Manifester, réprimé-e-s, protégé-e-s

Appel des blessés du mouvement contre la loi Travail à Rennes

Voilà plus d’un mois que nous usons de notre droit de contestation contre le projet de loi El Khomri mais que nous nous retrouvons face à une forte répression et subissons les attaques répétées de la police depuis le début de la mobilisation.

Il nous parait essentiel de rappeler qu’il n’y a pas de bons ni de mauvais manifestants à Rennes, mais une foule en colère que l’on essaie de parquer, d’orienter et de terrer afin de minimiser l’amplitude du mouvement.

Chez les blessé-e-s comme chez les inculpé-e-s, pas un profil ne se ressemble : étudiant-e-s, lycéen-e-s, syndicalistes, gens de la rue, pris pour cible aussi bien au cœur des cortèges qu’aux abords des manifestations. C’est bien le mouvement dans son ensemble, que les autorités cherchent à réprimer, et qui va passer ce vendredi 22 avril 2016 en procès dans toute son hétérogénéité.

A la veille de la première vague de procès des manifestant-e-s contre la loi Travail, le préfet se targue d’avoir établi le profil de plus de « 650 casseurs-e-s potentiels », préparant le terrain pour la charge du procureur contre les personnes interpellées.

Cette catégorisation absurde et imaginaire cherche à exploiter à des fins judiciaires nos choix d’organisation qui se sont orientés face à ce que nous subissons en manifestation. Tirs tendus de flash ball, de grenades lacrymogènes (740 sur la seule journée du 31 mars 2016) et dispersion à coups de matraques. L’équipe médicale, formée spontanément suites aux violences des forces préfectorales lors des premières manifestations, a constaté un minimum de 145 blessé-e-s dont 30 graves (sur les manifestations des 31 mars et 9 avril 2016).

Nous revendiquons et nous appelons au droit de nous protéger les yeux avec des masques de piscines, de se recouvrir le visage de foulards imbibés de solutions contre les gaz, et de recouvrir le dessus de nos crânes avec des capuches ou des casques, également revendiqué pars SUD-PTT.

Parce que nous ne sommes pas des martyr-e-s, nous refusons de subir les traumas crâniens, de perdre un œil, d’être défiguré-e-s ou bien matraqué-e-s au nom des stratégies de maintien de l’ordre de la préfecture. Car si la violence des forces de l’ordre a marqué les corps, c’est avant tout les esprits qu’ils cherchent à frapper : terroriser, dégoutter et dissocier les manifestant-e-s qui défient un pouvoir déterminé à faire passer en force une loi socialement et politiquement inacceptable.

Malgré les coups et les blessures, nous refusons de céder à la peur et aux tentatives de divisions que les autorités policières et judiciaires cherchent à répandre au sein du mouvement.

Nous appelons à soutenir tous-tes les inculpé-e-s, et à se rassembler ce vendredi 22 avril 2016 à 13h devant la cité judiciaire pour réaffirmer notre détermination face à cette répression, pour poursuivre la lutte contre les décisions de notre gouvernement, et ce, dans les universités, les lycées, les entreprises et plus que jamais dans la rue.

Soutenu et signé par :

Ninog (matraquée aux fesses et aux cuisses)

Maéva (matraquée à la tête, aux fesses, aux cuisses, au dos, au bras).

Florentin (Blessé deux fois par flash ball à la jambe)

Florian (matraqué à la cheville)

Tanguy (flash ball dans le ventre)

Camille (flash ball près de l’oeil)

Aurélien (matraqué à la tête et tir tendu de grenade dans le tibia)

Louise (matraquée à l’épaule, fracture de l’omoplate)

Babacar (flash ball dans le tibia)

Tom (matraqué dans le dos)

Antoine (matraqué à la cuisse et au poignet)

Malo (flash ball dans la poitrine)

Glenn (flash ball près de l’oeil)

Vlad (flash ball dans le pied)

Camille (matraqué à la tête)

Maude (flash ball à la cuisse et matraquée à la tête et dos)