Action dans les librairies angevines
Publié le , Mis à jour le
Catégorie : Local
Thèmes : Avortement / IVGGenre/sexualités
Lieux : Angers
Voilà le texte que nous leur avons donné :
Bonjour,
En tant que libraires ou chargé-e-s du rayon jeunesse de votre magasin, nous vous adressons
ce courrier qui attirera toute votre attention, nous l’espérons. En cette période de fêtes, vous avez dû recevoir de nombreuses nouveautés dont certainement le « Dico des filles 2014 » publié aux
éditions Fleurus. Nous souhaitons vous alerter sur le contenu excessivement sexiste de cet ouvrage.
En effet, si de nombreux ouvrages sont maîtres dans l’art du sexisme, ce dernier pourrait obtenir une
médaille. Sans même aborder l’aspect esthétique très stéréotypé de l’ouvrage, nous avons relevé de
nombreuses entrées à ce « dictionnaire » qui nous semblent sexistes, homophobes et/ou tout
simplement erronées. Pour vous citer quelques exemples :
– Anti-Avortement : à l’entrée « avortement », nous pouvons lire à la page 107 « si la loi
permet cet acte, elle ne le rend pas pour autant juste ou moral. On peut comprendre l’utilité
de cette loi tout en réprouvant l’avortement parce qu’il porte atteinte à la vie humaine… ».
Rappelons que ce droit fondamental à la liberté des femmes a été acquis en 1975. Cette
vision très archaïque et surtout influencée par une pensée religieuse qui est celle de la
maison d’éditions, proposée à des adolescentes entre 12 et 16 ans est tout simplement
choquante et dangereuse.
– Désinformation : Il est mentionné dans ce « dictionnaire » que l’hépatite B est
transmissible par la salive (cf page 314), ce qui est faux. Nous pouvons nous demander si
cette grossière erreur relève de la méconnaissance totale du sujet ou d’un acte volontaire
dans le but d’effrayer la jeunesse vis à vis des relations amoureuses ? Les deux hypothèses
sont tout autant inquiétantes.
– Incitation au viol : De plus, il est clairement sous-entendu que si une fille se fait violer,
c’est de sa faute, elle n’avait qu’à pas embrasser son amoureux, car lui, ne comprend pas les
choses de la même manière et c’est tout à fait normal qu’il puisse faire ce qu’il veut ! (cf
p.134)
– Homophobie : Les jeunes filles à qui s’adresse le « dictionnaire » ne doivent être
qu’ hétérosexuelles, car les relations homosexuelles sont d’après lui éphémères et instables…
(cf page 205)
Nous ne vous citons que quelques exemples déjà dramatiques, sans s’attarder sur le reste des
propos sexistes très répandus et malheureusement banalisés. Cet ouvrage diffuse et entretient les
stéréotypes de genre contre lesquels nous luttons pour envisager une société qui favoriserait
l’épanouissement personnel et sexuel de chaque individu-e. Vous pouvez, pour connaître l’ampleur
de ces propos révoltants, consulter le site afin d’aller plus loin.
Nous vous demandons alors de retirer cet ouvrage très dangereux de vos rayons, ou tout du
moins de mettre en garde les potentiel-le-s acheteur-se-s de cet ouvrage. Nous vous alertons
également sur la nécessité d’être vigilent-e-s quant aux ouvrages de cette maison d’édition qui
publie parallèlement à ce dictionnaire Le dico catho où l’orientation du texte a au moins, dans cet
ouvrage, le mérite d’être clair…
.
Nous vous proposons cependant une liste non-exhaustive d’ouvrages non sexistes :
– Péronnille la chevalière de Marie Darrieussecq & Nelly Blumenthal (Albin Michel
jeunesse, 2009)
– Eloïse à Noël de Kay Thompson (Gallimard, 2004)
– L’histoire de Julie qui avait une ombre de garçon de Christian Bruel, Anne Galand, Anne
Bozellec (Edition Etre, 2009)
– Tous les livres édités par l’ édition « Les talents hauts »
– On n’est pas des poupées de Delphine Beauvois et Claire Cantais(Collection Jamais trop tôt)
– La fée sorcière de Brigitte Minne, Carll Cneut (Lutin poche, école des loisirs)
– Dans la peau d’une fille de Aline Méchin & Robert Barborini (Casterman, 2002)
– Hector l’homme extraordinairement fort de Magali le Huche (Didier Jeunesse, 2008)
– Poka et Mine, le football de Kitty Crowther (Pastel, 2010)
– Eon et le douzième dragon de Lison Goodman.
– La princesse et le dragon de Robert Munsch et Michael Martchenko
– Je veux une quiziiine de Sophie Dieuaide et Mélanie Allag
– La révolte des cocottes d’Adèle Tariel et Céline Riffard
– Dinette dans le tractopelle de Christos et Mélanie Grandgirard
– La Page de terre de La classe gagnante du concours « Libres et égaux » de 2009
– Rose praline de Gaël Aymon et Julien Castanié
– etc.
Merci de prendre en compte ce courrier,
Cordialement,
Le Collectif Émancipation, collectif anti-sexiste et anti-patriarcal angevin
Tiens ! Ca rappelle singulièrement un bouquin paru il y a une demi-douzaine d’années, tout rose lui aussi, chez Plon, éditeur historique de droite. Il était baptisé du titre attirant et fallacieux de “Manuel d’auto-défense féministe”… et apprenait en fait à se comporter “sainement”, de manière à ne pas attiser les “convoitises” de méchants très typés et exotiques, finissant sur un éblouissant chapitre d’hymne au couple et à l’amour, déclarant texto “ça y est, tu as trouvé le bon, tu peu jeter ton manuel d’auto-défense”. No comment… Il est vrai que la Domination masculine de Bourdieu finit elle aussi par ce genre de “dépassement” droit dans le coeur de la norme, tant amour, dépendance, couple, famille, sexualité, natalisme n’ont rrrrrien, mais rrrrien à voir avec le patriarcat et l’ordre économico-social qui va avec…