… AVANT LA MANIF

Éviter de venir seul.e. Former des binômes et trinômes (personnes se connaissant et ayant les mêmes objectifs), si possible venir en plus grand groupe et fixer un rencard d’après-manif pour voir si tout le monde va bien et même témoigner, voir en fin d’article. La bienveillance et l’entraide entre vous seront votre force. Inutile de vous organiser “à visage découverts” sur les réseaux sociaux, ils en savent déjà beaucoup trop et renseignent beaucoup trop de monde, pas que les flics ou les “annonceurs”. N’hésitez pas à prévenir vos contacts si vous les voyez s’y mettre en danger inutilement.

Éviter d’amener agenda, carnet d’adresses, tracts et papiers compromettants. Les portables peuvent être pratiques sur le moment mais en cas d’arrestation, les policiers peuvent avoir accès à tous leur contenu, à la liste de vos appels ainsi qu’aux SMS envoyés et reçus s’ils ne sont pas bien verrouillés (vous n’êtes pas tenu-e-s de donner le code et pouvez virer la batterie en cas d’urgence). Emporter le nom ou le numéro d’un avocat et de la commission anti-répression (si elle existe).

Essayez de vous habiller de la façon la moins voyante possible et évitez de porter des vêtements trop amples. Pensez à avoir des vêtements pour le chaud comme le froid (multicouches) auxquels vous ne tenez pas trop et des chaussures confortables pour marcher longtemps, courir… et qui ne prennent pas l’eau. Une cape de pluie (ou un sac poubelle), des sacs plastiques (ça peut toujours servir). Emportez de quoi vous changer, ça peut toujours être utile pour le pire… comme le meilleur! Enfin même si c’est chouette de vouloir “témoigner à visage découvert” vous ne savez pas ce que sera votre réflexe devant une injustice. Alors un foulard, une cagoule, ça s’envisage aussi quand on est sage…

Dans un sac le plus léger possible, prenez autant d’eau que vous pouvez sans vous surcharger. Pour boire bien sûr, mais aussi pour se rincer les yeux en cas d’attaque aux gaz, ou pour nettoyer une plaie. De l’argent liquide, ça peut toujours servir. Si vous vous faites arrêter, les flics peuvent vous apporter des sandwichs en vous les faisant payer. Pour éviter les ennuis, n’oubliez pas vos papiers d’identité, mais une photocopie peut suffire. Prenez de quoi écrire: feuilles et stylos peu fragiles, mais aussi marqueurs si vous devez laisser des messages. Une lampe de poche ou frontale, des allumettes peuvent s’avérer souvent très utiles… Pensez a prendre de la nourriture. Si les actions durent des heures, il ne faut pas oublier de faire régulièrement des pauses pour grignoter. Ça permet de se calmer et de reprendre des forces. Prenez des choses énergétiques et peu fragiles (pain, chocolat, pâtes de fruit, barres de céréales…)

Trousses de secours

Il est important d’avoir toujours sur soi de quoi soigner de petites blessures, qu’elles soient le fait de la répression policière ou de simples accidents. Pensez par exemple à du sérum phy ou un produit pour les yeux, de quoi faire un pansement d’urgence si vous êtes séparéE de votre secouriste ; une bande, quelques compresses… Essayer d’avoir dans chaque groupe quelqu’un ayant des notions de secourisme, et une trousse de secours complète, avec des gants stériles, des pansements, des compresses, des bandes stériles, du coton, des antiseptiques et les médicaments classiques contre les maux de tête, les problèmes digestifs…

Juridique

Concernant les informations juridiques, avoir un nom d’avocat suffit en théorie, à demander avant toute manif pour que certain-e-s l’écrivent (sur la main, le bras) et puissent le transmettre rapidement si besoin. Pas besoin d’avoir son numéro. Pas besoin non plus d’avoir sur soi son guide du manifestant (à télécharger ici : http://www.guidedumanifestant.org ) : il est préférable de l’avoir lu et de le connaître avant, même si les commissariats sont généralement des zones où le droit des manuels ne s’applique pas. Il y a un topo plus bas en cas d’arrestation. …

