D’abord on a su dimanche matin que plus d’une centaine de gendarmes avaient intercepté le convoi de l’ouest pour lui signifier qu’il ne parviendrait jamais en Île-de-France et que les participants qui outrepasseraient cette interdiction totalement arbitraire de territoire s’exposeraient à des poursuites afférentes à la loi d’état d’urgence (6 mois de prison et 7500 euros d’amende).

Lundi en journée on a ensuite appris que la gendarmerie avait prévenu la commune de Villers-le-Bâcle que le plateau de Saclay allait entièrement mis sous contrôlé policier avec des barrages filtrants à chaque issue, pour s’assurer que ne rentrent que les personnes politiquement admissibles.

Puis lundi soir on apprend enfin que la sous-préfecture a décidé de transformer les abords du commissariat à l’énergie atomique en Zone de Sécurité Prioritaire (incluant la commune de Villers-le-Bâcle, lieu de rendez des convois, bien entendu). Jusqu’à présent les ZSP, dont le cadre légal est bien difficile à trouver, étaient réservées aux quartiers populaires et se manifestent sous la forme d’une omniprésence policière. À présent, dans l’état d’urgence, chaque bout de territoire peut devenir ZSP et justifier des contrôles à tout-va sur simple décision du ministère de l’intérieur.

Et ce matin on nous fait suivre ce mail sympathique envoyé aux personnels du campus Supélec sur le plateau de Saclay, qui met à disposition un contact de délation des « comportements et actions suspectes » :

« La ville de Paris et l’ensemble de la région Ile de France accueilleront du 30 novembre au 11 décembre 2015 un événement d’ampleur internationale, la COP 21, dont le maintien à l’ordre du jour a été décidé.
Cet événement rassemblera de nombreuses délégations et sera le théâtre de multiples évènements. Compte tenu de l’état d’urgence décrété dans le pays, les manifestations de grande ampleur ont été annulées ; néanmoins, il faut s’attendre à ce que certaines manifestations hostiles à la tenue et aux objectifs de la COP21 soient organisées ponctuellement.

Le Plateau de Saclay sera particulièrement concerné en ce que plusieurs mouvements de contestation ont décidé d’en faire leur base de convergence et de repli, en marge des manifestations parisiennes. Cette contestation peut revêtir des actions violentes et s’enraciner pour une longue durée sur les zones choisies alors appelées « zones à défendre » (ZAD). Aussi, les pouvoirs publics ont-ils dû prendre en compte les considérations d’ordre public qu’engendrera cet état de fait, en lien avec les responsables des établissements et des nombreux chantiers en cours sur ce territoire.

Pour ce qui concerne les accès au Plateau du Moulon, les forces de police et de gendarmerie renforceront leur dispositif de surveillance, avec des barrages filtrants qui pourront impacter fortement la circulation. Les
étudiants et personnels travaillant dans nos bâtiments de Gif et/ou résidant sur l’ensemble du campus devront faire preuve de patience vis-à-vis des policiers et gendarmes déjà fortement mobilisés depuis les
attentats du 13 novembre. De nouvelles perturbations sont donc encore, malheureusement, prévisibles.

Pour ce qui concerne notre campus CentraleSupélec de Gif, incluant le bâtiment principal, le laboratoire GeePs et les résidences Césal des étudiants, la plus extrême vigilance devra être observée vis-à-vis des comportements et actions suspects, même anodins, observés à proximité et au sein de son périmètre.
Les personnels et étudiants sont ainsi invités à alerter directement les forces de police (appel du 17) sur toute action douteuse ou modification notable dans leur paysage habituel. Ils compléteront leur signalement par
mail à l’adresse e-mail suivante : vigilance.campus@centralesupelec.fr

Les services techniques de l’établissement procéderont à des rondes d’inspection régulières des extérieurs du campus.
Des informations complémentaires avec mise à jour de nos consignes seront diffusées au fur et à mesure de l’évolution de la situation telle qu’elle nous sera précisée par la Préfecture de l’Essonne.

Pour ce qui concerne les chantiers de construction des bâtiments A et B, les moyens de surveillance propres au chantier seront renforcés ; le concours des établissements limitrophes (IUT, IBP) selon les dispositifs de
surveillance qui seront déployés
à leur niveau, sera sollicité dans un souci d’un meilleur quadrillage de la zone. »

Voilà qui présente la COP21 et les 3 mois d’état d’urgence à venir sous de bons hospices …