« Dans la nuit de samedi à dimanche, je me trouvais tout près du chantier, dans un endroit surplombant les affrontements entre des opposants du barrage du Testet et les gendarmes mobiles (GM). Dans l’obscurité, seuls les phares de trois véhicules des forces de l’ordre et quelques-uns de leurs spots éclairaient la zone où ils étaient retranchés.

Vers 2 heures, j’ai vu l’explosion d’une grenade explosive à environ 30 mètres du portail où se situait le camp des gendarmes mobiles, positionnés sur le parking du chantier. C’est la seule explosion que j’ai vu aussi près de la position des GM – les autres grenades explosives ayant jusqu’alors été tirées sur des groupes de manifestants bien plus loin de leur position.

Quelques instants après, les gendarmes ont tiré d’importantes salves de gaz lacrymogène absolument partout autour des manifestants. Dans la densité des gaz, des projecteurs ont été braqués sur la zone où avait eu lieu l’explosion. Un groupe de GM est sorti du périmètre grillagé du chantier pour la première et unique fois de la nuit et a rapidement avancé sur une dizaine de mètre jusqu’au lieu de l’explosion de la grenade. Ils se sont rapidement repliés. Les deux derniers GM portaient un corps inerte par les bras et les jambes.
Ce mouvement des flics m’a surpris car jusqu’à ce moment là, quand des manifestants étaient blessés devant le portail, les GM autorisaient 2 personnes à venir les récupérer.

Les affrontements se sont poursuivis.
Une dizaine de minutes s’est écoulée et j’ai aperçu alors un gyrophare bleu ; c’était les pompiers. Ils sont arrivés sur la zone derrière les fourgons des GMs. Et d’un coup, c’était le blackout. Les projecteurs lumineux ont été éteint et tout le chantier a été plongé dans le noir pendant environ 20 secondes.
Puis la lumière est revenue et les pompiers sont repartis.
Les affrontements se sont ensuite poursuivis jusqu’à tard dans la nuit. »