Créée en 2012, Foodsharing est une organisation présente dans l’espace germanophone qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Gérée exclusivement par des bénévoles et sans échange d’argent, l’initiative s’organise autour d’un site internet qui met en relation des individu-e-s désireux d’arrêter de jeter la moitié de la nourriture produite dans la poubelle. Les Foodsavers s’organisent par le biais d’une plate-forme internet libre et gratuite.

Les chiffres fournis par la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations) foutent les boules : sur les 4 milliards de tonnes de nourriture produite par an dans le monde, 1,3 milliard aterrit dans la poubelle. 42% des déchets sont produits par nous les consommateurs ; 39% sont jetés au cours des différentes étapes de la production alimentaire (surpêche, calibrage des légumes…) ; et 19% par les supermarchés et la restauration. Foodsharing se bat sur tous ces fronts à la fois.

D’une part, l’organisation permet d’ouvrir vos frigos à des inconnus afin d’empêcher qu’ils deviennet des tombeaux et à partager la nourriture que vous ne mangerez pas. Dimitri a une boîte d’oeufs dans le frigo mais veut partir camper en Auvergne pour quelques jours, il est très embêté. Que faire? Par chance, Morgane habite à trois rues d’ici et veut faire un tiramisù. Dimitri met ses oeufs à disposition sur la plate-forme Foodsharing, Morgane vient récupérer les oeufs, et hop! l’affaire est dans le sac.

D’autre part, des actions sont organisées pour sauver les aliments directement chez le producteur. Le fermier du coin a des concombres tordus et des patates trop petites qu’il aura du mal à vendre sur le marché : une armée de Foodsavers vient à leur rescousse.

Enfin, là où les Foodsavers sont les plus actifs, c’est par la récupération des aliments dans les supermarchés, épiceries, boulangeries, restaurants, stations-essence, partout où des aliments sont en surplus. Au contraire du « dumpster-diving » (glanage alimentaire), l’idée nouvelle de Foosharing, c’est la coopération des bénévoles avec les magasins, grâce à laquelle les aliments invendus sont sauvés avant même de passer par la case poubelle. Gain de temps et d’énergie. C’est avant tout un travail que l’on fait avec les commerçants et pas contre les grands méchants capitalistes. L’opposition binaire manichéenne commerçants/glaneurs n’a pas toujours lieu d’être, et c’est plus efficace de saisir le problème à bras-le-corps collectivement. Avec l’émergence de ce concept-là, il devient clair que chacun est concerné par le gaspillage alimentaire, autant le consommateur que le revendeur, lui-même consterné de devoir légalement jeter chaque soir ses propres produits en quantités grotesques.

La loi française du 21 Mai 2015 interdit le gaspillage dans les supermarchés d’une surface de plus de 500m², et imposent que les aliments invendus soient donnés à des organisations caritatives. Législativement, pourquoi pas, mais en pratique cette mesure sera difficile à appliquer, car les associations caritatives ont une capacité limitée et ne disposent pas d’assez de moyens actuellement pour s’occuper de tout ça (réfrigérateurs, camions, personnel…). Il faut ajouter que tous les gens dans le besoin ne se tournent pas systématiquement vers ces organisations ; celles-ci ont un réseau de bénéficiaires défini, et n’écouleront pas cette nourriture qui lui tombent subitement dans les bras. Les associations comme les Restos du Coeur sont actuellement déjà parfois submergés par l’offre et refusent certains partenariats…

Ainsi, il est plus que temps d’imiter nos voisins allemands et de développer des Foodsharings dans les villes françaises. Jusqu’à ce qu’une ou des plates-formes internet soit créée(s) pour la France, ces Foodsharings peuvent s’organiser par l’intermédiaire de réseaux sociaux, etherpads, ou autres. Si vous avez envie de démarrer une initiative similaire, et que vous avez des questions ou envie de discuter, hésitez pas à envoyer un mail!

Alors, des volontaires? :-)