Le Sénat a examiné, en deuxième lecture, la loi LEN (Loi de confiance dans
l’Economie Numérique), ce jeudi 8 avril en acceptant les amendements les
plus liberticides.

Il s’agit de réglementer internet pour n’en faire qu’une vaste galerie
marchande et redonner confiance ainsi aux multinationales. En interdisant
d’autre part, de fait, la diffusion d’informations indépendantes et en
empêchant définitivement l’information sur les manifs informelles (genre
stop-pub), d’échanger des fichiers, de communiquer librement…

Tous les amendements les plus liberticides ont été votés sauf ceux qui
revenaient trop chers pour les fournisseurs d’accès à mettre en place. Sous
prétexte de ne pouvoir mettre un policier devant chaque site et pour ne pas
engorger les tribunaux, les sénateurs et les députés ont inventé la
privatisation de la justice. Une justice de cow-boys et de lettres anonymes
: sur simple lettre de dénonciation, un hébergeur ou un fournisseur d’accès
sera contraint à fermer un site immédiatement à réception d’un recommandé
envoyé par n’importe qui. Une justice privée : plus besoin de passer par une
plainte, donc plus besoin d’avoir une raison valable et justifiée. Le six
coups en plastoc à la ceinture, le stylo à la main, la ramette de papiers
sur le bureau. Et au final, internet nettoyé de tous mouvements de
protestations.

Fini les appels à rassemblement pour des manifs de soutien au droit à
l’avortement, fini les appels à boycott (contre les hôtels Accor/centres de
rétention par exemple), les textes antinucléaires (financement public des
centrales EPR et bénéfices privés pour Areva), antiguerres (dénonciations de
Lagardère, Dassault). Fini les groupes informels contre les agressions
publicitaires. Fini les contributions contre les licenciements spéculatifs
(on pense à Danone, Michelins, Renault…), la dénonciation des conditions
de travail (Mac Do…), des injustices, des procès arrangés, des peines de
morts déguisés contre Action Directe (alors que le Floch Prigent ou le
génocideur Papon sont libres). Toutes les contributions qui citent ou
évoquent une marque, une personne, une association pourront être un prétexte
à fermer un site.

De fait, en matière d’information, seuls seront tolérés les articles édités
dans les journaux et collés, tel quel (sans modification), dans les sites
des médias correspondants. 90 % de la presse française appartient à des
marchands de canons, multimilliardaires et ultralibéraux. Dassault et
Lagardère. C’est la fin des sites personnels, non commerciaux et d’opinions.
Et la mise en place sur le web d’un monopole sur l’information de ces
multinationales de meurtres massifs et de propagande patronale à l’image du
monopole qu’elles exercent déjà dans la presse papiers, dans l’audiovisuel,
dans l’édition. Libé, le Monde, le Figaro, l’Huma, France-soir, la quasi
totallité de la presse régionale grand public, les hebdo, les mensuels
d’infos ou de loisirs, la TV, la radio, appartiennent ou dépendent de ces
mégafirmes vendeuses d’armes de destructions massives et de répressions
sociales (gaz lacrymo, armes non léthales…).

TF1 partout justice nul part !

Lettres de dénonciation, justice privée, répression, marchandisation
d’internet et ultralibéralisme sans contrôle. Voila la loi proposée par un
gouvernement discridité et usé, adoptée par des sénateurs dépassés, élus
grâce à un système de vote censitaire comme il y a 200 ans , et par des
députés revenchards !

Elle est pas belle la vie ! ? ?

La loi doit maintenant refaire une navette à l’assemblée nationale pour être
définitivement adoptée…

Infos : http://www.vie-privee.org/ et http://www.iris.sgdg.org/actions/len/

gilles
le 10/04/2004 à 16h01 thème : Médias
thème : Police/Justice/Prisons