En appeler au gouvernement et à la Constitution.
En s’adressant directement au chef du gouvernement pour lui demander (avec les formules polies et officielles qui s’imposent, genre « Monsieur le président de la République ») la déchéance de nationalité, les sept signataires ne font rien de moins que légitimer, reconnaître et accepter son pouvoir. Tout aussi débile que de se déclarer anticlérical et/ou athée et aller réclamer l’apostasie au pape…
Et le lol redouble quand ils écrivent : « Comme nous le permet encore la Constitution, nous nous déclarons en situation d’insurrection. » Perso, je m’en remets pas de cette phrase. On dirait les frappadingues « ni droite-ni gauche » de Jour De Colère.

Confondre anarchisme et altermondialisme.
« Nous autres, Français de hasard, ne voulons plus être français tant que vous incarnerez cette idée de la France. » ajoutent-ils. Ah ? Donc si le président redevient gentil, nos sept anars veulent bien être français à nouveau, et donc reconnaître les notions d’Etat et de nation ? Prenons sur nous et continuons la lecture : « Par la présente, nous vous informons également de notre volonté de créer dans les plus brefs délais une carte d’identité et un passeport de citoyen du monde. » Là, Hollande doit flipper sa race ! Un peu comme l’Europe qui tremble devant les monnaies locales que créent les écolos alternatibesques… Et puis bon, sérieusement, des papiers ça reste des papiers, un moyen de contrôler la ou les populations, que ce soit à un niveau national ou mondial. Quant au concept de citoyen, c’est une saloperie de fait, impliquant droits (un peu) mais surtout devoirs (beaucoup). Là aussi, faire passer la citoyenneté d’un statut national à mondial ne nous privera pas moins de libertés. Je passe sur le déni complet des nombreux réfugiés étrangers pour qui obtenir des papiers français équivaut à sauver sa peau.

La solidarité « entre-nous ».
Quand ils écrivent « vous êtes en train de mettre en place un arsenal juridique démagogue qui assigne aujourd’hui à résidence des écolos et des syndicalistes », nos anars-citoyens avouent que ce qui les chagrine dans le renforcement de la répression depuis la mise en place de l’état d’urgence, c’est que celle-ci puisse les atteindre. Relisez bien leur lettre : pas un mot sur les principales victimes, c’est à dire toutes les personnes qui correspondent à la définition biaisée et caricaturale que se fait l’Etat du mot musulman. Non, nos signataires n’ont peur que pour leurs petites gueules affinitaires.

La conclusion vaut également son pesant de cacahuètes : « Monsieur le président, prévenez vos gens d’armes, que nous serons lourdement armés de ces armes de destruction massive que sont l’intelligence, la non-violence, l’honneur et… l’humour. Et que nous n’hésiterons pas à tirer ! Avec ces armes là ! ». Rappelons-nous qu’un peu plus haut dans leur texte, les gars ont affirmé être désormais en « situation d’insurrection ». Souvenons-nous donc de tous les communards non-violents, des clowns makhnovistes ou des humoristes espagnols de 36… Et j’hallucine d’ailleurs un peu de ce choix du mot « non-violence » en lieu et place de pacifisme, ce dernier n’excluant absolument pas un usage légitime de la violence de notre part (et là je parle de notre classe, pas du fait d’être encarté à tel syndicat ou telle orga libertaire).

L’anarchie n’est pas qu’un mot.
Je vois déjà les contradicteurs : « Tu te prends pour qui ? T’es le gardien de l’anarchie ? Il faut passer un examen pour obtenir un diplôme d’anarchiste ? », etc.

Effectivement, pas d’exams, pas de diplôme (quoi que chez certains…), mais c’est pas non plus la foire du nawak où il suffit de se prétendre anar pour l’être ; l’anarchie n’est pas la poubelle de tous ceux qui, trop pleutres pour choisir leur camp, ne trouvent rien de mieux à faire que de s’affirmer anar ou libertaire. L’anarchie n’est pas la salle d’attente des indécis ni un mot qui flotte dans le vide. Être anarchiste c’est adhérer à des principes, des pratiques, à un projet de société. Ce dernier point n’étant pas le moins important.

Dans cette lettre ouverte, la démarche des signataires n’a rien d’anarchiste. Elle s’inscrit dans les modes d’actions des Indignés et autres mouvements citoyennistes qui s’accommodent parfaitement du capitalisme en espérant simplement (et naïvement) pouvoir le rendre meilleur. Libres à eux de faire ce que bon leur semble, mais qu’ils n’y collent pas la notion d’anarchisme.

On a déjà assez à faire avec Onfray qui se prétend libertaire.

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Pour info, les sept signataires (dont le responsable des Editions Libertaires, rattachées à la Fédération Anarchiste) se sont trouvé pour nom F.T.P. (sic, voire sick) pour Francs Tireurs Partisans d’une citoyenneté mondiale. Ils reprennent donc le nom d’une orga communiste qui, pendant la résistance, ne s’est pas trop posé la question de la non-violence…

Et ça me fait vraiment peine de voir leur lettre relayée sans critique aucune par des sites anars…

Et je m’accroche à ma colère pour éviter de baisser définitivement les bras.