De nouveaux citoyens-relais :
les agents de sécurité et la présidence de l’université de Caen jouent à la police

Le 12 avril : la police sur le campus pénètre dans un local syndical.
Ce matin, à 8h30, des membres de l’Assemblée Générale de Lutte contre la loi travail ont cherché à occuper un amphithéâtre pour mener l’assemblée générale prévue aujourd’hui à 10h. L’absence de possibilité d’accéder librement à des amphithéâtres et le renfort des contrôles par les agents de sécurité à l’égard des étudiant-e-s, du public et du personnel observés depuis un mois maintenant, obligent les opposant-e-s à la loi à un jeu du « chat et de la souris » afin de pouvoir se saisir d’un lieu de réunion.
Ce matin, vers 8h30, deux militant-e-s se sont installé-e-s dans l’amphithéâtre Poincaré du bâtiment Sciences. L’un reste seul pendant que l’autre va avertir le reste du groupe. Madame Hauchard-Seguin (Directrice Générale des Services) et M. Kervadec (Vice-Président) entrent dans l’amphi et constatent l’occupation et proposent l’amphi Laplace. Pendant ce temps, les équipes de sécurité empêchent l’entrée d’autres opposant-e-s qui ne savent pas ce qu’il advient de leur camarade syndicaliste étudiant isolé avec la hiérarchie de l’université. Le ton commence à monter entre un oppsoant et les agents de sécurité (l’opposant se met face à la porte, dos aux agents et avec ses mains contre la porte repousse les agents). Il se fait agripper, répond à son tour, ça s’attrape et se bouscule. Les autres opposant-e-s soutiennent leur camarade, un jeune (17 ans) se prend une claque par un agent de sécurité. À l’intérieur, entendant simplement du bruit à l’extérieur, sans constater les faits, M. Kervadec demande à Mme Hauchard-Seguin d’appeler la police, et celle-ci guide les forces de l’ordre par téléphone. Le camarade prévient les autres de l’intervention des forces de l’ordre. Les opposant-e-s partent groupés et s’installent sur les marches de la MRSH. Certains, syndiqués, partent tirer des tracts dans leur local syndical de SL Caen-Solidaires Etudiant-e-s en annexe droit. Quatre personnes se chargent de l’impression.
Quatre policiers de la brigade d’intervention de la police nationale, casqués, boucliers à la main, entrent dans le local. Les militant-e-s surpris de voir une intervention policière commandée par la Présidence sur le campus et qui plus est dans un local syndical, font preuve de sang-froid et entament le dialogue. Un agent de la sécurité désigne un militant. La police tente d’isoler le militant, les autres s’y opposent. La police légitime son intervention : « votre local appartient à l’université donc si l’université est d’accord on intervient ». Les agents contrôlent les quatre personnes. La police use de l’humour pour menacer « de toute façon, on se voit à 14h au phénix », etc.
La personne visée au départ n’est plus étudiante mais participe aux rassemblements et aux assemblées qui sont ouvertes aux précaires, aux chomeur-se-s, aux retraité-e-s et aux salarié-e-s. La police lui a déclaré qu’il n’avait plus le droit d’accéder au campus.
L’assemblée qui s’est réunie à 10h a pris acte de cette prise de position de la présidence qui souhaite par tous les moyens travailler au retour à la normale, notamment par communiqués de presse mensongers. À 13h15 des poubelles ont été éventrées devant la présidence.


