Communiqué de presse du 30 octobre 2003
Chômeur-euse-s Heureus-e-s et Enragé-e-s
contact: c.h.e.@no-log.org

Des Chômeur-eus-e-s Heureux-se-s et Enragé-e-s occupent le Centre Communal d’Action Social à Dijon

Aujourd’hui, jeudi 30 octobre à Dijon, à 10 h du matin, a l’initiative d’AC! et de quelques autres collectifs, une trentaine d’individu-e avec banderoles, brosse à dents, tentes et duvets ont occupé le Centre Communal d’Action Sociale, pour dénoncer les réformes de l’ASS et du RMA. Cette initiative s’inscrivait dans une journée européennes d’actions coordonnées.
Parmi eux/elles, le Collectif des Chômeur-eus-e-s Heureux-se-s et Enragé-e-s était venu pour s’opposer fermement à la réforme de l’ASS, à la mise en place du Revenu Minimum d’Activité, et apporter une critique radicale du travail salarié, du productivisme capitaliste et des logiques de rentabilité. Le C.C.A.S, centre de dépots des dossiers RMI et du sécrétariat de la Commission Locale d’Insertion était interpellé en tant que relais de la gestion capitaliste de la misère et du chantage au travail précaire.
Au son des tambours et casseroles, une banderole fut hissée sur les remparts de l’institution et un camp de base installé dans le hall central. Les photocopieuses locales nous offrirent la possibilité d’informer largement les usager-es du C.C.A.S et les nombreus-e-s passant-e-s sur cette action.
A 12h nous fut servie la soupe électorale d’élu-e-s locaux-ales de gôche venus à la rencontre des occupant-e-s. Les politiques sécuritaires, anti-sociales et néo-coloniales du PS leur furent vivement rappelées. D’autre part, ils/elles refusaient obstinément, contrairement à la demande des personnes présentes, d’autoriser les employé-e-s des services à venir participer au débat. Malgré la volonté de nos interlocuteurs-trices de nous voir quitter les lieux, nous décidâmes de rester et de lancer un repas collectif.
L’après-midi fut marqué par un harcèlement constant et dynamique de policiers en civils venus nous insulter et tenter de nous mettre à dos le personnel avec qui, pour partie, des contacts plutôt positifs s’étaient créés.
Après plus de 10 heures d’occupation bruyante des locaux, des murs et de la rue, la tension montait et l’expulsion s’annonçait immminente. La fermeture au public du CCAS s’était en effet vue accompagnée de l’arrivée de fourgons de policiers et de CRS. Dans une belle tentative de récupération politique de la lutte, le Maire de dijon finit néanmoins par se déplacer avec une partie de son équipe municipale et les caméras de france 3, pour assurer les occupant-e-s de son soutien et leur faire part de vagues promesses. Il réussit semble-t-il malheureusement à amadouer une partie des personnes présentes tant et si bien que l’occupation prit fin.
Conscient-e-s pour notre part que nous n’avons rien à attendre d’un telle crapule politicienne, nous entendons bien continuer à enrayer les plans du gouvernement par de nouvelles initiatives d’actions directes et d’autonomisation du quotidien.

Vous trouverez, ci-dessous (et en fichier joint mis en page), quelques analyses, revendications et propositions des Chômeur-euse-s Heureux-se-s et Enragé-e-s dans le tract distribué en ce jour aux passant-e-s, usager-e-s et employé-es du CCAS.

R.M.A, réforme de l’ASS,
boulots de merde payés des miettes…
Refusons l’esclavage et la misère, propageons les luttes et désertions !

Les réformes en cours
Le gouvernement s’apprête a raccourcir, dès juin 2004, la durée d’obtention de l’Allocation Spcécifique de Solidarité, revenu de subsistance pour chômeur-euses longue durée. Il souhaite aussi, dès janvier 2004, transformer le RMI, charité gouvernementale généralement tout juste suffisante pour survivre dans le monde capitaliste actuel, en Revenu Minimum d’Activité. Les RMA consistent en des emplois de 20 heures par semaine dans les collectivités locales et surtout dans le privé, quasi tous frais payés par l’Etat pour les patrons. Ces mesures, fruits du culte du travail salarié et du productivisme économique, cachent tant bien que mal la volonté d’obliger quelques centaines de milliers de personnes de plus à accepter des « boulots de merde payés des miettes ». Le tout sera imposé par le harcèlement constant des services sociaux, les discours culpabilisants des média, et la menace perpétuelle, pour les esclaves rebelles ou impropres à l’emploi, de se retrouver du jour au lendemain sans rien pour vivre. Ces réformes s’inscrivent dans une logique continue de précarisation du travail salarié, de destruction des services publics et des activités vues comme insuffisament « rentables » (intermittent-e-s, petit agriculteur-ices, profs, services hospitaliers…)

