Qui terrorise qui ?

Le gouvernement a voulu présenter cette expulsion comme « humanitaire ». L’hypocrisie de ce discours est insupportable face à la violence des destructions des lieux de vies et des formes d’auto-gestion qui ont pu se mettre en place. La Jungle n’est certes pas un idéal de vie. S’il faut participer à sa défense aux cotés de ceux et celles qui la vivent c’est d’une part parce que leurs existences et leurs perspectives sont menacées par un monde gestionnaire et un état policier. Mais aussi parce qu’elle rend possible des formes d’organisations, de rencontres, d’autonomie et d’autodétermination – que l’État qualifie comme « un lieu de dérives autogestionnaires ».

Ce qu’il se passe à Calais n’est pas un phénomène isolé ni une exception. C’est la même logique qui s’abat en France et en Europe, logique de répression et de gestion des populations, de guerre envers les personnes « indésirées », celles qui s’opposent à l’état par leur projet de vie. Nous considérons que la gestion du territoire et de ses infrastructures relèvent de la même logique que celle du contrôle des populations. Parce que le dispositif répressif et les processus d’expulsion et de refoulement des « indésirables » ne viendra pas à bout de notre volonté de choisir, de tenter, de construire notre propre vie.

Hunger strikers

A cause d’une classe politique méprisante, 9 personnes ont leurs bouches cousues, le ventre vide, prêts à se coudre les paupières et à mourir de faim. Leur déclaration :

« Nous sommes en grève de la faim parce que nous sommes partis de nos pays pour trouver des droits humains, malheureusement nous ne les trouvons pas en Europe.

A midi le 2 mars 2016, nous avons arrêter de manger et avons cousu nos lèvres. Aujourd’hui le 3 mars, deux personnes de plus ont rejoint notre action. Nous allons continuer à ne pas manger jusqu’à ce que nos demandes soient satisfaites :

que la Cour européenne des Droits de l’homme vienne nous rencontrer la fin des expulsions forcées de la jungle de Calais la fin de l’usage des gaz lacrymogènes la fin des attaques fascistes l’ouverture des frontières

On ne fait pas ça pour notre propre situation mais pour tous les réfugiés en Europe. » A Calais, une délégation de la préfecture est venue accompagnée de policiers rencontrer les personnes iraniennes en grève de la faim depuis le 2 mars et négocier l’arrêt de leur mouvement en leur offrant un hébergement, un examen accéléré de leur demande d’asile et la garantie de ne pas être renvoyés en Iran. Réponse des grévistes de la faim : nous ne faisons pas ça pour nous, nous le faisons pour toutes les personnes qui habitent le bidonville. Choc des cultures, entre la solidarité des exilés et le cynisme des autorités.

Le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et les grévistes de la faim de 2012 ont adressé un message de soutien aux grévistes de la faim de Calais. : https://zad.nadir.org/spip.php?article3682