour reprendre un mot d’ordre qui a tourné : #JoueLàCommeÀRennes.

Et au risque de se répéter, en voici la recette :
– Un cortège protégé pour éviter les arrestations et les blessés,
– Un cortège qui le temps de défiler, de se sentir, de mesurer sa force,
– Un cortège qui reste le plus largement possible compact et solidaire,
– Une grande confiance dans nos comités d’actions,

Et spécialement pour le 14, on rajoute un dress-code. On invite tout le monde à venir en rouge, couleur, qui est symboliquement propice à toutes les interprétations que vous voudrez bien en faire.
Vive la grève ! Nique la Police !

Assemblée Générale de la Maison du Peuple Occupée