Certes, je ne m’attends pas à ce que sa fachistissime pomposité fasse autre chose qu’un score symbolique. La Bretagne a toujours refusé l’extrême-droite, quelle que soit la couleur de son drapeau et ce n’est pas aujourd’hui que cela va changer. Le problème c’est que ce genre de candidature fait tâche dans le paysage.

Les partis bretons ont su, depuis 1964, rejeter les nostalgiques de l’ordre nouveau dans les marges de l’espace politique où ils vivotent depuis entre messes en latin et célébrations confidentielles de la mémoire des grands anciens, en laissant, la plupart du temps, les gens sérieux s’occuper de choses sérieuses. Un travail, soit dit en passant, que les « républicains » seraient bien inspirés de faire car entre les délires conspirationnistes du Réseau Voltaire et les errements rouges-bruns d’un Alain Soral, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ont du boulot.

Il y a bien eu quelques tentatives pour sortir du ghetto – on s’en souvient d’une, made in MNR, sponsorisée par un Charlie Hebdo qu’on a connu mieux renseigné – mais elles n’ont mené nulle part. La secte montauzieresque, ayant, semble-t-il, compris que les éructations islamophobes et les marches aux flambeaux faisaient mauvais genre dans la patrie de Kofi Yamgnane a décidé de se présenter sous le nom de « Parti du Peuple Breton ». Cela ne l’empêche naturellement pas de promener ses maigres troupes d’hommages à Cadoudal en cérémonies à mémoire de Mordrel – oui, celui-là, celui que les nazis ont mis en résidence surveillée pour extrémisme – tout en se réclamant ouvertement du PNB collaborationniste (oui, je sais, la cohérence n’ayant pas vraiment été le point fort de ce groupuscule, certains de ses membres ont choisi le bon camp, mais curieusement, de ceux-là, on ne parle pas trop à Adsav.)

Il est essentiel que tous les démocrates fassent front pour démasquer d’abord, contrer ensuite, cette tentative de faire passer pour une défense de la Bretagne ce qui n’est qu’un remugle néo-fasciste. Il y a beaucoup trop à faire dans le domaine de la construction d’une identité bretonne forte et ouverte, pôle de résistance au néo-libéralisme sarkozien et socle de préparation au pic pétrolier et au changements climatiques, pour que nous puissions nous permettre de laisser une poignée de fanatiques de polluer le débat.

Ensemble, renvoyons les sectateurs de Montauzier à leurs marches en forêt, et les gens sérieux pourront continuer à s’occuper de choses sérieuses.