Ces interventions répétées ne sont pas à prendre à la légère, d’autant plus si elles ne trouvent pas de réponses en face.
Il apparaît de plus en plus important que le mouvement dans son ensemble s’organise pour montrer de nouveau sa détermination à ce que le démarrage des travaux ne soit pas possible et fasse valoir dans un premier temps que le gouvernement (accords/verts PS aux municipales) s’était engagé à attendre l’épuisement de tous les recours” et donc les éventuels passages en appels, avant de démarrer les travaux.

Pour plus de précisions à ce sujets, voici un mail d’analyse envoyé il ya deux semaines lors des précédentes déclarations de Valls :

Ce matin encore, à Nantes, Valls a affirmé que l’aéroport de notre dame des landes serait fait. Pour s’en donner la possibilité, il a marqué une nouvelle fois sa volonté de diviser le mouvement, pointant du doigt une minorité violente, celle qui a commis l’affront de manifester dans la rue suite au meurtre de rémi fraisse, dans des circonstances qui ne peuvent que toucher n’importe qui ayant dû faire face à la police lors des expulsions à Notre dame des landes. Il ajoute “qu’il ne confond pas” cette minorité “avec ceux qui sont opposés à ce projet”. C’est ce qui s’appelle préparer le terrain puisqu’il sait qu’il serait beaucoup trop risqué d’agir sans être parvenu à créer une brèche conséquente entre les opposant-e-s.

Il n’y a rien de très nouveau là-dedans, mais on peut voir que certains mettent une vigueur renouvelée depuis quelques semaines à tenter de creuser cette brèche, avec tout le relais médiatique nécessaire.

La dépêche de 20 minutes mentionne d’ailleurs que “Plus tard, à la mairie de Nantes notamment, le Premier ministre a également confié, de manière informelle, sa détermination à procéder à l’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, même s’il reconnait que ça ne sera pas facile, dès lors que les décisions de justice permettraient le démarrage des travaux de l’aéroport.”

En ce qui concerne les “fameuses décisions de justice” qu’il leur faudrait encore attendre pour démarrer les travaux? Le premier ministre dit : «Le Conseil d’Etat a rendu vendredi dernier une importante décision rejetant les pourvois formés contre les expropriations nécessaires au projet, a-t-il poursuivi. Les décisions au titre de la loi sur l’eau et des espèces protégées doivent être rendues dans les premières semaines de l’année 2015.» Les dépêches mentionnent toutes que les travaux pourraient donc commencer après. Cela fait plusieurs fois ces derniers mois que ces échéances et cette interprétation qui est celle des pro-aéroports est donnée dans les médias, sans que cela soit tellement remis en cause par les opposants.

Les déclarations d’ayrault, confirmées et enterrinées par les accords vert-ps pris lors des municipales stipulent : “Nous prenons acte ensemble de l’orientation du gouvernement de ne pas débuter les travaux avant l’épuisement de tous les recours juridiques actuellement déposés.”. On peut et devrait pourtant interpréter l'”épuisement de tous les recours” comme incluant de manière suspensive les appels possible (ce qui implique potentiellement des délais d’environ un an pour le premier appel puis d’encore 1 an devant le conseil d’Etat).

Ne serait-il pas nécessaire de faire valoir visiblement cette interprétation pour ne pas perdre la bataille politicio-médiatique engagée par les pros pour imposer leur propre grille de lecture ?

On peut évidemment douter que le gouvernement soit prêt à se lancer dans un nouvelle attaque de la zad de nnddl et qu’il ose démarrer les travaux sans s’être débarrasser préalablement du “kyste”, d’autant plus après la mort de rémi Fraisse. Pourtant, on ne doit sans doute se croire trop prémunis de la possibilité qu’il décide de tenter le tout pour le tout dans des circonstances où la pression patronale augmente et le potentiel contagieux de nddl se concrétise et avive la peur que beaucoup de leur projets destructeurs puissent être enrayés. On peut estimer qu’en cette affaire le gouvernement navigue à vue attentif aux possibilités de fragiliser le mouvement et à la possibilité concomittante, en fonction du contexte, de relancer la construction de l’aéroport. Dans les mois à venir, il semble à ce titre important de trouver les moyens de rappeler à Valls que la résistance déterminée à laquelle il aura à faire si il revient sur le terrain, ne sera celle d'”une minorité”, mais bel et bien de tout ceux qui sont opposés au projet.