Molex : solidarité et montres molles
Si nous accordons un peu de crédit (en ces temps où il devient cher) aux savants linguistes, étymologistes et scientifiques en général, une Rolex est une montre dure. Ou, pour être plus scientifiquement précis, une montre appartenant à quelqu’un qui a réussi sa vie, comme par exemple notre président élu à plus de 50% des votants. Ou encore, comme celle qu’a dû recevoir en cadeau pour cette somptueuse déclaration l’homme ayant rendu possible l’accession aux plus hautes fonctions et à un destin historique du fonctionnaire charentais et vichyssois F. Mitterrand (« tonton » pour les Alternatifs de l’époque). Nous voulons parler du grand penseur de la publicité, une activité éminemment émancipatrice pour l’humanité (tous et toutes genres confondu-e-s), Jacques Séguéla. A quoi ça sert que Ducros y se décarcasse, merde ? Molex, donc, est une entreprise qui fabrique de la « connectique automobile ». Vous ne voyez toujours pas le rapport avec la montre molle, pas de problème, et même pas besoin de cliquer quelque part. On explique. La connectique permet de fabriquer des voitures qui non seulement continueront à polluer une planète de plus en plus petite (Toulouse-Londres A-R pour 39 euros, avec hôtesse longiligne et avion tout neuf, c’est seulement pour le week-end, au quotidien faut prendre la rocade…), mais en sus, grâce aux miracles de l’électronique, tombent assez souvent en panne, et ne sont pas réparables par ces bricoleurs du dimanche, amoureux du cambouis, qui font de la concurrence illégale aux concessionnaires. La connectique supprime le peu d’autonomie qui restait au prolo capable de passer des heures sous le capot de sa 4L, ou du J7 de la copine. La connectique est une belle saloperie, comme tout ce que fabrique l’industrie depuis 200 ans. Certes, il y a pire. Quant à la montre molle, c’est une invention du peintre surréaliste, matérialiste et franquiste Salvador Dalí : elle vaut encore plus cher, sur le marché unique, qu’une Rolex. C’est pourquoi nous, travailleurs sympathisants réunis du CCI (Courons, Communistes, Internationales), Lotte Ouvrière et Nouveau Particule Anticapitaliste de l’entreprise Molex de Villemur, avons décidé de nous battre jusqu’au bout. C’est à dire jusqu’à ce que le patronat nous paie à chacun et chacune une montre molle. Ensuite, nous nous démerderons pour employer notre savoir faire légendaire et cette ingéniosité non moins réelle que le monde nous envie, pour trouver quelque part un bout de terre, pour tenter d’y reconstruire une existence digne de ce nom… Sans connectique, ni Rolex, ni autres objets bourrés d’électronique et de plus-value. Avec seulement des potagers, quelques cochons et des moutons, sans oublier Pérette et son pot au lait. La vraie vie est-elle dans les usines ?