31 mars : la présidence a pris parti

Il faut noter qu’outre la présence de la BAC sur le Campus (https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/010416/repression-policiere-caen-retranche ) que l’université nie encore, la fraiche et nouvelle présidence incarné par Pierre Denise travaille au mensonge. Suite à l’occupation du bâtiment lettres qui arrivait à terme le 31 mars, un état des lieux a été fait entre les occupants et les services d’hygiène et de sécurité de l’université (vers 10h30). Aucuns dégâts majeurs constatés, si ce n’est de nouveaux graffitis. Les occupant-e-s ont rejoint la manifestation. Entre temps, la bibliothèque (qui avait été inspectée avant où rien n’était à noter) a été saccagé : une étagère renversée, un portique cassé, des livres jetés. Les occupants ont tout de suite fait un communiqué dénonçant ce saccage qui, au-delà de la bibliothèque (où les dégâts ont été relativisé par les personnels), a notamment touché les affaires des occupants : nourriture détruite, matelas aspergés, matériel cassé (cafetière, micro-onde, etc). La Présidence s’est empressée de cette affaire pour écrire un communiqué farfelu dans lequel les occupant-e-s sont mis en cause, comme si ceux-ci et celles-ci seraient allé-e-s jusqu’à mettre leurs propres affaires à sac. Qui que soient les responsables, les responsables de l’immobilier, les VP, accueillaient sourire aux lèvres les journalistes (source de personnels présents sur place). Pendant ce temps, les affaires des occupant-e-s ont été vidées dans une benne puis aspergées de javel.
L’annonce des dommages par la Présidence est de 30 000 euro. Bizarrement, 200 tags auraient été fait dans cette seule nuit d’occupation. Cela devait faire alors depuis 2007 que les technocrates de l’université de Caen n’avaient pas mis les pieds dans ce bâtiment particulier, puisque les graffitis y subsistent depuis 2007, voir pour certains depuis le mouvement de 2003. Encore du travail de désinformation. Les murs ont été repeints, stratégie de la terre brûlée qui permet de laisser croire qu’il ne se passe rien, qu’il ne s’est rien passé, qu’il ne se passera plus jamais rien. À noter, ce bâtiment ferme en juin pour quatre ans de travaux. L’université avait-elle besoin de repeindre les murs d’un bâtiment ouvert seulement pour deux mois encore ?

La lutte qui se mène est politique. Comme toute politique, elle trace les frontières entre les amis et les ennemis. La Présidence a choisi son camp. L’Assemblée, visiblement, a pris acte. Le nouveau préfet de police de l’Université de Caen, Pierre Denise, commence sa mandature sur les chapeaux de roues. Une attitude qui agace généralement les personnes mobilisé-e-s dans un premier temps avant d’en amuser plus d’un-e : est rappelé, souvent, ce qui arriva à Marc Gontard assurant que Rennes 2 la rouge, c’était fini : https://www.youtube.com/watch?v=QK7vAaCcbPo Comme quoi, la réaction, ça sent la merde.

14 avril : Quand la Présidence sent le sapin, on fête Noël en avril
L’Assemblée Générale contre la loi travail de Caen a procédé à une action contre la présidence en représailles de ses alliances avec les forces de l’État contre le mouvement en cours. Des ballons de baudruche et des boules de Noël remplies de peintures ont été lancées sur l’entrée de la présidence. http://www.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/image-640×360/public/2016/04/14/loi-travail.peinture-projetee-sur-la-presidence-de-la-fac-caen.jpg?itok=nPe6qcGv
Ensuite, environ 200 personnes (un peu plus de 100 au départ puis les rangs ont gonflé ; chiffre ouest-rance 170) sont parties en cortège en centre-ville. Après 5 à 10 minutes, les fourgons de la brigade d’intervention se sont installés « au cul » de la manifestation et l’a suivie de près. Les opposant-e-s se sont ensuite dirigé vers le centre-ville avant de décider de remonter sur le campus au bout de 20 minutes. La police s’est déployée pour empêcher l’accès au campus. D’autres alternatives de trajets ont systématiquement été bloquées par déploiement des forces de la B.I. et par la présence de la BAC. Le message était clair, la police ne voulait pas que le cortège remonte à l’université. Le jeu a duré à peu près une heure. Suite à cela, les opposant-e-s se sont dispersées dans les rues commerçantes. Certaines personnes, présentes sur le Campus ont identifié des agents de la BAC qui n’y sont pas restés longtemps. Quand les personnes ont quitté par petits groupes les échoppes du centre-ville, des agents de la BAC circulaient dans les rues passantes. Pas d’interpellations pour l’instant.