Dès le début d’après-midi, la salle de comparution immédiate du Tribunal de Grande Instance de Nantes est bondée.

Des journaliste sont venus se régaler de la répression qu’ils ont complaisamment attisée contre les manifestant-e-s.

La Justice, à grand renfort de couverture médiatique, a décidé de s’acharner contre les manifestants perquisitionnés et arrêtés à Nantes au lendemain du triomphe du premier flic de France.

Les dossiers sont vides. La procureure à bien du mal à camoufler l’absence d’enquête sérieuse menées par les 30 flics spéciaux dépêchés à Nantes suite à la manifestation. La volonté de faire des exemples est évidente. Les prévenus passent en comparution immédiate, sans avoir pu préparer leur défense.

Après une parodie de procès dont les étapes sont écrites à l’avance, les peines s’abattent froidement sur les prévenus comme sur le public. Insupportables.

Une figure associative nantaise de 53 ans écope de 4 mois de prison avec sursis. Gratuitement. P. n’a pourtant aucun antécédent, à part celui de lutter pour le droit des sans abris. La peine est purement arbitraire : le prévenu est soupçonné d’avoir renvoyé vers les flics un seul des milliers de palets de lacrymogènes propulsés sur la foule à coups de lance-grenades. Puni pour avoir, à son échelle dérisoire, renvoyé la violence à l’envoyeur.

Deux jeunes manifestants, J. et G., soupçonnés d’avoir également résisté à la violence policière et pour l’un d’avoir récupéré un T-Shirt dans le local de la TAN écopent tous deux de prison ferme : 4 et 5 mois de taule. Des peines d’abattage. Il n’y a pas de mandat de dépôt pour eux.

Le coup de marteau le plus violent concerne le dernier prévenu, E., 23 ans. Militant déjà ciblé de nombreuses fois par le passé par les policiers, il est accusé d’avoir fabriqué un fumigène. Alors que la procureur requiert la lourde peine de 6 mois de taule, le Juge aux ordres décide carrément de multiplier par deux ces réquisitions déjà iniques. Il prononce 1 an de prison ferme pour E. Avec mandat de dépôt.

Perquisitionné hier matin, il part à la prison de Nantes ce soir. Les flics, évidemment présents en nombre, arborent un sourire satisfait.

La foule se met à crier de colère, à insulter les juges, la Justice. La salle est évacuée par des policiers nerveux alors que la copine et le bébé de E. sont empêché de lui glisser un dernier mot, une dernière caresse, avant qu’il soit transféré.

Une centaine de personnes défile ce soir en cortège jusqu’au centre ville en criant sa rage contre la Justice.

Pas de Justice, pas de paix !

Solidarité avec les inculpés !