Alors que la liberté comme sens de la démocratie, vers lequel cheminer ensemble, est émiettée en « libertés individuelles » contrôlées et remaniées arbitrairement au nom d’un « droit à la sécurité » comme base de la liberté (une fillonnade de 2007 alors qu’il est déjà premier sinistre), le démagogisme libéral-autoritaire tente de transformer sa vieille république patriarcale en puissance de marketing politique. L’Etat se comporte comme une entreprise sur bien d’autres points depuis longtemps. Ne nourrit-il pas les mêmes ambitions.

Il n’y a bien sûr pas que le glamour du sarkozaurus (rex) pour en convaincre, les conférences de presse sans contenu inventées par Raffarin le VRP de la république, les comédies parlementaires du mercredi après-midi à la TV où des questions commandées sont posées aux ministres, toute cette raccoleuse com’ de masse héritée en droite ligne des techniques de promotions de supermarchés en têtes de gondoles, téléviseurs allumés répétant le même message en boucle, ou intervenant micro en main, audible dans tout le magasin, promettant des remises à tout-va ; des manœuvres des vendeurs d’assurances, d’aspirateurs, d’abonnements, à votre domicile… Bouygues, Dassault, Lagardère, Arnault, JC Decault, vous le rappellent également en boucle et sur tous les tons : pour eux aussi, vous le valez bien.

Tout cela, c’est l’ensemble des artifices mitonnés par les équipes de commerciaux dont regorgent apparemment les cabinets et les ministères, mais aussi les mairies, les intercom, les conseils généraux et régionaux, avec des ambitions certes beaucoup plus étendues que vous convaincre que vous avez besoin de leurs talents charlatans… Le système leur permet de les imposer tout en procurant l’impression d’en avoir produit la demande.

La citoyenneté se résorbe dans la consommation et elle est traitée comme telle par ceux qui se chargent de refourguer les droits fondamentaux aux sociétés multinationales. Cette vaste et honteuse tragi-comédie, le grand nombre pourrait la faire cesser enfin, s’il était animé d’autre chose que le souffle consumériste, cette peur de manquer du superflu et ces tristes désirs formatés et vains, entretenus par l’idée que l’individuel est le seul fondement de l’épanouissement personnel.