La casse sociale est aujourd’hui le mot d’ordre principal du gouvernement. La loi El Khomri, véritable arme de la bourgeoisie, va avoir toutes les chances d’être passée par la force, contre toute l’ampleur du mouvement qui naît. N’est-ce pas ici la suite logique de la gouvernance autoritaire que nous subissions déjà_? Bienvenue en Post-Démocratie.

Le 14 novembre 2015 à minuit, la France est tombée sous le coup de l’état d’urgence. Toute une série de restrictions des libertés publiques sans que M. Tout-le-Monde ne semble s’en inquiéter. Après tout, «_quand on a rien à se reprocher_»… Pourquoi s’en faire lorsque certaines des virtualités démocratiques les plus fondamentales de la démocratie bourgeoise se trouvent soudain «suspendues»_..?

La démocratie représentative n’est qu’un mode de gestion exercé par la bourgeoisie sur l’État afin de contrôler celui-ci. Un tel système n’est rien d’autre que le meilleur moyen trouvé par la bourgeoisie pour perpétuer la domination du système capitaliste. Les libertés politiques qui l’accompagnent ne sont qu’un trompe l’œil fixé devant notre oppression en tant que prolétaires exploités, seuls créateurs des richesses.

Néanmoins, il se trouve qu’aujourd’hui ces possibilités, comme celle de manifester, obtenues après plus de deux siècles de soulèvements révolutionnaires et de mouvement ouvrier se trouvent soudain «suspendues» sans qu’on s’en émeuve.
Interdiction de manifester, assignations à résidence, perquisitions de nuit, violences policières, etc. Le conformisme et la dépolitisation règnent. Mais comment un tel silence est-il possible ..?

D’abord parce que les instances technocratiques de la bourgeoisie européenne ont ouvert la voie à un tel renoncement aux bases de la démocratie représentative, au premier titre desquels figure le crédit accordé à l’expression électorale des peuples. Dès 2005 et le «_non_» au référendum sur le traité constitutionnel européen, la classe dirigeante est passée en force. La démocratie représentative a révélé son vrai visage antidémocratique. La proclamation de l’état d’urgence et la loi El-Khomri ne sont que de nouveaux symptômes de cette Post-Démocratie, où même les faux espoirs démocratiques du XXe siècle se trouvent bafoués par les capitalistes.
Ensuite, on l’a dit, parce que les grands faiseurs d’opinion que sont les médias bourgeois ont distillé depuis des années leur propagande capitaliste, xénophobe et liberticide et que visiblement … ça marche_!

Enfin, car les grands partis de gouvernement, en collaboration étroite avec les groupes de propagande que l’on vient d’évoquer et les capitalistes, ont tout fait pour écraser l’idée même d’une possibilité d’émancipation en nous dressant le portrait cauchemardesque d’une société où l’Histoire serait arrivée à son terme.

Voilà pourquoi l’état d’urgence ne soulève pas l’indignation des masses, état d’urgence auquel se surimpose d’ailleurs_le caractère xénophobe et raciste de la police et de la gendarmerie et la présence très importante de fascistes au sein de ces institutions. Et on voit bien ce qu’il se passe lorsque l’on lâche la bride à ces individus_: leurs initiatives violentes sont dirigées vers les tenants d’un monde plus juste (syndicalistes révolutionnaires, militants écologistes, etc.) mais surtout contre ceux qu’ils identifient comme «_l’ennemi intérieur_»_: les personnes issues de l’immigration et en particulier celles de culture musulmane.
Il y a beaucoup à craindre pour l’avenir lorsque l’on voit de quoi sont capables ces soi-disant forces de l’ordre sous un gouvernement soi-disant socialiste_: quelles armes leur donne-t-on aujourd’hui alors que les fascistes sont près à prendre le pouvoir_demain_?
Pour toutes ces raisons, nous exigeons la levée immédiate de l’état d’urgence. Nous devons envisager la lutte pour son retrait, non pas comme un fin en soi mais comme un moyen de pointer l’hypocrisie de la démocratie bourgeoise et de s’acheminer vers la possibilité de son dépassement. À ce titre, nous exigeons le retrait immédiat de la loi El-Khomri sans aucune négociation avec cette bourgeoisie qui nous tue à la tâche.

Organisons nous et luttons pour mettre fin à la gouvernance autoritaire de la bourgeoise, pour reprendre nos droits face à ces lois antisociales et abolir tous les États, d’urgence ou pas.