PENDANT LA MANIF

Rester mobile et attentif.ve à « l’environnement » : ’’forces de l’ordre’’ (CRS, BAC, RG…), vidéosurveillance urbaine, téléphones portables, go-pro … Avec leurs caméras, les flics fichent les manifestant.e.s : se masquer le visage peut être utile. Et même si ça peut paraître amusant de fanfaronner devant les médias, ces images peuvent vous desservir longtemps. On n’ouvrira pas ici la boite de pandore des photos mais sachez que les flics utilises TOUTES les images qu’ils trouvent pour trianguler leurs données. inutile donc de leur faciliter le travail, les “traces” des manifestations sont des témoignages bien plus efficaces pour la lutte qu’une photo d’une personne en train de faire une dégradation.

La première arme de la police c’est la peur. Sirènes, fusées, grenades assourdissantes et intimidations orales sont surtout des techniques de dissuasion. Face à cela, essayer de rester le plus calme possible, même dans les mouvements de foule ; éviter de crier ou de courir inutilement (cela augmente le stress collectif). Ne pas céder à la panique… La peur est naturelle mais on peut apprendre à la canaliser (chanter ensemble, crier des slogans…).

Une charge de police dépasse rarement 50 m donc il est inutile de courir plus loin ; il vaut mieux marcher groupé.e.s et éviter de laisser des personnes isolées derrière le groupe. La BAC est là pour interpeller : ils agissent en roue libre avant de se replier derrière les lignes de CRS/GM, rester groupé.e.s face à elle, former des chaînes si nécessaire, c’est un bon moyen d’éviter les arrestations.

Les lacrymos sont souvent très localisées, il suffit de se décaler de quelques mètres pour les éviter. En cas de gazage, respirer au travers d’un tissu imbibé d’eau (attention ! si le citron fait du bien sur le coup, l’association citron+lacrymos est très nocive). Les lacrymos collent à la peau et aux tissus, il faut donc éviter de se toucher les yeux et les lèvres avec des mains ou des vêtements contaminés. Se rincer la peau avec de l’eau. Pour les yeux, le mieux est le sérum physiologique, sinon on peut utiliser de l’eau (éventuellement mélanger à du Malox). Rester toujours attentif.ve aux autres manifestant.es : l’entraide est essentielle. Si on voit une arrestation, on peut s’y opposer en agrippant la personne et en interpellant les gens autour. Mais attention, ça ne sert à rien de jouer les zorros… et de se faire serrer aussi….

EN CAS DE GARDE A VUE

La durée maximale d’un contrôle d’identité est de 4 h ; une garde-à-vue peut durer 24 h, prolongeables jusqu’à 48 h. Depuis la réforme de la GAV en 2011, il est possible d’exiger la présence d’un avocat dès le début de la GAV et pendant les interrogatoires ; il a 2 h pour arriver. Dans les faits, les flics peuvent insister pour commencer sans lui, sous prétexte qu’il n’est pas joignable, et débuter une audition. Ne pas céder sur ce point. Rester vigilant.e même en présence d’un avocat : un avocat peu soucieux de la situation vous conseillera peut-être de tout dire, ou de donner votre ADN… On vous le déconseille. L’idéal est, généralement, de ne pas répondre aux questions et refuser les comparutions immédiates. Demander à voir un médecin (si cette demande n’est pas satisfaite il y a vice de procédure… et ça fait toujours du bien de rencontrer des gens).

Il faut savoir que tout ce que vous direz lors d’une audition sera utilisé ensuite par un juge pour vous condamner. La loi n’oblige qu’à donner ses noms, date de naissance et adresse. Une des techniques policières employées est de vous inciter à reconnaître ce qui vous est reproché pour sortir plus vite de garde à vue. Accepter est un mauvais calcul.

Malgré toutes les pressions des flics on a évidemment le droit de ne rien déclarer. Attention, les flics manipulent souvent les Procès-Verbaux, il faut bien les relire avant d’éventuellement les signer. Il est quasi impossible de revenir, lors d’un procès, sur des déclarations faites au cours d’une garde à vue.