Remettre en cause les formes de travail actuelles
Pourtant le travail salarié tel qu’on l’a connu pendant quelques siècles pourrait ne plus avoir lieu d’être. En effet, si l’on éradiquait les tâches nuisibles ou inutiles, la surproduction, 90% (1) des boulots salariés actuels pourraient sans doute être mis au placard. Aveuglé par la course au profit, le capitalisme s’acharne pourtant à créer sans cesse de nouveaux marchés et besoins de consommation, à tout détruire pour pouvoir reconstruire, à créer des réinsertions fictives ou des boulots qui ne servent à rien. Une logique de plus en plus absurde dans un occident où l’industrialisation, la révolution informatique et la délocalisation néo-coloniale ont proprement décimé les besoins de main d’oeuvre.
La France n’est pas en crise et croûle sous les richesses. Le dogme de la « croissance économique » a principalement servi depuis des décennies à entretenir les inégalités sociales, géopolitiques et les ferveurs nationalistes, à maintenir une compétition globale entre travailleur-euses, à créer des catastrophes écologiques, des guerres, des ghettos urbains surfliqués, à expulser de leurs terres des millions de paysans du sud. Ce « progrès » n’a fait que relayer l’oppression patriarcale et la double journée de travail des femmes ou formater de bon-nes citoyen-nes occidentaux-ales trop souvent aliéné-e-s, désespéré-e-s, égoïstes et violent-e-s. Ces boulots « productifs » sont imposés au dépend de liens sociaux, d’activités culturelles, artistiques, culinaires, écologiques, ludiques autrement nécessaires au bien être général. Mais aussi au dépend des alternatives qu’il serait primordial de mettre en place pour se nourrir construire, créer de l’énergie sans s’aliéner et détruire la planète, sans continuer à vivre sur l’esclavage des populations pauvres.

Luttes et alternatives
Les chômeur-euses et rmistes ne sont pas les fainéant-e-s que Raffarin, Seillère et consorts décrivent mais pour partie des personnes discriminées et exclues de normes de travail actuelles. D’autres sont guidées par un refus sain de se faire exploiter et d’engraisser les riches. Un certain nombre encore souhaitent emplir leur vie d’activités, mais choisies, utiles et épanouissantes… Les vrais parasites, ceux-celles qui font crever la misère au trois-quart de la population mondiale, se battent pour le pouvoir et finissent de saccager le petit bout de terre sur lequel on vit, ce sont les patron-e-s, les actionnaires, les politicien-nes et les banquier-e-s ! Qu’on se le dise, il n’y a pas de dignité à accepter l’esclavage !
Il s’agit dans l’immédiat de nous organiser collectivement pour refuser la réforme de l’ass et la transformation du rmi en rma, les « boulots de merde payés des miettes »… Cette lutte ne pourra porter ses fruits que dans le cadre d’un rapport de force qui dépasse de loin les manifestations passives et autres lobbyings politiques inoffensifs, soigneusement encadrés par des politicien-nes et syndicats solidaires du pouvoir et des patrons.
Comme de précédents mouvements de chômeurs-euses ou de salarié-es en lutte l’ont souvent efficacement montré (mouvement de 95, mouvement des chômeur-euses de 98), nous pouvons occuper les institutions, paralyser les flux et échanges marchands, déserter les lieux de travail, saboter ce qui nous opprime, créer des assemblées populaires, aller directement à la rencontre des autres, tout cela en créant et en s’amusant.
Au delà, il est aussi primordial de nous entraider et de développer localement des échanges solidaires et non-marchands. Des échanges qui permettent au chômeurs-euses, rmistes et salarié-es de s’autonomiser peu à peu et de se garantir un accès indépendant à l’alimentation, à l’énergie, au logement ou à la culture : partages de savoirs et ateliers, recyclages et auto-constructions, zones de gratuité, potagers collectifs, médias indépendants… Autant de pratiques qui, en parallèle avec nos luttes, seront à même de mettre en place une autre société.

des Chômeur-euses Heureuses et Enragées – contact : c.h.e.@no-log.org Solidarité avec les intermittent-es et toutes ceux-celles qui ne baissent pas les bras.