Le ministère de l’Intérieur fait la distinction entre ce qu’il appelle “les manifestants de bonne foi” et les autres. Sa police a mis en oeuvre
cette politique en procédant à un tri arbitraire parmi ceux qu’elle avait enfermé dans des nasses ou qu’elle contrôlait, au hasard des rues et des stations de métro, dans le secteur de République, de Colonel Fabien ou de Barbès.

Question de look, de regards, de sale gueule ? On ne saura pas ce qui a inspiré les cerbères de Cazeneuve. Mais ce qui est certain, c’est que le motif de la plupart de ces gardes à vue (le fait sans être porteur d’une arme de “continuer volontairement à participer à un attroupement après les sommations”) aurait pu s’appliquer à n’importe quelle personne qui se trouvait aujourd’hui dans les rues que l’état d’urgence a décidé d’interdire.

Par ailleurs, hier et aujourd’hui, plusieurs étrangers munis de papiers en régle, ressortissants de l’Union Européenne et autres, ont été placés en centre de rétention après un banal contrôle d’identité sous pretexte qu’ils ressemblent à des gens prêts à contester le discours écocitoyen sur la COP 21. Ils sont à présent menacés d’expulsion.

Témoignage sur les interpellations sur la place de la République

“Vers 16 h 30, nous étions place de la République, qui tout à coup a commencé à être encerclée par les forces de l’ordre et arrosée de gaz lacrymos. Nous n’avons eu alors aucun moyen de sortir de la place. En quelques minutes, le cercle s’est resseré dans une nasse étroite, comme des sardines en boite, à deux cent, trois cent côté Boulevard Magenta. A partir de ce moment là, les forces de l’ordre se sont mises à “picorer” une à deux personnes à la fois, et ce jusqu’à 19 h 00 minimum. Ils ont rempli dabord trois petits fourgons blancs sans vitres, puis trois bus complets, tandis que le reste du groupe manifestait son soutien avec des slogans, des chansons et des actions symboliques : par exemple, quelqu’un est monté jusqu’en haut d’un arbre avec un drapeau de la paix multicolore.
Après trois heures de ce régime là, ils ont ouvert deux couloirs qui ont permis à certains de sortir après fouilles et palpations.”