Le fichage génétique (ADN) est un grand pas vers la surveillance totale. Même si refuser de donner son ADN aux flics constitue un délit (un an de prison et 15 000 euros d’amende), les poursuites ne sont pas systématiques, et les condamnations sont souvent légères ( une amende de quelques centaines d’euros…) quand la.e prévenu.e invoque un refus du fichage génétique et est soutenu.e par des associations, syndicats… Là aussi, la Caisse de Solidarité ou – s’il y en a une – la commission « anti-répression » de votre mouvement sont là pour organiser la solidarité en cas de condamnation pour refus ADN.

En règle générale il vaut mieux demander à reporter la comparution immédiate pour préparer sa défense car les condamnations sont en moyenne plus lourdes lors de celles-ci. Il faut que vous jugiez selon la gravité des faits, le contexte de l’arrestation et les garanties de représentation (information qui prouvent que vous ne risquez pas de ne pas vous présenter à votre jugement : attestation de travail, formation, logement…) que vous pouvez fournir, on encourt alors le risque d’une détention préventive (quelques semaines). D’où l’importance aussi de préparer un dossier solide lorsque vos ami.es sont arrêté.es pour confirmer les garanties de représentation.

[ajout pour la région nantaise uniquement] Qu’est-ce que c’est que la « legal team » ? Version PDF

La legal team est une équipe, issue de la lutte contre l’aéroport de NDDL, qui a pour but de soutenir les personnes confrontées à la répression policière et judiciaire.

Concrètement, on essaie de faire de l’information sur les droits en cas de contrôle ou de garde-à-vue. On rencontre des avocats qui acceptent de défendre ces affaires avec des tarifs corrects pour diffuser leurs contacts. On accompagne les gens qui passent en procès et qui souhaitent de l’aide pour leur défense. Puis on gère la caisse de soutien, et on fait le lien avec les personnes emprisonnées.

  • En cas d’interpellation, n’hésite pas à nous prévenir pour réagir au mieux à la situation. Pour ça il existe un numéro : le 06 75 30 95 45
  • Si tu es témoin d’une interpellation, appelle ce numéro. Et donne : une description physique et vestimentaire de la personne arrêtée, ainsi que l’heure, les circonstances et le lieu de l’arrestation. Ne donne aucun nom au téléphone, ne donne aucune info sur les infractions commises (exemple : « mon ami était en train de tagguer »). Si ça ne répond pas, laisse un message avec les infos et un numéro de contact pour que l’on te rappelle plus tard.
  • Si t’es embarqué-é au poste et tu veux essayer de nous joindre, ne donne surtout pas ce numéro comme contact d’avocat car tu risques de gaspiller la seule possibilité d’appeler un-e avocat-e. Mieux vaux retenir un nom d’avocat connu de la legal team.
  • Ce numéro sert exclusivement à centraliser les infos sur les arrestations et à organiser le soutien (venir chercher les gens au poste, réagir à temps en cas de comparution immédiate, préparer la défense pour les procès…). Ne satures donc pas ce téléphone pour d’autres motifs.
  • Puis n’oublies pas de rappeler pour signaler ta sortie de garde-à-vue, ou la sortie d’un-e de tes proches. Sinon, on restera mobilisé-e-s sur l’alerte pour rien !
  • Il existe aussi une caisse de soutien qui sert à soutenir financièrement les personnes victimes de la répression, tu peux faire une demande à la legal team si t’en as besoin… ou un don, aussi c’est bien!

… APRES LA MANIF

Changer ses vêtements si nécessaire, éviter de rentrer seul.e chez soi. C’est souvent bien de trouver un moment pour discuter de la manif et de nos ressentis, et pour s’organiser pour la prochaine !

C’est chouette aussi de se regrouper pour faire des récits, témoignages directs. Les médias libres, autonomes, indépendants ou comme ils se nomment sont là pour ça, généralement avec des moyens pour protéger votre identité. Il y a une liste non exhaustive ici et localement indymedia nantes.
Pour aller plus loin sur la sécurité & internet on vous conseille, pour finir, le très complet site Security in a box

BONNES MOBILISATIONS A TOU-TE-S, SOLIDARITÉ ENTRE LES LUTTES: NOS VIES VALENT MIEUX QUE LEURS PROFITS !!!